Une maladresse pavée aux meilleures intentions du monde ?
Dans une lettre ouverte, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) s'oppose à l'élection d'Anian Liebrand au poste de président des jeunesses UDC.
"[...] Dès l’année 2009, vous aviez fait les gros titres des journaux - dans un contexte négatif. A l’époque, en parlant de la journée commémorative de l’holocauste, vous aviez utilisé le terme de « programmes de culpabilisation » qui serviraient à « rééduquer » les Suisses.
D’après ce que nous avons appris dans les médias, vous êtes une personnalité bien connue dans les milieux conspirationnistes de Suisse. Dans ce milieu, l’on trouve aussi beaucoup de judéophobes, et vous ne semblez pas marquer suffisamment de distance face à ces personnes.
Il semble même que vous êtes un bon ami des leaders de ce milieu. Ce qui nous dérange, c’est qu’un grand nombre de théories du complot visent les juifs et citent les « Protocoles des sages de Sion », une œuvre antisémite dont l’inauthenticité a été prouvée depuis longtemps. Les conspirationnistes affirment souvent que « l’élite financière juive » ou « les Rothschild » ou le « Mossad » régissent le monde.
Les conspirationnistes montrent leur vrai visage chaque fois que l’on analyse leurs agissements d’un œil critique. Un candidat lucernois au Conseil national vous avait critiqué en 2011 pour une action concernant le 11 septembre. Par la suite, il a reçu des e-mails le traitant de « sale juif » ou contenant des invectives racistes. A l’époque, vous souligniez que vous n’aviez ni rédigé, ni envoyé ces e-mails. Pourtant, ces mails en disent long sur vos supporters et sur le milieu dans lequel vous évoluez.
[...] Vous aussi, vous semblez nourrir un grand enthousiasme pour le régime iranien : en 2012, vous aviez organisé une conférence à Lucerne permettant à l’ambassadeur iranien de diffuser sa propagande politique, en coopération avec le groupe Amitié Suisse-Iran (Freundeskreis Iran).
[...] La FSCI est convaincue que le mandat du président de la JUDC n’est pas compatible avec des rapports douteux avec les milieux antisémites.
Si nous avons choisi la forme d’une lettre ouverte, il y a à cela deux raisons : d’abord, nous sommes d’avis que le public a le droit de connaître les personnes et les milieux avec lesquels le président d’un parti collabore. Deuxièmement, nous apprécions la transparence et nous souhaitons rendre publiques les réserves que nous avons à votre égard."
En 2005, alors même que le cas avait pourtant été relevé dans le rapport antisémitisme (p. 27) de la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (CICAD), les déclarations de Mathias Reynard - alors président des jeunesses socialistes du Valais romand et aujourd'hui conseiller national -, selon lesquelles le "peuple juif" jouait de sa condition fantasmée de "martyr" du "génocide" pour justifier le soutien de l'Occident à l'Etat d'Israël, n'ont jamais fait l'objet de la moindre réaction de la FSCI.
Et encore vous fait-on grâce de la liste des conseillers nationaux socialistes ou Verts ayant défilé derrière des bannières d'Israël maculées de croix gammées ou des oriflammes du Hezbollah, au rythme entraînant des appels au meurtre de juifs d'une Soha Bechara en special guest de ces mêmes partis sur l'estrade de la place fédérale. Et ce sans parler de tous ceux qui se sont rendus responsables, en Parlement, d'actes autrement plus offensifs à l'égard de l'Etat d'Israël que d'inviter un ambassadeur iranien à venir tailler le bout de gras.
De toute évidence, la FSCI, qui pense qu'entretenir "des rapports douteux avec les milieux antisémites" est incompatible avec la fonction de président des jeunesses UDC, ne pense pas qu'être clairement antisémite, sinon franchement négationniste, le soit avec celle de conseiller national. Deux poids, deux mesures ?
Source
Article du Temps à ce propos
“[…] Dès l’année 2009, vous aviez fait les gros titres des journaux – dans un contexte négatif. A l’époque, en parlant de la journée commémorative de l’holocauste, vous aviez utilisé le terme de « programmes de culpabilisation » qui serviraient à « rééduquer » les Suisses.
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Il y a lieu de souligner d’abord que ce sont les milieux israéliens qui, lors de l’affaire des fonds juifs, dans les années 90, ont dénoncé les premiers l’utilisation mercantile de l’Holocauste
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. Le commentaire suivant du journaliste israélien Tom Segev, cité le 27 juillet dans le «New York Times», en est un bon exemple: «S’irriter à propos des avoirs en banque de particuliers est une banalisation de l’holocauste. Les Israéliens se sentent mal à l’aise face au langage emphatique que les gens du Congrès juif mondial utilisent. Un sentiment qui peut être exprimé ainsi: «Ne m’utilise pas, n’utilise pas l’holocauste pour ta publicité personnelle.»
article de Jane H. Ingraham paru le 13 octobre 1997 dans la revue «The New American»
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Et c’est encore une personnalité juive qui a dénoncé la façon dont on a manipulé l’histoire en Suisse, par exemple à propos du film présenté par la Tv alémanique “Nazi gold”
13.8.97 M. Abraham Burg, président de l’Agence juive, critique le film de la BBC qui donne l’impression que la Shoa est l’œuvre des Suisses
26.8.97 Ouverture officielle des manifestations du centenaire du premier congrès sioniste à Bâle. M. Abraham Burg critique le film de la BBC, “Or nazi et avoir juif” qu’il juge détestable, unilatéral et injuste pour les Suisses.
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Il est donc parfaitement justifié de dénoncer encore et toujours l’ignoble idéologie nazie et de dénoncer également ceux qui l’utilise en manipulant l’histoire dans un but mercantile ou de pouvoir, par exemple en inventant le mensonge des trains de déportés à travers la Suisse ou en inventant des chiffres erronés au sujet des refoulements, 100 000 par exemple. Et en allant diffuser ces mensonges dans tous les médias du monde.
Ce qui est correct et indispensable c’est de dénoncer encore et toujours la monstruosité nazie
Il y a des médias suisses qui ont abordé la remise en cause de la thèse officielle sur le 11-Septembre. Ils sont aussi antisémites ?
http://wiki.reopen911.info/index.php/Suisse
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’eux-mêmes (la FSCI et non pas tous les juifs), se font le relais de tels amalgames. Je doute de la version officielle des attentats du 11 septembre (il n’est que de faire référence aux 28 pages expurgées du rapport de la Commission d’enquête sur ces attentats, voir http://www.reopen911.info/News/2013/12/16/11-septembre-les-28-pages-sur-le-role-de-larabie-saoudite-bientot-declassifiees/ – 46 sénateurs américains – conspirationnistes ?!!! – demandaient la déclassification de ces pages) et pourtant je ne suis pas antisémite (ça me paraitrait, ne serais-ce que bête de l’être) et pourtant je crois que l’action d’Israël est éminemment critiquable (ses relations avec l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid…ses têtes nucléaires…son colonialisme…ses 3000 morts a Gaza).
Continuons la critique…avec raison bien sur.
“Nous”… J’apprécie ce nous. Au même titre que Luca dans un autre commentaire!
Ils apprécient donc la transparence. Et souhaitent rendre publiques les RÉSERVES qu’ils ont à votre égard. Étonnantes réserves, pour conclure les affirmations qui précèdent.
Je vous signale une phrase que vous n’avez pas soulignée. Elle en dit long aussi. Jugez-en donc.
“les conspirationistes montrent leur vrai visage chaque fois….
… que l’on analyse leurs agissements d’un œil critique.”
Et moi qui ne suis pas certain de voir le vrais visages de professeurs d’université, de politiciens, de démocrates en lisant leurs propos dans les Observateurs…
Ces temps-ci, être antisémite, donc raciste, ça commence par une légère hésitation à s’enthousiasmer pour Israël. L’ombre d’une critique sur Israël fait immédiatement de vous un nazi. En France, plus personne n’ose dire un mot de travers sur ce pays. A lire l’article ci-dessus, je me dis que cette situation fait saliver d’envie les Juifs de Suisse.