J'atterris à l'aéroport de Tel Aviv et je suis ému parce que je pense à tous ceux qui, après la boucherie de la Deuxième guerre mondiale, ont trouvé ici une terre d'asile. Nombreux sont ceux qui ont dû passer par cet aéroport. La plupart étaient des juifs fuyant l’Europe avant ou après la Shoah, mais pas seulement ; il y eut aussi des résistants de divers pays qui voyaient en Israël un pays où ils pouvaient avoir un avenir. L'Europe était détruite et Israël, pays en gestation, était source d'espoir. Mais la partie était loin d'être gagnée et il fallut se battre, tant au plan économique que militaire.
Il fallut se battre non seulement contre des ennemis de l'extérieur, mais aussi pour construire un Etat. Un épisode est resté célèbre, l'Altalena. Ben Gourion, alors président d'Israël, dut prendre la décision d'arraisonner un bateau qui transportait des armes et des partisans de l'Irgoun sous la direction de Menahem Begin. Ces partisans menaçaient la légitimité du nouveau gouvernement israélien. Il y eut des morts et, aujourd'hui encore, cet épisode est débattu. Ben Gourion a-t-il eu raison de recourir à la force et d'instaurer ce que Max Weber considérait comme le fondement d'un Etat : le monopole de la violence légitime qui s’incarna dans la mise en place de l’armée israélienne ?
Qu'on débatte encore de cet épisode signale la profondeur du débat public en Israël. Il ne porte pas seulement sur le chômage, la croissance, le PIB, mais aussi sur l’histoire et des questions d'éthique liées au destin du pays. En Israël, l'économie compte, bien sûr, mais elle n'occupe pas à elle seule, toute l'espace des discussions sur l'avenir de la nation. D'ailleurs, une nation a-t-elle encore un avenir lorsqu’elle ne le comprend plus qu'en termes de croissance ?
L'Europe est obnubilée par la croissance au détriment de tous les éléments immatériels qui font vivre un pays : l'éthique, la géopolitique, le destin national, les mœurs, la tradition. Il ne suffit pas de proclamer de bonnes valeurs comme on aime le faire à Paris ou à Berlin, puisque n’importe qui peut le faire, mais de savoir comment ces valeurs pourraient, dans une certaine mesure, améliorer la réalité. Cela exige de la réflexion, de la culture, et non pas un étiage de cette réalité par le biais d’un calcul épicier des fautes et des mérites.
L’affaissement de l’Europe dans le quantitatif explique la défiance qu’inspire Israël sur le Vieux continent. Israël vit et cela rend jaloux, parfois antisémite. Tandis que l’Europe ânonne des droits et des règlements en provenance de Bruxelles et des bien-pensants, on pense, réfléchit, s’interroge à Tel Aviv ou à Jérusalem. Sans un effort de pensée, aucun projet politique n’a de sens. Mais les Européens ne savent plus penser parce qu’ils veulent imposer des solutions. Israël n’aime pas qu’on lui impose des solutions et, dès lors, irrite certains sur le Vieux continent. Cette irritation est explicable, mais elle n’est pas justifiée. Elle devrait faire place à une remise en question de la manière quantitative et soi-disant rationnelle dont nous, Européens, approchons nos problèmes.
Le débat sur l’Altalena concerne le passé, D’autres débats, plus intenses, concernent le présent et les enjeux dont il est gros pour l’avenir : les territoires occupés, le statut des juifs dits ultra-orthodoxes, les revendications des citoyens arabo-israéliens, la menace de l’Iran, le rôle de l’ONU. Les droits de l’homme ne sont pas méprisés en Israël, mais dépassés par l’intensité de ces débats. Israël affronte ses défis sans les inscrire dans un grand modèle de réconciliation universelle ou nationale. Israël ne souffre pas de l’obsession de la solution finale de tous les conflits intérieurs ou extérieurs grâce à un plan concocté dans quelque haute sphère. L’Europe, elle, souffre de cette obsession et cela n’augure rien de bon.
Jan Marejko, 4 mars 2014
Cain parle/ecrit en ignorant.
Israel est le seul pays dans le moyen orient ou la populatione chrétienne augmente.
Dans le passé ils ont epousé le theories palestiniennes, après-tout ils parlent l’arabe. Certain des représentants palestiniens et des terroristes étaient/sont chrétiens. Mais lentement ils commencent a réaliser ce qu’est le nationalisme arabes. Viva la muerte!
Am Israël Haï !
Israël ne souffre pas non plus beaucoup de ce qu’elle fait subir aux minorités chrétiennes qui y habitent…Le soutien occidental devrait être conditionné au respect des droits des chrétiens de la Terre Sainte.