Quand Le Matin se mêle de culture…
Parce qu'il est conservateur, Mgr Vitus Huonder doit être régulièrement fessé, quel que soit le prétexte.
Dans Le Matin du jour, en page 2, dans la chronique "les 3 qui font l'actu", où l'affliction le dispute régulièrement à l'oligophrénie, Laszlo Molnar s'en prend à l'évêque de Coire en ce que celui-ci a l'audace d'exiger de tous ceux qui demanderaient le mariage catholique qu'ils soient effectivement préparés... au mariage catholique.
Pour M. Molnar, l'évêque Huonder a le tort de ne pas se trouver heureux d'être sollicité gracieusement par tout candidat à un brin de décorum sur fond de robe blanche et de vouloir, en somme, parler de religion dans une église... Une honte à n'en pas douter !
L'argumentation est digne d'une analyse de bilan d'une entreprise multinationale:
"L’évêque, connu pour son conservatisme, va certainement s’infliger un autogoal. Beaucoup de jeunes diront qu’il en demande trop et, surtout, voudront-ils sacrifier du temps à une longue préparation?"
Demander aux "jeunes" un semblant de conviction au moment de s'engager pour la vie, ne serait-ce, mon Dieu, que de prendre connaissance des termes de cet engagement, c'est s'éloigner d'une vision de rentabilité fondée sur la production de masse, sans la moindre considération pour la qualité, se bercer de l'illusion qu'un passage en coup de vent devant le curé, le temps de la fête, suffirait à remplir durablement les églises, c'est réduire la foi à la gestuelle des mairies, c'est ne rien avoir compris, en somme, au sens même de toute religion. Quant à l'argument suprême de M. Molnar, "voudront-ils sacrifier du temps à une longue préparation?", il dit tout du sens des priorités de l'auteur, dont l'esprit semble à jamais confit dans les graisses d'un consumérisme omnipotent.
Mais que reproche-t-il vraiment à Mgr Huonder ? Une "«préparation intensive» pour comprendre la signification profonde de leur engagement". C'est déjà de trop:
"Concrètement, les fiancés devront se soumettre à l’enseignement catholique de la sexualité. Ils auront de plus la difficile tâche de démontrer qu’ils ne rechignent pas à faire des bébés, c’est-à-dire qu’ils renoncent à toute forme de contraception. Ils devront enfin prouver leur fidélité à l’Eglise et rejeter toute déviance, tels le mariage gay ou celui des divorcés."
Outre le fait que l'on peut s'interroger sur la notion de "mariage des divorcés", et que cette Eglise deux fois millénaire s'arroge la liberté d'attendre un peu avant d'adhérer à celle de "mariage gay", on ne voit pas en quoi les candidats au mariage catholique, qui ne sauraient être ni l'un ni l'autre, pourraient être concernés.
Quant à l'obligation d'une préparation au mariage, elle n'est pas du fait de Mgr Huonder, mais bien du droit de l'Eglise, de même que la détermination "à faire des bébés", qui est la fin première du mariage catholique, fin qui n'interdit pas cependant, contrairement à ce qu'affirme M. Molnar, "toute forme de contraception".
Mgr Huonder ne fait, somme toute, que faire ce que lui demande l'Eglise, à savoir son job. M. Molnar, quant à lui, aurait plus tôt fait de signifier son rejet des catholique et de leur doctrine plutôt que de tenter de se cacher vainement derrière le "Schwarzpeter" du conservatisme. Il eût profité ainsi d'une nouvelle occasion ne pas étaler l'inculture et la docilité dogmatique qui semblent sévir dans les feuilles volantes d'un quotidien par trop agité par l'air du temps.
Ô surprise, trois pages plus loin, “GARDE SUISSE DRAGUÉ PAR DES CARDINAUX”, “Le Vatican est un paradis pour les gays”.
Une campagne de harcèlement à l’aube des votations du 9 février sur le financement de l’avortement ?