Tschäppät: cette gauche que la RTS caresse avec tendresse

Le Conseiller national socialiste et maire de Berne, Alexander Tschäppät, sous le coup d’une plainte pénale pour discrimination raciale, à deux doigts de l’incident diplomatique avec l’Italie, peut compter sur le soutien logistique du média d’Etat. Evidemment, ça ne marche que si vous êtes de gauche…

 

Forum, hier:

"On lui aura beaucoup pardonné parce qu'il aura beaucoup aimé...

[...] Ses frasques ne datent pas d'hier, elles n'ont aucune emprise sur sa popularité, elles forgent le personnage...

[...] Mais bien des commentaires, plutôt que de condamner les propos du maire, déplore aujourd'hui surtout le manque de sensibilité du public pour l'autodérision d'Alexander Tschäppät."

La presse suisse se fait particulièrement discrète sur les propos réels du maire socialiste, pour La Tribune de Genève, il aurait dit: "Pouvez-vous vous imaginer un Italien du Sud qui travaille trop?". Le Site de la RTS ne fait aucune citation, la dépêche ATS le couvre admirablement... silence radio.

Le rempart médiatique autour du socialiste est infranchissable, il faut se tourner vers les médias italiens pour savoir enfin de quoi il retourne. Ainsi, le maire socialiste aurait commis des plaisanteries du genre:

"Les Italiens sont aussi petits parce que les mères disent toujours à leurs enfants: quand tu seras grand comme ça, tu devras aller travailler." (source)

"Un Napolitain qui travaille ? Et même qui aurait plusieurs emplois? Impossible!" (source)

Les édiles cisalpines ont beau jeu de rappeler que ce ne sont pas les socialistes bernois qui ont bâti la richesse du petit voisin du nord. Reste que l'offense est durement ressentie. Sensible au clivage nord-sud, l'Italie reçoit les quolibets du Conseiller national comme une humiliation, un camouflet qui tendrait à rappeler la supériorité présumée de l'alémanique du nord sur l'Italien du sud. Du racisme, simple, efficace, bien épais. Pour l'Italie toute entière, c'est la Suisse qui parle.

La RTS disculpe:

"Tout prend vraiment une ampleur, très rapidement actuellement, mais ça retombe aussi assez vite, on ne surréagit pas un petit peu parce qu'il y a les réseaux sociaux et puis, deux jours après, on passe à autre chose ?"

L'invité corrobore, la faute aux vacances, l'actualité est en sommeil, un "non-événement", une aubaine pour les pigistes de garde pendant les fêtes, les Ritals n'ont qu'à remballer leur susceptibilité et à aller se rhabiller.

La RTS, qui simule à merveille la contestation, balise tout de même le terrain:

"Il a tenu des propos que certains considèrent comme racistes [...] le politique doit avoir certaines limites?"

La question est posée à un politique PLR qui se targue d'humour (il participe à une revue annuelle à vocation comique), la réponse est non, bien évidemment, mais c'est admirablement essayé.

Un petit passage par Dieudonné qui, lui, n'étant pas issu des institutions politiques agrées, est "sorti" des limites autorisées: "On n'est plus dans une question d'humour, là on est dans une question de débat partisan, de défense d'une idée."

Vous l'avez compris, à l'intérieur du système un dérapage est admis, à l'extérieur, non. Le jugement ne repose donc plus sur la qualification des faits mais bien sur la capacité de l'auteur à s'assimiler docilement à la hiérarchie non écrite d'un système non dit.

 

Quid à droite ?

Et si Alexander Tschäppät avait été de droite, et s'il avait été UDC, un UDC au verbe fleuri, à la langue bien pendue, coutumier de "frasques" légendaire et amateur de bons mots mâtinés d'un brin de vulgarité gouailleuse ? Et si Alexander Tschäppät s'était fendu de quelques vers ? On lui aurait dépêché fissa un Karl Grünberg de SOS Racisme (Forum 9 septembre 2004, 30 septembre 2007, et ainsi de suite) pour endiguer le verbe sulfureux du fauteur anti-système, rebaptisé "pissoir-poet" par la presse de caniveau, jeté en pâture aux officines de vertus estampillées pour devenir un synonyme de racisme larvé: "C’est du niveau d’Alexander Tschäppät" lancerait-on pour un oui ou pour un non, jusqu'à rendre vraisemblable auprès de la population l'intentionnalité profondément raciste et nazie de la possession aléatoire d'un drapeau allemand au prétexte que les Allemands sont tous culturellement suspects, et que ledit drapeau aurait été vu, aux environs des années 80, en possession d'un quarteron de crânes rasés égarés au fond d'un obscur virage de stade.

Pas d'humour, pas de liberté, pas de droit à l'autodérision, mais la fracture en force, le tocsin, l'hallali, Martine Brunschwig-Graf, la main sur le coeur, disant toute son inquiétude aux masses affolées.

La situation, l'honneur des Italiens exige, et exige sur le champ, que la présidente de la Commission fédérale contre le racisme prenne la parole publiquement, à heure de grande écoute, pour dénoncer le racisme de l'élu socialiste, qu'elle dise:

"C'est quelqu'un qui a été élu, et donc il doit assumer maintenant la responsabilité qui est liée à son élection. Je ne désespère pas de penser qu'il comprenne que ce qu'il fait et ce qu'il dit a une importance" (source).

La RTS doit encore sortir un expert de ses tiroirs pour assurer que:

"Si un extrémiste de droite [ou d'ailleurs, ndlr] entre dans la pièce et qu'il [entend ces propos], il va se sentir bien, son coeur va vibrer" (source).

Si le racisme est grave et s'il faut le combattre, c'est ce qu'il convient de faire. Ou bien alors, le racisme ne peut être porté que par la magie d'une idéologie non alignée à gauche et ne serait prêté qu'à une certaine dissidence de droite, à toutes fins utiles. Dans ce cas, s'il est légitime de sourire en coin pour monter les rieurs contre les plaignants qui ont le tort de désigner le maire de Berne, tout cela n'est que du flan et la complainte anti-raciste n'est qu'un outil de domination, de dictature idéologique tendant à établir que tout homme de droite tiendrait sa référence du national... socialisme. Si un socialiste qui humilie les Italiens, ou un autre qui raille les Juifs doivent s'en sortir parfaitement indemnes, tandis qu'un UDC, pour quelques traits d'originalité, ne sera plus lâché pendant plus d'une décennie, c'est que tout est faux. Et si tout est faux, alors, il faut cesser d'y croire.

 

 

Forum RTS 30.12.2013

 

Alexander Tschäppät dans ses oeuvres:

3 commentaires

  1. Posté par Ueli Davel le

    Quand Tschä pät les medias applaudisent.

  2. Posté par Bernd Palmer le

    Racisme, quel racisme ? Il n’a y pas plus de différence de race entre un italien et un suisse qu’entre un jurassien et un bernois ou un zurichois et un bâlois.
    D’ailleurs, vous connaissez la différence entre un politicien romand et un politicien alémanique ? Je vous laisse sur votre faim, je n’ai pas le droit de le dire en public ….

  3. Posté par Bois-Guisbert le

    Il m’a été donné d’observer que ceux qui réagissent le plus mal aux plaisanteries “racistes” sont ceux qui ont des problèmes avec leur origine et leur identité, le complexe d’infériorité n’est jamais bien loin…
    Maintenant, le cas particulier étant ce qu’il est, on peut espérer qu’il porte un premier coup sévère au liberticide article 261bis du Code pénal, aux yeux d’une large majorité de l’opinion publique.
    En attendant, on notera la saine réaction du secrétaire local varésin de la Ligue du Nord, Marco Pinti à propos du dépôt de plainte : “Il me semble que c’est très exagéré, après tout ce n’est qu’une plaisanterie. Et ceux qui s’insurgent contre un peu de satire ne savent pas ce que signifie être discriminé. Ils devraient le demander à la génération de nos grands-parents qui ont vécu une triste histoire de réelle discrimination quand ils allaient chercher du travail à l’extérieur.” (La Provincia di Varese”, quotidiano on line, 31.12.2013)
    Pour conclure, on ne s’étonnera pas de voir Mme Martine Brunschwig-Graf sauter dans le train, en marche, de la torquémadisation de notre bout de continent.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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