L'alliance politico-médiatique s'est prise une volée de bois vert mais fait mine de regarder ailleurs, mettant l'accent sur la votation du Gripen, alors que la vraie surprise, quoi qu'en dise, reste ce rejet catégorique par le peuple des raisons avancées par l'axe "média d'Etat-Parlement", qui pourtant avait mis le paquet et toutes les chances de son côté.
Trois méthodes pour ce faire:
1. Souligner la posture courageuse des opposants - posture dont la témérité et l'illogisme aurait plutôt dû plaider en leur défaveur - et faire passer un comité de 106 parlementaires, appuyés logistiquement par un média au budget annuel d' 1,2 milliard de francs, pour un groupuscule de quelques irréductibles passionnées que n'animent que l'idéal de la défense de l'"Etat de droit".
2. Prétendre que le résultat était couru d'avance, ce qui rajoute un brin de consistance et augmente la profondeur mystique du sacrifice des vestales du point 1. Or, quelques jours avant le vote, cette intangible vérité n'était de loin pas si évidente, notamment au vu des moyens mis en oeuvre. Une variante consiste aussi à prétendre que les sondages donnaient l'initiative à 75% (alors que les derniers sondages donnaient 59%), que le score final, par conséquent, n'est pas si important et serait dû à l'influence des opposants, lesquels auraient fait entrevoir la lumière de la raison aux peuples égarés...
3. Déprécier la position adverse et faire passer les partisans de l'initiative pour des oligophrènes analphabètes frappés de cécité mentale, déclarer l'initiative inapplicable, et, surtout, réaliser à tout prix l'amalgame avec une autres initiative, celle d'Anita Chaaban pour punir les juges en cas de récidive, sans le moindre rapport avec celle de la Marche blanche, dans le seul but d'accentuer l'impression "populiste" de l'image mentale que l'on s'échine à fabriquer. Exemple entre mille: le titre du Forum du 18 mai: "Les arguments émotionnels ont fait mouche".
La palme de la forfanterie, dans cette catégorie, revient bien évidemment à Martina Chyba, qui trouve à reprocher à une initiative se concentrant exclusivement sur les cas de pédophilie en milieu professionnel de ne pas faire assez contre les cas de pédophilie en milieu familial. Elle eût pu tout aussi bien lui adresser le reproche de ne rien faire contre le trou dans la couche d'ozone ou la répression de l'alcool au volant, cela n'a aucun sens. Last but not least, elle accuse l'initiative de ne rien faire contre les auteurs mineurs... la RTS a fait l'entier de la campagne sur l'argument inverse; on aura décidément tout vu.
Ou comment voler les victoires quand on ne supporte pas les défaites.
https://www.youtube.com/watch?v=-w1WL83lFus
Au passage, Philip Jaffé, dont on connaît l'indéniable penchant opportuniste, nous fait bien rire, qui voudrait nous faire croire qu'il s'attendait à un pareil résultat, ce qui explique sans doute qu'il ait tourné casaque entre mars et avril 2014, après avoir soutenu l'initiative pendant des années et même participé à la rédaction de son texte. Une déclaration pour le moins sibylline prouve la curieuse façon de penser du personnage, qui prend acte de l'acceptation d'un texte dirigé contre les pédophiles en ces termes (dès 01:12):
"La Suisse survivra à ce vote [...] Je ne pense pas qu'on sera envahi par les pédophiles demain."
Sous-entendu, l'initiative anti-pédophiles ne va pas provoquer une invasion de pédophiles... Plaît-il ?
Aaaahhhh! Au fond de l’eau comme le Vasa leur gros bateau!
“il y en aura d’autres [d’initiatives] et elle deviendront de plus en plus extrêmes”.
Hé bien oui, et c’est mécanique ! Plus on se moquera du peuple en ne respectant pas ses décisions, plus le peuple devra crier fort. Et forcément un jour, ça va faire très mal.
Les socialo-angélico-dogmato-manipulateurs bien-pensants l’auront bien cherché !
Mais inutile de le leur répéter, ils n’écoutent pas, comme d’habitude, puisqu’ils sont les seuls détenteurs de la vérité élastico- grand-écardo- absolue.