Immigration de masse. Petit bêtisier de la campagne du NON

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La saisissante progression du OUI dans la dernière ligne droite de campagne n’est due que pour une part secondaire aux inlassables efforts d’explication des initiants. Sa cause principale est à chercher dans l’erreur de timing monumentale des opposants, partis bien trop tôt en campagne, eu égard à la solidité des arguments fournis par économiesuisse, qui ont de fait tous explosés en plein vol bien avant d’atteindre leur cible du 9 février. Erreur fatale pour quiconque sait ne pouvoir compter, outre l’affichage mercenaire, que sur la faiblesse d’analyse présumée d’un public cible mal connu et mal compris..

Une fois épuisée la munition de poche fournie par économiesuisse, certains combattants du NON ont fait montre de créativité personnelle, confinant parfois à la témérité. A gauche comme à droite, ils ont terminé la campagne avec conviction, jetant tout dans la bagarre,  jusqu’à leur crédibilité.

Ainsi, pour François Longchamp, l’initiative s’en prendrait à la Genève internationale (débat Tribune de Genève du 28 janvier 2014). Selon le président du Conseil d’Etat genevois, le plafonnement des autorisations délivrées en vertu du droit suisse des étrangers aurait pour effet de limiter le nombre des diplomates et des fonctionnaires internationaux présents à Genève. C’est en tout cas ce qu’il a affirmé devant la presse et un auditoire de l’Uni plein à craquer pour l’occasion. Pourtant, personne ne l’ignore, pas même le magistrat en charge de la Genève internationale : les diplomates et les fonctionnaires internationaux ne relèvent nullement du droit suisse des étrangers mais du droit international, notamment coutumier, et ne sont par définition pas concernés par l’obtention d’un permis. Quant aux organisations non gouvernementales, le régime des contingents, qui s’est appliqué des décennies durant, n’a jamais compromis leur développement, étant rappelé que sur les 193 membres des Nations unies, seule une vingtaine d’Etats européens ont bénéficié, brièvement,  de la libre circulation.

Pour Simonetta Sommaruga, l’initiative s’en prendrait aux « secundos »  (débat Economiesuisse du 7 janvier 2014 à Morges). Selon la Conseillère fédérale, le principe de « préférence nationale » qui devra guider l’administration dans l’octroi des autorisations de travail soumises à contingent pourrait prétériter les étrangers nés en Suisses, dits de la seconde génération. C’est en tout cas ce qu’elle a affirmé devant un parterre de chefs d’entreprises vaudois réunis au bord du lac pour l’occasion. Pourtant, personne ne l’ignore, pas même la cheffe du Département fédéral de Justice et police : les « segundos » sont par définition porteurs d’une autorisation d’établissement (C), à tout le moins lorsqu’ils sont en âge d’entrer sur le marché du travail, ils n’ont par conséquent besoin d’aucune autorisation pour prendre un emploi, encore moins d’un permis de séjour (B), et ne sont donc pas concernés par l’initiative.

Mais qu’ont-ils tous à faire semblant de n’avoir pas lu le texte qu’ils critiquent ? Et quelle est cette cause qui conduit ses sectateurs à prendre sur eux tous les risques ?

Yves Nidegger

Conseiller national (UDC/Ge)

5 février 2014

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