Selon l’acteur Lambert Wilson les paroles de la Marseillaise sont ” épouvantables, sanguinaires, d’un autre temps, racistes et xénophobes, inécoutables” …
La déclaration de monsieur Lambert Wilson au sujet de la Marseillaise est bête car c’est un anachronisme : on ne juge pas des textes anciens avec nos critères actuels et en dehors de leur contexte historique. En tant qu’acteur dont la profession consiste à interpréter des pièces de théâtre écrites il y a des siècles, il devrait le savoir.
A l’aulne de Lambert, les héros de Corneille et Racine devraient se trouver en tôle au lieu de parader sur les planches de la Comédie Française, et les acteurs qui les interprètent devraient être poursuivis pour instigation à toutes sortes de violences.
Mais quand même, à quelque chose malheur est bon et attirer l’attention sur les hymnes c’est intéressant. Lire les textes in extenso sur Wikipedia, ça vaut la peine!
Quand je vois le Haka Ka Mate des all Blacks dans lequel apparaissent les paroles « c’est la mort, c’est la mort »… je me dis… bigre, ils ne plaisantent pas… Pire dans leur Kapa Haka ils visent le « souffle de la vie » et terminent leur danse en mimant l’égorgement… Le message est clair !
Alors, si les joueurs français leur mimaient, comme il se doit « le sang impur qui va abreuver nos sillons… » … ils auraient peut-être plus de chance de gagner le match ?
Plusieurs textes précèdent, mais la version actuelle de l’hymne belge est tout aussi intéressant :
« Après des siècles d'esclavage, le Belge sortant du tombeau, a reconquis par son courage, son nom, ses droits et son drapeau. »
Oui, oui, mesdames et messieurs, le Belge a subi des siècles d’esclavage sous la botte colonisatrice des Romains, Goths, Visigoths, Ostrogoths, Huns, Vikings, Anglais, Espagnols, Hollandais, Autrichiens, Allemands, Français… Oui, oui et ça pendant des siècles c.-à-d. au moins 2000 ans ! Avant, je ne sais pas… bien que des "indo-européens" flottent dans les brumes préhistoriques...
Nous, les Flamands, nous avons toujours été victimes du déferlement de hordes barbares et nous les Flamandes, même de lazzi de la part d’énergumènes misogynes à la Jacques Brel ! N’est-il pas temps de demander de profondes repentance et des justes dommages?
Mais ces paroles sont aussi un message d’espoir pour les autres pays qui ont subi les mêmes outrages : si le Belge a su sortir de son tombeau, il n'y a pas de raison pour que les autres n'y arrivent pas !
L’hymne allemand :
« L'Allemagne, l'Allemagne au-dessus de tout, par-dessus tout au monde. »
O.K., c’est bon, après les deux premiers vers on a déjà tout compris…
Et l’hymne national Suisse
« Sur nos monts, quand le soleil annonce un brillant réveil et prédit d'un plus beau jour le retour, les beautés de la patrie parlent à l'âme attendrie;
Au ciel montent plus joyeux, au ciel montent plus joyeux, les accents d'un cœur pieux, les accents émus d'un cœur pieux. »
Il y a quatre strophes de cette mouture… c’est autre chose… ben oui…c’eest laa Swuisss… « y a pas l’feu au Lac… » et y a du bonheur dans les vieux chalets là-haut sur la montagne …
[Au passage ne ratez pas ce must: http://www.youtube.com/watch?v=LnTD10l7Ky4 ]
Je vous fais grâce de la version italienne :
« Quando bionda aurora il mattin, c’indora l’alma mia t’adora, re del ciel
Quando l’alpe già rosseggia a pregare allor t’atteggia in favor del patrio suol… »
Après 35 ans d’italien, le langage manzonien reste trop hermétique pour moi…
Et l’hymne d’Israël
“Tant qu’au fond du cœurl’âme juive vibre et dirigée vers les confins de l'Orient un œil sur Sion observe, notre espoir n’est pas encore perdu,cet espoir vieux de deux mille ans : être un peuple libre sur notre terre,terre de Sion et de Jérusalem, être un peuple libre sur notre terre,terre de Sion et de Jérusalem.”
[Il a été écrit en Ukraine en 1878, par Naftali Herz Imber, sous le nom deTikvatenou (Notre espoir). La musique a été adaptée en 1888 par Samuel Cohen, d’après une mélodie populaire roumaine de Moldavie.]
C’est tout ? Ben oui, le romantisme de l’âme slave suffit à la conquête du Néguev…
Ah, mais jusqu’à présent nous n’avons encore considéré que les paroles… Y a-t-il un musicologue à bord pour nous dire si nos hymnes ne sont pas trop Wagnériens ou pas assez country…
Moi je penche pour la bossa nova, mais si tout le monde y va de sa zizique favorite, ça va faire désordre. Bon, supprimons toutes les musiques et remplaçons-les par un bon rap bien tempéré, praticable même par ceux qui n’ont pas d’oreille et qui mettra tout le monde d’accord… Pour les paroles ça va être plus compliqué car même l’Internationale n’est pas très pacifiste… et comprend des vers qui pourraient stigmatiser les uns et offenser les autres… Je ne vise personne… suivez mon regard…
Debout
Debout ! les forçats de la faim !
La raison tonne en son cratère,
C’est l’éruption de la fin.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !
C’est la lutte finale
Groupons-nous, et demain,
L’Internationale,
Sera le genre humain.
Il n’est pas de sauveurs suprêmes,
Ni Dieu, ni César, ni tribun,Producteurs sauvons-nous nous-mêmes !Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !
L’État comprime et la loi triche,
L’impôt saigne le malheureux ;Nul devoir ne s’impose au riche,C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois :
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits ! »
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail,
Ont-ils jamais fait autre chose,
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande,
Ce qu’il a créé s’est fondu.
En décrétant qu’on le lui rende,
Le peuple ne veut que son dû.
Les Rois nous saoûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
À faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n’appartient qu’aux hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours ! “
Imaginons une foule en colère qui hurle ça devant les grilles de l’Elysée… Olala… pas rassurant…
Si Marine prononçait une harangue aussi incendiaire pendant un meeting, son compte serait bon pour la Bastille.
Anne Lauwaert, 17 mai 2014
Ironie? Oui? Mais envers qui? Envers les politiquement corrects, bienpensants, bigots et hypocrites qui s’offensent de la “sanguinarité” de paroles historiques de leur propre histoire!
En opposition: cette Suisse qu’ils critiquent et dont, en fait, ils sont jaloux, cette horrible Suisse avec son affreux secret bancaire et sa dangereuse démocratie directe… Eh bien la Suisse, elle rêve… à la blonde aurore … aux beautés de la patrie et aux âmes attendries…
Mais oui, je connais le bonheur dans les vieux chalets là-haut sur les montagnes, sans électricité et sans eau courante… et si j’en avais la possibilité je passerais ma vie sur un alpage… Si on m’offrait un appartement le long des Champs Elysées, je le revendrais pour m’acheter un vieux chalet là-haut sur une montagne suisse… Mais oui je connais l’exaltation d’arriver sur un sommet enneigé au lever du soleil… et non, je ne passe pas mes vacances à la mer…
Et que dire des paroles de l’hymne belge? Y a-t-il plus ridicule que ce Belge sortant de son tombeau? Et pourtant nos grands-parents et nos parents ont pris cela très au sérieux, sans doute moins vers 1830 qu’au sortir de la guerre 14-18 ou 40-45…
Il suffit de voir des photos comme celles de la ville de Tournai après les bombardements pour comprendre ce que signifie ce Belge sortant de son tombeau… Ben oui… c’est à remettre dans son cadre historique…
Mais ce qui doit faire rager le plus c’est l’hymne d’Israël, ce “peuple belliqueux”, “qui tue des enfants palestiniens”… Eh bien… chez les Israéliens l’âme juive rêve de liberté au fond de son cœur … et avec ça ils ont construit Israël et ils ont gagné des guerres…et ils ont 13 prix Nobel à la douzaine…
Bref ironie au lieu de tristesse car “quand c’est un connard qui dit des conneries” on s’en fout! Mais quand c’est une personne qu’on apprécie (et en l’occurrence, Lambert Wilson c’est un acteur qu’on aime bien) qui dit des bêtises, cela ne fait pas plaisir.
Mais j’oublie ma petit pique envers monsieur Oggi … ah, ses vœux de Noël avec son sapin!… y a-t-il plus ridicule ? ou bien la simplicité est-elle tout simplement émouvante ?
C’est quoi, celui du NOM, de l’UE et celui du Jïhad ?
Merci à Anne pour son édifiant exposé. J’y relève toutefois ce que je lis comme un trait d’ironie à propos de notre hymne. « y a du bonheur dans les vieux chalets là-haut sur la montagne »… Sont-ce les accents émus d’un coeur pieux qui la portent à une forme de dérision?
Pendant que je relisait cet extrait des mots se présentèrent: « le coeur content est un festin continuel ». Ce qui me fait dire que la gratitude est inséparable de la piété. Et ce d’autant plus que mon coeur en est rempli. Oui, hier j’ai vu un reportage sur les chômeurs en fin de droits! Situation dont j’ai été proche par deux fois. Ce reportage a ravivé ma gratitude envers mon ancien patron, celui qui m’a engagé, et envers lequel je me suis engagé, pour un travail difficile, alors que j’avais 55 ans! Alors mes accents émus montent au ciel, mais aussi vers lui.
Je pourrais en dire beaucoup plus à son propos, et même prolonger les pensées de Marejko. Et de Castaneda. Mais c’est une longue histoire.
Ah! Encore un détail. Je me souviens d’avoir reçu d’un ami anthropologue un recueil des hymnes nationaux de la planète. Anne me fournit une belle occasion d’en prendre connaissance.
Ce sera tout. Bonne nuit.