Le philosophe Bertrand Vergely écrit sur Cyrano :
"L’euthanasie signifie la douce mort. Cette douce mort désigne le fait, pour un médecin, d’abréger les souffrances d’un malade incurable en lui donnant la mort. Beaucoup de personnes voient dans l’euthanasie un moyen de soulager la souffrance de certaines fins de vie. Avant de leur donner raison, il importe de voir ce qu’il y a derrière et ce qui risque d’advenir après si celle-ci est légalisée.
I. LA VIOLENCE
En premier lieu, il importe de rappeler que l’euthanasie ne consiste pas dans le fait simple d’abréger les souffrances d’un malade, mais dans le fait complexe de donner la mort pour abréger les souffrances d’un malade. La nuance est importante. Dans un cas, on a affaire à un geste humanitaire. Dans un autre cas, on est en face d’une violence inouïe. Tant il est vrai qu’il est désastreux de devoir tuer quelqu’un pour abréger ses souffrances.
Le passé témoigne de ce désastre. C’est sur les champs de bataille, quand on ne pouvait pas faire autrement, que l’on achevait les blessés. Par ailleurs, c’est le nazisme qui a formulé le projet d’euthanasier les vieux et les déficients mentaux, ceux-ci étant jugés inutiles et trop coûteux pour la société. La débâcle des champs de bataille. Le nazisme. La mémoire de l’euthanasie est chargée. Si la mémoire est lourde, le présent l’est tout autant. Le meurtre est interdit par la loi. La peine de mort a été abolie. Qu’on le veuille ou non, avec l’euthanasie, on a affaire au retour de l’un et de l’autre.
II. LA PRECIPITATION
S’agissant du malade, il semble qu’il y ait une confusion. Une chose est de désirer ne pas souffrir, une autre de mourir. Ce n’est pas parce que l’on désire ne pas souffrir que l’on désire mourir. Attention donc de ne pas prendre le désir de ne pas souffrir pour un désir de mort ! Attention au fait de donner la mort sous prétexte d’éviter la souffrance ! Attention au fait de faire croire qu’avec la mort, les souffrances vont cesser ! Quand on fait de la mort la médecine suprême, on se précipite et l’on attise les désirs de mort. [...]"
Extrait de: Source et auteur
Suite à plusieurs AVC, et dès le premier, mon père a fait trois tentatives de suicide – évidemment ratées puisqu’il n’avait plus la capacité de se mouvoir et d’agir rapidment (sauter par dessus le balcon, se tailler les veines, s’électrocuter). Faute de législation qui permette l’euthanasie, il a été contraint de finir son existence comme il ne le voulait pas : totalement dépendant et sur fin, raide comme bout de bois, incapable de dire s’il souffrait physiquement ou pas mais de toute façon dans un état “d’indignité” que son orgueil ne tolérait pas. Porteuse de ce même défaut, je souhaite également que me soient épargnées cette fin de vie. J’espère qu’une loi, avec les garde-fous nécessaire, me permettra d’en finir avant qu’il ne soit trop tard, afin de laisser à mes proches le souvenir de ce que je suis et non de ce que je deviendrais et de leur épargner deux deuils, celui de la personne que j’aurais été, puis celui de mon enveloppe corporelle.
La souffrance physique est une chose, et même les soins palliatifs sont parfois inopérants, sauf à atteindre la surdose qui devient une euthanasie de fait. La souffrance morale est une toute autre chose. Et rien ne permet de s’en prémunir sauf à faire perdre complètement le sens des réalités à force d’antidépresseurs. Aliéner est une autre forme de mort : une indignité de plus imposée contre sa volonté à une personne âgée ou un blessé.
L’euthanasie n’est pas la solution à la souffrance humaine. On ne peut trouver geste plus brutal et rétrograde dans notre société développée. Les soins palliatifs qui adressent tous les besoins du mourant sont la seule solution. L’autonomie de la personne mourante a des limites. Elle ne perd pas sa dignité parce qu’elle souffre.
Marc Bergeron
bonjour
je m’étonne de la réaction de Jane, en effet être présent ne signifie pas materner !
La mission tant des professionnels de santé qui accompagnent des personnes en fin de vie que des bénévoles d’accompagnement est “d’être à coté”, d’avancer et de soutenir la personne en fin de vie, à SON rythme. chacun est attentif à ne pas faire de l’acharnement à l’accompagnement, et la personne en fin de vie a toujours la possibilité et le droit de dire non à une visite. Par contre, comme le signale Lucienne, il est important de rester vigilant à ce que les symptômes soient bien soulagés.
@Lucienne Bruyas
c’est insupportable de vous entendre parler ainsi. Je connais trop les bénévoles de JALMALV et je ne veux surtout pas être maternée en fin de vie. Je demande le respect de ma liberté lorsque le moment arrivera.
je suis tout a fait d’accord avec l’article de B Vergely
appliquons la loi Léonetti dans son intégralité ,si le malade est calmé de toute souffrance ,il ne demande pas de mourir
je suis bénévole à l’association JALMALV /jusqu’à la mort accompagner la Vie ,auprès de personnes âgées en institution depuis de nombreuses année ,mon expérience parle ,c’est la solitude qui fait que des personnes demandent de mourir ,alors soyons là pour les entourer et la demande cessera
j’étais infirmière auprès de personnes âgées ,toute ma carrière .Lucienne Bruyas