La colère du Peuple a soufflé sur Paris, dimanche. J’ai parcouru les différents tronçons du cortège de Jour de Colère. La diversité des révoltes était superficielle. La révolte ne l’était pas. Plus frappante était la diversité des âges, depuis les jeunes « homen » torses nus sous la pluie froide jusqu’aux têtes chenus. C’était la fronde du pays réel, avec ses provinces, ses métiers, sa foi et ses valeurs. De partout montait l’exaspération contre un homme qui concentre en lui toutes les turpitudes de la classe politique, du mensonge cynique à l’incompétence prétentieuse, un homme qui ment aux Français comme à ses proches, qui jouit sans modération des petits avantages du pouvoir sans répondre à l’attente du Peuple, un homme qui couvre notre pays de ridicule à l’étranger et ne peut faire un pas en France sans risquer les quolibets, un homme qui impose des lois et des taxes dont il s’exonère lui-même, un homme qui méprise les valeurs auxquelles beaucoup sont attachés, un homme que de plus en plus de Français souhaitent voir quitter des fonctions qu’il semble avoir usurpées . A force de décevoir les uns, d’indigner les autres, il a réussi l’exploit de coaguler les mécontentements dans un désir de chasser l’intrus. C’était le sentiment qui animait le long défilé hérissé de drapeaux et de banderoles, martelant des slogans vengeurs et soulevé parfois par de vibrantes marseillaises. Ce qui parcourait la foule avant tout et lui donnait son unité était un besoin de France, d’une France respectée dans le monde parce qu’elle aura réussi à redonner à ses forces vives le goût du travail et la fierté de leurs valeurs.
Une manipulation de l’information a visé à mettre l’accent sur les incidents qui ont marqué la fin de la manifestation. Il est clair que le Ministère de l’Intérieur, récidiviste en la matière, n’a rien négligé pour permettre aux médias de donner une image extrémiste et violente d’une manifestation qui s’était déroulée dans le calme et la ferveur. La fin du cortège avait été imposée sur la Place Vauban, une demi-lune, barrée par les Invalides, et dont toutes les issues étaient bloquées par des forces de police en surnombre. Il s’agissait d’installer une nasse, d’y augmenter la pression et sans doute d’y commettre des provocations et des incidents afin de pouvoir brandir la « preuve » des 250 interpellations répétées en boucle pour ternir l’image de l’événement. Vers 17h30, j’ai tenté de quitter le périmètre pour regagner ma province. Un cordon de gendarmes mobiles fermait le Boulevard des Invalides sauf sur le trottoir opposé à l’édifice. Un officier m’a empêché de sortir par cette issue. J’ai découvert avec stupeur que le barrage refoulait les piétons vers l’intérieur. Deux observations : on ne comprend pas la logique qui consiste à interdire à un piéton isolé de quitter une manifestation sauf à vouloir augmenter la température du chaudron. La seule solution résidait dans la station de métro Saint François-Xavier où la foule, filtrée par la police, passait par vagues. Dans les escaliers, aux portillons, c’était la bousculade dans l’affolement des agents de la RATP dépassés par la situation. Là encore, paradoxalement, les forces de l’ordre créaient donc du désordre et de l’insécurité. Mais la seconde remarque ne porte plus sur la cohérence, mais sur le droit. Entraver sans discernement la libre circulation d’un piéton sans arme, qui présente une pièce d’identité avant même qu’on lui demande, et qui cherche à quitter l’espace où se situe le risque de trouble à l’ordre public est à l’évidence une atteinte à la liberté constitutionnelle d’aller et de venir. Les provocations policières et les échauffourées qui ont suivi n’ont fait que souligner l’usage peu républicain que le Ministre de l’Intérieur fait de ses pouvoirs. Le slogan de « dictature socialiste » a pris tout son sens.
Lorsqu’on compare le déploiement considérable des forces de l’ordre et leur étrange utilisation aux résultats du Ministre dans la lutte contre la délinquance, on se dit que les sondages qui lui sont encore favorables, n’ont aucun fondement. C’est le même Ministre qui porte atteinte à des libertés fondamentales et qui affiche après 18 mois de règne une augmentation de la délinquance, notamment des cambriolages (+ 4,7% en zone police et 6,4 % en zone gendarmerie), des vols à la tire (+ 12% partout) souvent accompagnés de violences. Les Français seront ravis d’apprendre que les cambriolages et les homicides se font davantage à la campagne… « Les résultats sont là » a osé le Ministre. Le vrai problème pour les Français, c’est que lui soit encore là.
Christian Vanneste, 28 janvier 2014
La République était loin d’être assez mure pour élire le plus mauvais des citoyens à sa tête.
La prochaine fois soyons plus modestes, prenons en un meilleur et supportons le.
Un président qui aurait quelque autorité, quelque morale, quelque vision, bref un père pour des français qui ont cru bien trop tôt à leur émancipation, à la fin de l’histoire.