Non à l’immigration sans fin et non au foulard à l’école : deux décisions à la dimension incomparable, mais qui illustrent une même constance, celle de la majorité du peuple à exiger et celle des autorités -et de la commission antiraciste- à tenter d’ignorer.
Après l’intuition que le pilonnage du genre « la Suisse est menacée de désintégration en cas de oui » tendait à dysfonctionner, les adversaires de l’initiative ont embouché la trompette de la compréhension : on est sensible à vos difficultés, oui il existe des problèmes de logements, de coût de la vie, de transports et même de concurrence aux salaires, mais nous allons nous atteler à résoudre tout cela dès le résultat de la votation. Promis, les enfants !
Ces discours paternalistes étaient les plus exaspérants. Leur message subliminal, c’est qu’un citoyen favorable à l’initiative serait en état de paralysie neuronale au profit du relâchement des tripes. Hier soir encore, la « souffrance sociale » s’invitait à la table des explicateurs déçus. Insupportable !
Un bénéfice secondaire de cette campagne, c’est que les Suisses peuvent réclamer la maîtrise de l’immigration sans se faire taxer de xénophobes. On le souhaite à tous les Européens qui rêvent ne serait-ce que de ce genre de débats, à défaut de pouvoir s’exprimer dans les urnes. Il devient aussi de plus en plus difficile d’attribuer à la bourse garnie de l’UDC ce genre de résultats.
Le voile de Au-Heerbrugg
Un autre scrutin, bien modeste lui, avait lieu hier, lié à l’immigration. Les habitants de la petite commune de Au-Heerbrugg ( Saint-Gall) ont voté à deux contre un (990 voix contre 506) l’interdiction du port du voile à l'école primaire de deux filles somaliennes de 10 et 12 ans.
En été 2013, les fillettes avaient été renvoyées à la maison par leur maître, parce qu’elles portaient le voile islamique (un règlement l’interdit depuis 2011 à Saint-Gall). Alertée, la commission scolaire avait rendu un verdict contraire : les filles pouvaient réintégrer les cours. La commission se refusait ainsi à respecter les directives du conseil scolaire saint-gallois qui interdit le port du voile en classe depuis 2011.
L'UDC locale a alors lancé un référendum.
On remarquera qu’à peine les pieds posés sur notre sol (arrivée en 2012), ces musulmans invoquent leurs « droits » et posent leurs exigences, en l’occurrence le port d’un symbole de discrimination.
C’est une exigence que Martine Brunschwig Graf, présidente de la « Commission fédérale contre le racisme » (…et pour l’extension des préceptes de l’islam dans l’espace public) accepte. Elle avait pourtant reconnu fort tôt la signification de ce foulard : « (…)c’est aussi un symbole par lequel on soustrait la femme au regard des hommes », disait-elle en 1996 !
Elle déclarait aussi : « On doit refuser tout amalgame entre une chaînette (réd : chrétienne)(…) et un foulard avec sa symbolique très forte. »(1)
Et aujourd’hui ? Darius Rochebin questionne :
« Est-ce que le foulard, c’est particulier par rapport à la croix chrétienne ou à l’étoile de David ? »
« … je dirais plutôt non. » (2)
C’est qu’aujourd’hui, MBG hante les médias (qui l’adorent) afin de faire accepter le voile, y compris à l’école primaire, afin de se battre contre l’interdiction de la burqa et de dénoncer ceux qui expriment, comme les deux tiers des Tessinois, leur volonté de l’interdire. Il lui faudra beaucoup de courage, un grand travail l’attend.
En ce qui concerne les citoyens de Au-Heerbrug, rien n’est acquis. Le Tribunal fédéral a débouté en juillet 2013 une autre commune, celle de Bürglen en Turgovie. Là aussi deux jeunes filles exigeaient de pouvoir porter le foulard en classe. La Cour suprême a fait référence à la liberté religieuse, mais ne s’est pas prononcé pas sur le fond. Elle estime simplement que si une instance veut interdire le foulard, il lui faut une loi et non un règlement.
Une école islamique
Autre actualité du jour: l’annonce que Nicolas Blancho, président du Conseil central islamique, voudrait franchir encore un pas dans le processus de lavage précoce du cerveau (dixit Saïda Keller Messahli, présidente du Forum pour un islam progressiste): la création d’une école enfantine islamique dans le canton de Zurich.
Une demande officielle a été déposée pour un établissement qui accueillerait 25 enfants de 4 à 6 ans.
Farhad Afshar, président de la Coordination des organisations islamiques de Suisse, qui représente « les modérés » selon les médias, préférerait «promouvoir les questions interreligieuses dans les structures classiques». Qu’est-ce à dire ? On examine la question de la présence des religions à la crèche ?
Question de fond : on ne sait toujours pas en quoi leur islam diffère de celui de Blancho, les modérés n’ayant jamais été questionnés à ce propos. Mais on est sûr de ceci : ils craignent comme la peste la concurrence du CCIS. Surtout qu’il attire beaucoup de jeunes.
Mireille Vallette, 10 février 2014
(1)L’Illustré, 23.10.1996
(2)RTS, D. Rochebin, 11.07.2013
Et vous, qu'en pensez vous ?