Le second tour des municipales françaises a donc eu lieu ce dimanche, concluant temporairement la foire d'empoigne politique avant la prochaine échéance des élections européennes.
La démocratie française est un miroir déformant ; ce n'est rarement plus vrai qu'au second tour d'une élection municipale. Les mécanismes de retrait ou de maintient de liste au second tour permettent l'établissement de politiques de nuisance visant plus à couler un adversaire qu'à mettre en œuvre un programme politique. La formation gagnante se voit créditée de la moitié des sièges du Conseil Municipal, le reste étant acquis à tous les partis au prorata de leur score.
Sur le plateau de TF1 hier soir, Jean-François Copé avait le triomphe modeste: le demi-président de l'UMP savait mieux que personne comme une victoire sortie des urnes n'est pas la marque d'une légitimité invincible...
La France a pris une teinte bleue dans la soirée, mais la vague est loin d'être aussi déferlante que d'aucuns prétendent. Dans les villes de plus de 1'000 habitants, la droite se situe à 45%, la gauche à 43%, le FN à 7%. Raz-de-marée de la droite, avez-vous dit?
La droite contrôle désormais 22 des villes de 100'000 habitants, contre... 19 à la gauche. Certes, il y a du progrès comparé à 2008 où à l'issue d'une impopularité crasse du gouvernement - déjà! - l'opposition socialiste d'alors contrôlait 29 de ces villes, mais parler d'un retour à l'équilibre serait plus conforme à la réalité.
En élargissant les calculs à toutes les communes de plus de 30'000 habitants, selon France Télévisions 171 communes sont passées de gauche à la droite, mais là encore, 6 villes de droite ont basculé à gauche. Pas si mal pour un parti dont les représentants à la tête de l'Etat français battent des records d'impopularité!
Peu de gens ont réellement changé d'opinion politique en France. La gauche a bien plus perdu le scrutin toute seule, par la désaffection de ses troupes.
On compare souvent la politique à un balancier ; ce n'est pas forcément vrai. Le temps que François Hollande termine son mandat, il aura dégoûté une génération entière à gauche, encore plus fort que Mitterrand. Quant à l'UMP, elle est condamnée à ne pas décevoir, au risque de voir ses électeurs se tourner vers le Front National ou bouder les urnes.
L'émergence du FN donne enfin une échappatoire à un système qui se complaisait dans l'alternance: la droite française va devoir faire une vraie politique de droite et non plus du socialisme light.
Et c'est une excellente nouvelle.
Stéphane Montabert
http://stephanemontabert.blog.24heures.ch/
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