Mes premiers doutes sont apparus en Afrique, en faisant de la géorésistivité pour rechercher de l’eau. Rien de sorcier : vous envoyez du courant dans le terrain, vous mesurez et vous avancez un peu plus loin, avec un pas régulier, en général de 20 mètres, pour faire une autre mesure.
Quand les valeurs de résistivité apparente décroissent fortement, c’est que le terrain est mouillé et que par conséquent, vous avez découvert une fracture aquifère. Cela s’appelle un traîné. Après cela, vous pouvez améliorer votre connaissance de la zone en faisant un SEV, un sondage électrique vertical. Vous restez sur ce point favorable et vous agrandissez le système d’injection du courant en agrandissant la distance entre les électrodes d’injection et de mesure. Physiquement parlant, ce modèle a été prévu pour un système de terrain stratifié multi-couches horizontales. Mais voilà, on s’est aperçu que cela donnait aussi quelques renseignements sur un terrain aquifère fracturé, en particulier sur la profondeur de la couche intéressante.
Déjà à ce stade, on met le pied dans le grand n’importe quoi. Mais cela se fait. À tout hasard. Et il existe depuis longtemps, plus d’une vingtaine d’années, des modèles d’interprétation de ces SEV par ordinateur. Le hic, c’est que la résistivité apparente d’une couche, c’est le produit de son épaisseur par sa résistivité. 10 mètres à 50 Ohm.mètre ou 20 mètres à 25 Ohm.mètre, kif-kif. Alors quand mes jeunes colllègues africains, qui avaient légèrement tendance à déifier leurs ordinateurs, venaient me dire que la couche aquifère se trouvait à 21.98 mètres de profondeur…
Je mettais cela sur le dos de la jeunesse et des méthodes informatiques et de leurs nouveaux utilisateurs mais il n’en est rien. C’étaient les premiers signes de l’apparition d’une nouvelle religion, tout aussi irrationnelle que les précédentes : l’idolâtrie du modèle informatique. On a appris récemment que si Roselyne Bachelot,. ministre de la santé dans le gouvernement Sarkozy, a fait acheter 98 millions de doses de vaccins contre le virus H1N1 de la grippe, c’est que les modèles de l’OMS donnaient une prévision de 10 millions de morts pour cette future épidémie.
Les scientifiques qui ont gardé les pieds sur terre admettent communèment qu’en fait, les modèles sont soit trop simples et donc quasi-inutiles, soit trop compliqués et donc inutilisables.
Le clash du H1N1 est là pour le démontrer…
Mais c’est bien évidemment sur le climat et sa prévision à long terme que cette déviance devient franchement inquiétante. Le facteur clé d’un éventuel changement climatique serait la teneur en CO2 de l’atmosphère. Il se trouve que depuis le début de la Terre, la teneur en CO2 de l’atmosphère est tamponnée par les océans, où ce gaz se mélange au calcium pour faire du calcaire. Il vous suffit de regarder autour de vous pour en voir le résultat : le Salève à Genève, le Jura, les Hautes Alpes calcaires sur Vaud et Valais…
Le problème, c’est que les océans sont extraordinairement complexes et encore effroyablement difficiles à modéliser. Ils recouvrent le 70 % de la surface terrestre, avec une profondeur moyenne de 5000 mètres. La réaction CO2 à CaCO3 est évidemment aussi très complexe. Une immense complexité à faire entrer dans l’immense complexité des océans. Nos modélistes du climat ne sont pas foutus de prévoir la venue ou non de El Niño l’année prochaine. C’est dire qu’ils n’ont pas encore compris le millionnième de ce qu’il faudrait pour comprendre et prévoir la réaction CO2 à CaCO3 dans l’océan. Quant aux interactions entre cette réaction à l’intérieur des océans et le CO2 de l’atmosphère, on en est aux balbutiements. Les spécialistes de la question nous disent que les océans s’acidifient, ce qui prouve à tout le moins que tout se passe normalement, c’est-à-dire par la phase HCO3-, acide faible, qui donnera du calcaire par la suite comme cela se fait depuis la naissance de la Terre…
Tout cela vous semblera peut-être fort indigeste et inutile ? Il est paru quelques lignes, un vague entrefilet dans 24 heures, il y a quelques jours : le Bangladesh s’insurge de n’avoir pas encore reçu les cent milliards de dollars que lui doit l’Occident, principal coupable du réchauffement climatique. Préparez-vous à retirer le pain de la bouche de vos enfants, braves gens. Ceux du Tiers-Monde ont faim et ont beaucoup de complices parmi nous. Cette nouvelle religion n’est pas plus désintéressée que les autres…
merci Géo pour cet article très révélateur d’un monde capable d’imiter ce quj marche depuis des siècles dans l’alimentation ou dans le domaine médical médical .Ou comment détrôner un produit soi-disant toxique ou mauvais pour la santé pour permettre l’émergence d’une nouveauté. Commercialement parlant c’est un truc vieux comme le Scoutisme mais qui semble encore divinement fonctionner
Excellent article ! Ouvrons donc les yeux et n’écoutons pas ces nouveaux prophètes de l’apocalypse pour lesquels des modèles informatiques plus que boiteux sont du pain béni.