En matière de chômage, pourquoi François Hollande a-t-il le triomphe modeste? C’est la question que l’on doit se poser tout naturellement.
Sa prudence dont certains commentateurs s’étonnent, provient de sa prise de conscience d’une réalité que la méthode Coué ne suffit pas à enjoliver.
Or, ce soir, sur BFMTV, les journalistes, d'habitude moins serviles, répondaient que le président français ne savait décidément pas communiquer...
S'il a le triomphe modeste, est-ce vraiment parce que la modestie lui est chevillée au corps ou parce qu'il n'y a tout simplement pas de quoi triompher?
Regardons de plus près les chiffres publiés aujourd'hui.
Le nombre de chômeurs de la catégorie A (les demandeurs d'emploi qui sont tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi et qui sont sans emploi) a baissé de 20'500 de fin septembre 2013 à fin octobre 2013. Soit.
C'est une baisse mirifique, mais trompeuse... Car, dans le même temps, 52'600 chômeurs ont été radiés en octobre 2013, contre 41'800 en septembre 2013, ce qui correspond à une différence de + 10'800...
D'autre part, si Michel Sapin, Ministre du Travail, affirme que chaque jour 500 contrats d'avenir sont en ce moment signés par les collectivités publiques (à mi-octobre 2013, le nombre de contrats d'avenir avait atteint 70'000 contre 55'000 à fin août), il n'y a pas de raison de ne pas le croire sur parole. Or + 15'000 contrats d'avenir en un mois ne permettent-ils pas d'améliorer avantageusement les statistiques du chômage, surtout celles des jeunes?
Si le nombre de chômeurs de la catégorie A a baissé grâce à ce qu'il faut bien appeler des artifices cosmétiques, le nombre des chômeurs de la catégorie B (les demandeurs d'emploi tenus de faire des actifs positifs de recherche d'emploi et qui ont une activité réduite courte, c'est-à-dire inférieure ou égale à 78 heures par mois) a augmenté de + 23'700 et celui des chômeurs de la catégorie C (les demandeurs d'emploi qui sont tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi et qui ont une activité réduite longue, c'est-à-dire supérieure à 78 heures par mois) a augmenté de + 36'400...
Bilan global des catégories A, B et C : + 39'600 chômeurs (= - 20'500 + 23'700 + 36'400)
Comme Pôle Emploi ne tient pas de listes distinctes des flux d'entrées et de sorties pour chaque catégorie, ce chiffre est à rapprocher des flux d'entrées et de sorties globaux pour les catégories A, B et C. On arrive alors à un solde de + 44'300 chômeurs pour la France entière (entrées totales = 514'400, sorties totales = 470'100)... D'après Pôle Emploi les entrées seraient surestimées et les sorties sous-estimées du fait d'un décalage d'un mois dans leur enregistrement... Ce qui expliquerait une différence de 4'700... entre les deux calculs.
Quoi qu'il en soit le nombre total de chômeurs a donc globalement et réellement augmenté, d'au moins 40'000 personnes ...
Il n'y a donc pas de quoi pavoiser...
En effet, on a vu que le nombre de chômeurs de la catégorie A n'a baissé que grâce à une augmentation forte des radiations (+ 25.8%) et à la conclusion massive de contrats d'avenir, et que le nombre de chômeurs des catégories A, B et C a augmenté dans le meilleur des cas de + 39'600...
Si aux catégories A, B et C, on ajoute, pour faire bonne mesure, les catégories D (les demandeurs d'emploi non tenus à faire des actes positifs de recherche d'emploi et sans emploi) et E (les demandeurs d'emploi non tenus à faire des actes positifs de recherche d'emploi et en emploi), le nombre total des chômeurs en France métropolitaine est passé de 5'473'000 à 5'528'900 de fin septembre à fin octobre 2013, soit une différence de + 55'900...
François Hollande sait évidemment tout cela, sans aucun doute. Sa prudence dont certains commentateurs s'étonnent, provient de sa prise de conscience d'une réalité que la méthode Coué ne suffit pas à enjoliver.
Francis Richard, 28 novembre 2013
Source : le blog de Francis Richard
Et vous, qu'en pensez vous ?