par Markus Gygax, Cdt de corps, anc. Cdt des Forces aériennes suisses
Analyse du contexte global
Pour aborder le thème de la politique de sécurité en général et celui de l'armée en particulier, il faut commencer par analyser le contexte dans lequel nous vivons. Plusieurs questions importantes surgissent à ce niveau. Par exemple: quelles sont les conséquences d'un accroissement de la population mondiale de 80 millions de personnes par an? L'urbanisation, l'extension des bidonvilles, le fort chômage des jeunes et les besoins croissants en ressources sont les effets visibles de ce développement. Quelles sont les conséquences de la mobilité croissante? En premier lieu, l'augmentation de la pollution atmosphérique et de la consommation d'énergie. Certains résultats positifs du développement, comme la prospérité, ont des effets secondaires négatifs, en l'occurrence une hausse de la consommation, notamment de ressources énergétiques. La prospérité a aussi des conséquences directes sur les habitudes alimentaires: on mange plus de viande, si bien que la consommation d'énergie et d'eau augmente. Les besoins croissants en eau ont des conséquences extrêmement lourdes. A la suite de la baisse du niveau des nappes phréatiques, un tiers de la population mondiale n'a plus accès à de l'eau propre. La lutte pour les sources d'eau est une conséquence logique de cette situation. Un autre élément à observer est l'énorme production d'armes et la prolifération incontrôlée de celles-ci. D'où un risque accru de conflits, de guerres et d'actes de terrorisme. On parle aujourd'hui d'un monde multipolaire, marquée par l'insécurité et l'instabilité. Pour revenir à la Suisse, on en conclura que la sécurité de notre pays dépend directement de la stabilité de son environnement.
Quand de prestigieuses institutions de réflexion procèdent à des analyses de la paix qui s'avèrent fausses à peine un an plus tard, on comprend que l'être humain, aussi intelligent et bien formé soit-il, est incapable de prédire même des événements simples se produisant dans un proche avenir. Quelqu'un au monde a-t-il prédit en 1988 la chute du Mur de Berlin en 1989? Cette incapacité de prédire l'avenir avec précision nous contraint de prendre notre avenir en main. Il s'agit, pour parler un langage militaire, de créer de bonnes conditions. Les exemples des Etats nord-africains comme la Tunisie, l'Egypte et la Libye illustrent à quel point le passage de la dictature à la démocratie est difficile. La liberté sans la sécurité, c'est l'anarchie. La sécurité et la liberté doivent donc être garanties toutes les deux pour fonder une démocratie stable. Nous autres Suisses, nous sommes bien placés pour savoir que la liberté, la sécurité et l'indépendance sont les fondements de notre démocratie directe dans laquelle les citoyennes et les citoyens sont souverains.
Mobilité croissante dans les airs
La mobilité augmente aussi dans les airs comme ailleurs. 24 heures sur 24, quelque 100 000 avions sillonnent le ciel du monde entier. Tous ces mouvements aériens sont surveillés par des radars civils qui n'enregistrent cependant que les avions se faisant reconnaître activement. Tout ce trafic est géré par des aiguilleurs du ciel civils qui ne voient sur leur écran que les avions coopératifs, donc non menaçants. Seuls les radars et capteurs militaires sont capables de détecter également les objets volants non coopératifs, car il faut évidemment s'attendre à ce qu'un ennemi potentiel cherche à attaquer sans se faire reconnaître. Et seuls des avions de combat sont ensuite capables de contrôler l'espace aérien, d'identifier les avions inconnus et de constater des violations de l'espace aérien, voire d'imposer une interdiction de vol et, en cas de conflit, de défendre cet espace aérien.
Sécurité du trafic aérien également en Suisse
Plus de 3000 avions de ligne traversent chaque jour l'espace aérien suisse qui est un des plus fréquentés d'Europe. Un trafic aussi dense peut à tout moment créer des problèmes. Les forces aériennes sont la seule institution de Suisse capable d'identifier des avions, de leur apporter de l'aide ou encore d'imposer d'éventuelles restrictions de vol. Ces contrôles réguliers ont aussi un effet préventif, comme c'est le cas pour la police au sol. Aussi longtemps que des avions sillonneront l'atmosphère terrestre, il faudra des forces aériennes pour accomplir des missions de police, de recherche, de sauvetage, de contrôle, d'aide et de protection.
La protection de l'espace aérien est une tâche exclusive des forces aériennes. Personne d'autre ne l'accomplira à notre place. Dans des conditions normales, nos 32 F/A-18 suffisent au contrôle de notre espace aérien. Mais pour protéger ce dernier dans des situations particulières, il faut 40 à 50 avions de combat assurant une présence permanente dans l'air. La raison d'être de nos forces aériennes est cependant de pouvoir intervenir en cas de conflit. Cette mission exige un nombre encore plus grand d'avions, car la présence en l'air doit être plus forte face à une menace et aussi parce qu'il faut compter avec des pertes.
Où en sommes-nous en Suisse?
Notre pays est construit sur des rochers, nous n'avons ni ressources naturelles dans notre sous-sol, ni accès à la mer. Nous ne sommes membres ni de l'Union européenne, ni de l'OTAN. Cela signifie que nous voulons être souverains et indépendants. Pour conserver ces avantages, nous avons besoin d'une armée avec des forces terrestres et aériennes. L'armée de terre remplit sa mission de concert avec la police, les services du feu et de sauvetage ainsi qu'avec le dispositif de protection de la population. Les forces aériennes, elles, assument leur tâche toutes seules. Elles sont les seules à disposer des moyens permettant de contrôler, de protéger et de défendre l'espace aérien. Les Etats membres du pacte de l'OTAN disposent d'ailleurs eux aussi de leur propre armée, même les plus petits parmi eux comme la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège. Les Pays-Bas, par exemple, possèdent 80 avions de combat F-16 ayant des performances semblables à celles de nos F/A-18. Mais ils disposent en plus d'avions de transport et de ravitaillement ainsi que d'hélicoptères de combat qui sont aussi chers que des avions de combat. De plus, les Pays-Bas entretiennent une marine de guerre. Et la Suisse? Depuis la chute du Mur de Berlin, nous avons réduit trois fois de moitié nos forces militaires et nous ne disposons plus que d'un tiers du nombre de chars blindés que nous possédions autrefois. Nous avons désaffecté une douzaine d'aérodromes militaires, éliminé les missiles sol-air Bloodhound et réduit la flotte d'avions de combat de 330 à 86. Avec les GRIPEN, nous en aurons 54 et, sans cette acquisition, il ne nous en restera que 32, soit un dixième de l'effectif de 1990.
Pourquoi un certain nombre d'avions de combat est-il indispensable?
Nous avons besoin de ces 54 avions de combat parce qu'avec notre petit espace aérien au cœur de l'Europe nous ne disposons que d'un temps d'alerte très court. Il faut donc que des avions soient constamment en l'air. Même les gros porteurs volent à 700, voire 900 km/h. Cette grande vitesse ne laisse à nos avions de combat qu'un très court temps de réaction. En une période de tensions, voire devant la menace d'un conflit, il faut donc qu'un nombre suffisant d'avions de combat soient en l'air. Un tiers, voire au maximum la moitié des avions d'une flotte de combat étant opérationnels en permanence (chiffres comparables au niveau international), un nombre suffisant d'engins doivent être capables d'intervenir 24 heures sur 24. Mais contre qui ces avions seraient-ils engagés? Dans des conditions normales, contre des avions civils qui ne respectent pas les règles de la navigation aérienne. L'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) tient une liste de 29 pages d'Etats, de compagnies aériennes et d'avions individuels qui ont l'interdiction d'entrer dans notre espace aérien ou d'atterrir chez nous. Il arrive aussi que des avions civils aient besoin d'aide parce que leur système de communication ou de navigation est en panne. Il y a aussi les avions officiels (comme par exemple, le jet du Conseil fédéral) qui ont besoin d'une autorisation diplomatique avant de pouvoir survoler un pays. Nos avions militaires contrôlent en l'air si la demande d'autorisation correspond à la réalité. Ils interviennent également contre des avions militaires qui n'ont pas d'autorisation de survol comme des avions-citernes, des avions de transport, des explorateurs ou des jets de combat, de même que contre des drones qui n'ont pas le droit de pénétrer dans notre espace aérien ou encore contre des missiles de croisières, sortes de bombes volantes qui doivent également rester à l'écart de notre espace de souveraineté.
L'agenda de cette acquisition d'avions
Les évaluations en vue d'acheter un nouvel avion de combat ont commencé en 2007, le choix du type d'avion s'est fait en 2011 et la votation populaire aura lieu en mai 2014. Le premier engin est attendu en Suisse en 2018, le dernier en 2020. Les deux nouvelles escadrilles ne seront opérationnelles qu'en 2023. Voilà la réalité. Que peut-il se produire dans le monde en l'espace de 15 ans? Qui peut prédire avec un minimum de certitude ce qui se passera dans un an? Personne! Il faut donc que nous préparions notre avenir en prenant les mesures qui s'imposent. Comme pour le service du feu, l'assurance-maladie ou l'assurance-accident, nous devons maintenir une armée en état d'intervenir, donc régulièrement équipée du matériel le plus moderne - dans l'espoir, bien sûr, qu'elle ne devra jamais agir dans un cas sérieux. Il est d'autant plus nécessaire que nous soyons prêts et que nous manifestions notre ferme volonté de nous défendre. Seul un pays qui montre sa force et sa volonté de se défendre est pris au sérieux!
Durant les 23 ans écoulés, le peuple suisse s'est toujours clairement prononcé pour son armée. C'est dire l'importance qu'il attache à la sécurité et la stabilité. Le peuple suisse est conscient de la valeur de son armée. L'initiative sur les armes, par exemple, était d'une importance énorme en politique générale, et non seulement du point de vue de la politique de sécurité. Chaque initiative populaire doit être prise au sérieux et nous demande un grand engagement personnel. Nous devons toujours faire preuve de capacité de persuasion dans notre lutte contre une la paresse engendrée par la prospérité!
Financement transparent
L'acquisition d'un avion de combat porte toujours sur un ensemble de produits et de prestations. Le prix d'un avion individuel serait le double, voire davantage. Dans le cas du GRIPEN, ce "paquet" comprend non seulement les engins à proprement parler, mais aussi la formation, les simulateurs, l'équipement, les systèmes d'exploration ainsi que l'armement air-air et air-sol.
Le GRIPEN sera financé par le biais d'un fonds qui recevra chaque année 300 millions de francs prélevés sur le budget ordinaire de l'armée. Personne n'est donc contraint d'économiser, ni le DDPS, ni les autres départements, pour permettre cette acquisition. Durant les vingt ans écoulés, le budget fédéral a passé de 32 à 62 milliards de francs. Ce doublement des dépenses a profité à tous les départements, sauf au DDPS (autrefois le DMF) qui, lui, disposait de moins d'argent d'année en année. Jamais depuis 1850 nous n'avons aussi peu investi dans notre armée, donc dans la sécurité nationale (cf. tableau).
Notre produit intérieur brut (PIB) se monte à quelque 600 milliards de francs. En comparaison mondiale, la Suisse occupe ainsi le 19e rang (exception faite des petits Etats ayant moins d'un million d'habitants et des pays vivant exclusivement des ressources de leur sous-sol). En divisant le PIB par le nombre d'habitants (8 millions), on obtient 74 000 francs environ. De ce point de vue, la Suisse est le numéro 1 mondial. Nous sommes donc très riches, et on ose prétendre que nous n'avons pas les moyens d'acheter un avion de combat pour notre armée, donc pour la sécurité de notre pays! Un pays riche et faible est très menacé.
En résumé:
- notre monde multipolaire est instable, marqué par une forte croissance démographique, par le chômage des jeunes, par une forte consommation d'énergie, d'aliments et d'eau, par des migrations de millions de personnes ainsi que par une énorme production et prolifération d'armes.
- la sécurité de la Suisse est étroitement liée à la stabilité de son environnement.
- les êtres humains n'ont une attitude civilisée qu'aussi longtemps que leurs besoins de base sont satisfaits.
- personne ne connait l'avenir. Vraiment personne!
- le trafic aérien mondial doit être surveillé, géré et contrôlé.
- les avions de combat contrôlent en temps de paix, protègent en période de tension et sont efficaces en cas de conflit.
Le GRIPEN est l'avion dont la Suisse a besoin - il est moderne, performant et son prix est abordable.
Berne, le 25 mars 2014
Source : Newsletter Oui au Gripen, UDC, secrétariat général



Quand on voit quel avion (le Northrop F-5) va remplacer le Grippen NG, la question ne se pose même pas… Donc, oui pour moi !
Je suis partisan d’une armée bien équipée et bien entrainée. L’achat d’un nouvel avion est nécessaire. Cependant, s’il est avéré que le Gripen sera équipé d’un module radio US alors il n’est plus question de dire oui car il n’est pas question de mettre nos avions sous la tutelle de la NSA. Que les américains mettent des mouchards sur le matériel de guerre vendu à l’Arabie Saoudite je n’y vois aucun inconvénient mais si cela se fait sur un avion suédois qui devrait équiper notre aviation militaire alors c’est NON !
Je voterai oui au Gripen. Je demande cependant à nos autorités de stopper immédiatement la destruction des moyens de notre armée (chars Léopard, M109, Piranha TOW, etc.)! Cela devient totalement incompréhensible qu’avec des bruits de bottes non loin de chez nous, après une votation nettement en faveur de l’armée et de son obligation de servir on continue, avec une candeur stupide et maintenant coupable de détruire notre défense; d’admettre finalement les objectifs du GsSA; de se ficher de la protection de la population et de son indépendance démocratique. Il faut aussi cesser cette inadmissible égoïsme de profiter de la ceinture de pays soi-disant amis pour se passer de nos moyens de sécurité.
Quoiqu’ ayant été longtemps hésitant sur le sujet et ayant longuement réfléchi sur la question de la nécessité d’acquérir le Gripen j’ai pris la décision de voter en faveur de cet achat,notre pays étant de plus en plus sous des pressions pour le moins inamicales.Quant au choix de l’avion,j’avoue mon ignorance technique et laisse à des personnes plus compétentes que moi le soin d’y procéder.J.A.Cramer
Non, non et non aux Gripen ! Pourquoi le ministre Ueli Maurer s’enferre-t-il par tous les moyens à nous imposer l’achat du Gripen, le modèle d’avion retenu n’ayant encore jamais volé ? La Suède aurait-elle enfumé le candide ministre ? Le brouillard épais qui entoure ce dossier depuis le début est loin d’être dissipé pour de nombreux parlementaires, y compris de la droite et du centre. Et ce n’est pas Ueli Maurer qui va payer de sa poche les 3 milliards et sans doute beaucoup plus pour ce médiocre avion ?? Les experts militaires avaient pourtant clairement indiqué que le Gripen était le plus mauvais choix proposé par le DDPS. Même l’ancien chef des forces aériennes André Carrel avait exprimé publiquement son grand scepticisme, avant qu’on lui interdise “en haut lieu” de s’exprimer dans les médias à ce sujet. De plus, le PDC, qui n’est pas un ramassis de gauchistes il me semble, est très divisé sur la question. Contribuables, souvenez-vous des 200 chars Leopard acquis pour la “bagatelle” de 4 milliards de CHF et dont l’armée cherche à se débarrasser à vil prix, car ces engins “surnunéraires” rouillent dans des hangars…
Justemment M. Degoumois, pour détecter les drones et notamment la nouvelle génération dite furtive il faut de nouveaus capteurs, qui équipent justement le Gripen E. La Cyberguerre, oui, elle est en marche avec la création du premier bataillon de cybersoldats, des exercices de “warGames” ont déjà eu lieu et vont se pousuivre cette année. Par ailleurs, la cyberguerre est un champs de bataille complémentaire qui ne remplacent pas les autres. Il suffit de regarder l’actualité pour s’en rendre compte, Syrie, Crimée, se sont bien des chars, des roquettes, des avions qui font la différence!!
notre ennemi d’aujourd’hui et de demain, est déjà en suisse, dans nos immeubles, nos écoles, nos rues, il est partout!
Pour aller faire exploser une centrale nucléaire, nul besoin d’un gripen, un drone suffit et il n’a même pas besoin d’être très gros! Les guerres de demain, se feront avec des virus informatiques, des cutters et des drones!