Il y a 15 jours, la RTS entamait sa semaine avec ça, la manifestation, à l'adresse de Rome, d'un quarteron de vieilles femmes de gauche suisses-allemandes exigeant que tous ceux qui n'ont cure de la doctrine catholique, à commencer par ceux qui ont enfreint le serment solemnel prononcé devant Dieu à l'occasion de leur sacrement de mariage, puissent malgré tout accéder à l'Eucharistie, au corps du Christ, expression du sacré par excellence.
En face, l'évêque de Coire, qui ouvre grand ses bras aux brebis égarées mais leur demande de croiser les leurs au banc de communion pour recevoir une bénédiction en lieu et place du sacrement. Et oui, pour recevoir l'Eucharistie, il faut être en état de grâce, entendre en adéquation totale, par ses pensées et par ses actes, avec l'enseignement du Christ. Est-il utile encore de préciser que la demande de Mgr Huonder est plus que conforme aux directives de Rome.
Détail, ladite manifestation s'est tenue à Saint-Gall, soit à l'extérieur du diocèse de Coire, à l'intérieur, une autre manifestation, de soutien à Mgr Huonder cette fois-ci; silence radio dans les médias.
Changer la foi
La ligue des femmes catholique de Suisse, qui n'a de catholique que le nom, veut la suppression de la contrainte doctrinale et un plein accès à l'offre sans assumer l'obligation de croyance. C'est un peu comme si elles allaient manifester devant un temple protestant pour exiger la reconnaissance de la présence réelle, une mosquée ou une synagogue pour réclamer celle de la divinité du Christ et le siège d'un opérateur téléphonique pour le droit de bénéficier d'une connexion tout en ayant rompu le contrat, etc. Vous l'avez compris, tout cela n'a aucun sens. Reste qu'une semblable incohérence avait eu le soutien du Conseiller fédéral Flavio Cotti (DFAE), lequel était allé lui-même porter les doléances de ces furies au temps où elles s'en prenaient au prédécesseur de Mgr Huonder, Wolfgang Haas. Celui-ci fut déporté au Liechtenstein, agrémenté du titre d'achevêque, promoveatur ut moveatur.
Deux choses attirent l'attention dans cette affaire: la communication amère de la RTS, qui accuse Huonder d'"imposer des curés conservateurs dans les paroisses", comme si un prélat avait ne serait-ce que le début d'un choix en cette période de forte pénurie vocationnelle, et la présence de Markus Büchel, président de la Conférence des évêques suisses, Conférence qui accompagnera toute cette affaire d'un silence de cathédrale. On ne saura rien de ce que Mgr Büchel a bien pu dire lors de la manifestation, mais il paraît plus qu'évident que sa présence ne peut être interprétée que comme un soutien affiché aux revendications des manifestants.
Qui ne dit mot
Depuis deux semaines, Les Observateurs tentent laborieusement d'obtenir une réaction de la Conférence des évêques suisses ou de son vice-président, Mgr Charles Morerod, évêque de Fribourg. Passés les innombrables filtres, patientées les séances, vacances et autres pauses-cafés, l'on vous dit oui et l'on ne vous rappelle jamais, l'on redevient introuvable ou il y a toujours un nouveau problème. L'Eglise suisse se terre, fait la morte, mais peine à l'avouer par un refus clair et net. Et pourtant l'affaire est d'importance, Huonder l'a relevé dans sa réaction à la manifestation, l'Eglise ne pourra jamais donner satisfaction aux manifestants sans enfreindre à peu près l'entier de la doctrine catholique. L'Eglise le sait, elle se tait.
Elle se tait car il y a fort à parier qu'elle espère une issue semblable à celle de l'affaire Haas, fidèle à la doctrine, Huonder est devenu l'évêque, le catholique, de trop. Pour peu parlerait-on de vengeance suite à l'opposition frontale de l'évêque de Coire à la position de la Conférence dans la question du financement de l'avortement. Une position claire, alimentée par la doctrine, à mille lieues des détours abscons empruntés par l'épiscopat helvétique. Episcopat qui a couru sur les réseaux sociaux éteindre le feu des réactions de fidèles scandalisés par ces silences coupables. L'on assure les plus conservateurs de sa bonne foi, l'on prend un air grave et pénétré de la science théologique et l'on va même jusqu'à admettre l'éventualité d'une confrontation de l'Etat par objection de conscience et, de l'autre côté, on caresse la vieille garde prétendument progressiste et ses lunes usées, du mariage des femmes au sacerdoce des gay, ou l'inverse.
Ces manoeuvres, ces tactiques, ces trahisons toutes levantines, ces convictions de façade, cette doctrine amovible sont, à n'en pas douter, ce qui freine le plus le renouveau de l'Eglise. Cette façon de danser d'un pied sur l'autre sans être capable du moindre geste de virilité, de souffler le chaud et le froid sur des âmes en attente, est le signe le plus probant de cette fin de règne, de cette longue et pénible fin.
Si l'on se tait quand un évêque défend la doctrine de l'Eglise, c'est que cette doctrine nous gêne, nous embarrasse nous-mêmes et que l'on prend le parti de ne rien dire pour n'avoir jamais à rien décider et continuer comme avant en se résignant à ne jamais rien pouvoir changer. Quand le Christ s'est tu, c'est qu'Il était mort, et Il est mort pour que l'Eglise vive et au commencement de la vie, il y a le Verbe.
Se mettre à plat ventre devant une théocratie conçue sur le modèle constantinien pour les besoins du pouvoir papal ! Comme disent les romains en parlant du Vatican : “Se Christo videsse !”
je dirais plutôt brebis galeuses, et même brebis saint-gall’euses!
Si je ne m’abuse, ces braves dames avaient déjà recommandé d’accepter la solution des délais. Je ne vois pas en quoi elles sont encore catholiques? Donc, pour une fois, soyons sages, laissons les chiennes aboyer et la caravane passera !
En tout cas, il ne faut pas compter sur les évêques pour défendre les brebis que nous sommes. Il ne nous reste plus qu’à limer nos sabots et nos dents pour faire face aux loups.
“Et oui, pour recevoir l’Eucharistie, il faut être en état de grâce, entendre en adéquation totale, par ses pensées et par ses actes, avec l’enseignement du Christ.”
Elle est bien bonne celle-là! Si c’était vraiment le cas, alors, il faudrait supprimer ce sacrement, personne n’étant jamais “en adéquation totale, par ses pensées et ses actes, avec l’enseignement du Christ”! Et il faut le dire, les prêtres ne sont eux-même de loin pas complètement purs non plus, ce qui fait que l’on peut alors même questionner leur légitimité à distribuer l’ostie! Et, je ne parle même pas des prêtres prédateurs d’enfants, hein, je parle simplement de la corruption qui règne depuis toujours dans l’église catholique à tous les niveaux de la hiérarchie et de tous les petits arrangements avec le système au jour le jour!
Par ailleurs, pour des ardents défenseurs de la démocratie, je suis étonnée de vous voir à ce point à plat-ventre devant cette théocratie qu’est le Vatican, et une théocratie passablement pourrie (comme le révèlent encore une fois les récents scandals de la banque du Vatican), ce qui fait que l’on se demande si elle est à même de représenter une quelconque autorité en matière chrétienne! En tous cas, le clergé est loin de constituer un modèle de respect de sa propre doctrine. Ou, disons plutôt qu’il ne la respecte que quand ça l’arrange!
La réalité est que pour durer ses deux millénaires, l’Eglise n’a pas arrêté de faire des compromis aussi bien politiques, sociétaux que religieux et elle le fera à nouveau s’il le faut, ne fût-ce que pour éviter que ce qui lui reste d’ouailles ne parte se jeter dans les bras des mouvements évangélistes protestants! Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que certains au sein du clergé poussent pour enprunter à ces méthodes pas très “catholiques”, mais ô combien efficaces!
[La Rédaction: “je suis étonnée de vous voir à ce point à plat-ventre devant cette théocratie qu’est le Vatican”… c’est tout à fait cela !]