On se souvient du Conseiller d’Etat vaudois Mermoud, victime lui aussi d’un stress chronique qui l’a stoppé dans sa santé cardiaque, auquel seul un rôle de gestionnaire économique était laissé par ses collègues et qui avait gommé tout ce qui aurait pu ressembler à une aspérité critique non-collégiale. On voit la mise à l’écart de Legrix, harcelé et diffamé car trop loyal à son positionnement politique et idéologique.
« Je n’arrive plus à bien faire ce que l’on attend de moi »…avait soupiré le Conseiller d’Etat UDC Yvan Perrin avant de poser les plaques et soigner son burn-out (auto combustion psychosociale) en milieu spécialisé. Sa démission récente annoncée suite à une nouvelle rechute est un soulagement pour l’intéressé et un motif certain d’inquiétude pour l’opposition au politiquement correct et au « main stream » idéologique. Quelle triste aboutissement d’un processus, ressemblant à une dépersonnalisation, chez un politicien brillant, qui avait le sens de la formule qui percute, perfectionniste mais aussi tellement vulnérable avec son besoin d’être reconnu et aimé par ses adversaires.
Ils sont nombreux, à l’UDC, celles (Nathalie Rickli, jeune femme prodige poussé par C. Blocher à la pointe de la bataille) et ceux (C. Legrix, Claude-Alain Voiblet, dans une certaine mesure O. Freysinger) qui ne supportent plus la pression et les attaques haineuses et diffamantes des adversaires, l’exposition au Système médiatique qui reste souvent, malheureusement, la seule source d’information des collègues du Parti. L’UDC devrait réfléchir aux effets de sa stratégie de pénétration des exécutifs en Romandie. On se souvient du Conseiller d’Etat vaudois Mermoud, victime lui aussi d’un stress chronique qui l’a stoppé dans sa santé cardiaque, auquel seul un rôle de gestionnaire économique était laissé par ses collègues et qui avait gommé tout ce qui aurait pu ressembler à une aspérité critique non-collégiale. On voit la mise à l’écart de Legrix, harcelé et diffamé car trop loyal à son positionnement politique et idéologique. La classe politique neuchâteloise, qui vient d’enterrer Yvan Perrin, prépare d’ailleurs un satanique et fort peu démocratique projet de destitution d’élus qui seraient trop rétifs, trop critiques ou simplement pas assez dociles et participatifs dans le démontage collégial de disparition dans le moule dominant.
Le modèle politique de l’UDC, issu de l’économie, recrute comme politiciens éligibles des militants zélés, bons chef de vente, qui acquièrent des parts électorales de marché. Plus ils montent en visibilité, plus ils prennent des responsabilités dans le parti et plus ils sont poussés vers les fonctions de l’exécutifs qui impliquent un renoncement au profil qui a justifié leur investissement de carrière. La tendance à cumuler rôles et fonctions est aussi un piège qui freine un plus large accès aux tâches politiques des autres militants et assèche les rôles pourtant fondamentaux subalternes. Un bon sous-chef sur le terrain sera propulsé vers le haut et pas forcément remplacé. L’écrémage des cadres politiques et la surutilisation dans l’appareil du Parti et l’accès réservé aux media est un processus dangereux d’appauvrissement militant. Comme dans les entreprises au fonctionnement carriériste ultralibéral de concurrence par le zèle, les cadres politiques se donnent à fond, sont pressés comme des citrons et ensuite jetés lorsqu’ils n’ont plus de jus et se sont sacrifiés sans compter. Sans doute Yvan Perrin en est-il une victime expiatoire, illustration dramatique du principe de Peter, destructeur pour son Parti.
Peu sont préparés à cette évolution qui ne favorise pas l’engament militant et détruit les cadres locaux qui ne servent donc plus à développer des formations militantes et une culture de solidarité contre les adversaires et leur idéologie. Dans ce sens, pour la direction alémanique de l’UDC qui l’utilisait pour faire passer sa ligne en Suisse romande, Yvan Perrin, trop perfectionniste, a tenu la chandelle alors qu’elle se consumait par les deux bouts : être agressif, profilé et en même temps viser à devenir gentil et collégial, défendre le contraire de ce que l’on pense, double contrainte difficilement supportable pour un esprit « entier »… Le résultat est dramatique pour lui et sera dissuasif pour ceux qui prennent son chemin dans l’UDC romande. Il devient urgent de travailler à la conscience politique des cadres, à développer la solidarité et la dynamique de groupe sur le long terme, à sauver préventivement les futurs « soldats Perrin ». Continuer, comme si de rien n’était, est suicidaire.
Dominique Baettig, 18 juin 2014
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