Les chiens de garde de la diabolisation

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

L’enfer de la pensée unique a son cerbère à trois têtes. Une fois mort, l’esprit libre passe le Styx du politiquement correct.  Il est condamné à n’en plus sortir. Les dieux des médias, grands ennemis proclamés de l’exclusion, l’excluent pourtant du monde des vivants fréquentables. Il sentira le souffre et quoiqu’il dise ou fasse, sera banni, ostracisé, stigmatisé. Comme disait Saint–Just, le si mal nommé, « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Cette formule tranchante comme la guillotine est le postulat des totalitaires. La liberté ne se divise pas et lorsqu’on veut éteindre celle de Robert Ménard, le fondateur de « Reporters sans frontières », on avoue à la face du monde son sectarisme et sa mauvaise foi.

Mais le chien de garde de l’enfer veille à n’en pas laisser sortir les sulfureux personnages qu’on y a fait entrer. Chacune de ses gueules va aboyer et mordre pour décourager les évasions ou repousser les visiteurs compatissants. La moins dangereuse s’appelle politique. Elle fait son travail de gueule politique, avec son front républicain, son cordon sanitaire, ses heures sombres de l’histoire, pour que les professionnels restent entre soi dans le monde des vivants, à l’abri des revenants encombrants, ces témoins des erreurs et des échecs, des affaires et des coups tordus.

La seconde est plus pernicieuse. Elle dissimule ses dents acérées sous l’apparence de la société civile, du monde associatif et culturel, des réseaux qui entretiennent le terrorisme intellectuel. Pourquoi des professionnels ou des amateurs, à la tête de festivals culturels ou de clubs sportifs, d’organismes humanitaires ou soucieux de l’environnement, d’associations de défense des Droits de l’Homme en général ou par communautés, s’en prendraient-ils à une personne ou à un parti, si leur résistance, drapée d’indignation, n’était pas fondée ? Le but est de discréditer, de mettre au ban, de rendre illégitime dans l’opinion ce que les institutions ont légitimé. Ainsi, M. PY annonce-t-il le départ du Festival d’Avignon en cas de victoire du Front National. Ainsi, le Président du club de rugby de Toulon, Mourad  Boudjellal, annule-t-il la rencontre amicale avec l’équipe de Béziers. Le premier n’est nullement propriétaire de l’institution rayonnante fondée par Jean Vilar au lendemain de la guerre. De quel droit aurait-il puni Avignon pour avoir mal voté ? Comment un « cultureux » peut-il s’approprier la pensée unique et devenir censeur ? Le second a-t-il interrogé ses joueurs, ses supporters, le public de l’ovalie biterroise ? Là aussi, un homme s’arroge le droit de sanctionner un vote, l’expression de la démocratie. Campé sur ses préjugés étroits qu’il prend pour des principes, il joue son rôle de chien de garde pour tuer la liberté de penser et de voter. Le monde de la culture et son excroissance du show-bizz, davantage encore dépourvue de légitimité, devraient être le domaine de la liberté sans frontière. Je pensais qu’il l’était parfois en écoutant récemment Fabrice Luchini dire du Céline au Théâtre Antoine. Mais il se retranche souvent dans la transgression facile et provocante pour mieux s’octroyer le privilège de censurer la véritable liberté de pensée.

La troisième tête est coiffée d’un mortier de magistrat : elle réprime dans notre prétendu pays des Droits de l’Homme ceux qui ont le courage de penser différemment. La différence est érigée en supériorité à coups de discrimination positive mais pas la différence de pensée surtout lorsqu’elle s’avise de penser la différence. Des lois liberticides sont des faux entre les mains des magistrats coupeurs de tête, des héritiers de l’inquisition, de Fouquier-Tinville, et des tribunaux populaires. Dieu merci, ils ne sont pas tous les érecteurs d’un mur des cons. Mais l’hérésie ou le déviationnisme, le crime-pensée d’Orwell sont inscrits dans la loi et véhiculés par la presse bien au-delà de la loi par l’amalgame de l’anathème : on crie front national, extrême-droite, racisme, antisémitisme, homophobie et les bûchers s’allument livrant aux flammes de l’enfer bien au-delà des textes et du simple bon sens. L’intention se veut noble et péremptoire. Il s’agit d’étouffer la bête immonde dans le ventre toujours fécond de sa mère. Mais comme il n’y a pas le moindre rapport entre les « sorcières » d’aujourd’hui et la bête évoquée, l’accusateur apparaît dans sa vérité toute nue et pas très belle à voir : un militant sectaire mu par de minables et simplistes calculs politiques qui rabougrit la vie sociale et culturelle pour diviser et discriminer les citoyens sur des sujets où le dialogue est vital pour la démocratie.

Christian Vanneste, 1er avril 2014

3 commentaires

  1. Posté par G. Vuilliomenet le

    Monsieur de Rougemont ou de l’enfumage!

    Sans vouloir faire mention de sites orientés selon l’allusion de Monsieur de Rougemont, il suffit de prendre les grands médias nationaux, en tout cas cas ici en Suisse romande et en France, mais je ne serais pas étonné que ce soit identique ailleurs en Europe.

    On ne peut que tristement constater la ligne de la pensée unique, celle de ce que l’on appelle de la gauche, à croire que suite à tous les malheurs que nous Européens, Occidentaux avons infligés aux autres peuples, nous nous devons impérativement réparer cette faute et que pour cela nous devons accepter de perdre notre identités aux profits de personnes qui très souvent ont des us et coutumes rétrogrades, arriérées. Et aller contre cette marche vers le suicide c’est faire montre d’idées fascisantes si ce n’est fascistes.

    On l’a constaté avec la votation contre l’immigration de masse, on l’a déjà vu avec le lancement d’ECOPOP et cela ne fera qu’aller croissant plus on s’approchera de la date de votation. On l’a également vu avec la révision de la loi sur l’asile. En réalité, tout sujet qui viendrait à vouloir garder une certaine Suisse sera toujours considéré comme nauséabond.

    Alors juste pour rire Monsieur de Rougemont, citez-moi quelques journaux romands qui défendent la limitation de l’immigration, le durcissement des lois sur les étrangers, l’asile ou tout sujet connexe. A mon avis, je peux affirmer sans me tromper, que les poules auront des dents quand j’aurais la réponse.

    Aujourd’hui, les médias se sont attribués le rôle de juge, le pire est qu’ils peuvent distiller leur poison sans qu’il y ait de contre-information, Monsieur Windisch l’a bien montré dans ses différents articles.

  2. Posté par Michel de Rougemont le

    Pensée unique: c’est un concept amusant.
    Surfez sur des sites “de droite et plus” et vous y verrez qu’il s’agit de toute théorie socialiste et moralisatrice.
    Surfez sur des sites “de gauche multiple” et là il s’agit de la domination des théories néo- ou ultra-libérales et moralisatrices.
    On a toujours le diable que l’on se fait.

  3. Posté par colibri le

    très bon article qui dénonce ce que d’autres tentaient vainement depuis 2007! Il est temps de remettre le pendules à l’heure réelle qui terrestrement parlant ne peuvent associer intolérance et protection de l’environnement comme c’est trop souvent le cas de la part d’inaptocrates
    L’on sait aussi que l’enfer a toujours été pavé de bonnes intentions cachées sous le masque des beaux parleurs et frimeurs

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