TRIBUNE – Revenant sur la récente agression en Isère d’un adolescent par un groupe de jeunes de 12 à 15 ans, Chantal Delsol s’étonne que l’on s’en étonne.
Un adolescent qui se promène innocemment dans une simple fête foraine se voit sans raison rouer de coups et agresser au couteau. Il a quatorze ans. Ses agresseurs, entre douze et quinze ans. Heureusement les forains, qui sont sur place, interviennent. La victime, gravement blessée au visage, sort de l'hôpital avec cinquante points de suture. Le couteau est passé près de la carotide.
Il y a des «faits divers» dont on se passerait bien, tant ils sont révélateurs d'un inacceptable encore impensé. Trois petits malfrats, presque des enfants, attaquent à mort sans raison. Les rapports insistent sur le fait qu'ils étaient désœuvrés. Au fond ils lynchent un passant pour se désennuyer. Il faut en conclure que pour eux le tabassage ne signifie rien. La violence est un mode d'expression comme un autre. Elle n'est pas plus répréhensible que le fait de cracher par terre. Le plus étonnant n'est pas que ce genre de délit se produise. L'indignation qui accompagne sa découverte est plus étonnante encore, car elle démontre que nous renâclons à établir les liens entre causes et effets. Il y a quelques semaines, on portait à la connaissance du public l'histoire suivante: des responsables éducatifs venaient de s'apercevoir que deux jeunes lycéennes se livraient depuis plusieurs mois à la prostitution - non par manque d'argent, mais davantage pour se désennuyer. Les journalistes de radios décrivaient cela avec indignation et interrogeaient gravement: «Il faudrait comprendre pourquoi ce manque de repères…» Cependant, c'étaient les mêmes journalistes qui à longueur d'année s'évertuent à ricaner sur les gens à principes, à «faire tomber tous les tabous» les uns après les autres, à identifier les scrupules avec des dogmes moyenâgeux dont il faut se débarrasser, à louer la vertu de l'infidélité, à affirmer que chacun est propriétaire de son corps, etc.
Il en va de même pour les petits malfrats de Saint-Quentin-Fallavier. Tout est fait pour discréditer l'éducation, en amont, et la sanction, en aval. Quand sont apparues il y a quinze ans des études internationales sérieuses qui montraient que 95 % des jeunes garçons «à problèmes» (pour être pudique) n'avaient pas de père, personne ne voulait publier cela en France, car c'était une injure aux mères célibataires - ne pas le publier était plutôt une injure aux enfants présents et futurs. Récemment, un père de famille coupable d'avoir administré une fessée apparaît menotté devant le tribunal de la réputation. On le convainc de barbarie et on le traite de mauvais père sur l'air des lampions. Si quelqu'un s'insurge contre la fréquence des scènes de violence à la télévision, il est immédiatement traité de bégueule et de cul-bénit (on doit à tout prix maintenir les corps en santé parfaite, mais le souci de la santé des esprits est mal vu). Par ailleurs, le gouvernement nous indique que les prisons sont beaucoup trop pleines et qu'il va falloir se résoudre à les réserver pour les plus grands crimes. Chacun se doute que dans la réalité, les malfrats de Saint-Quentin ne risquent pas grand-chose...
Auteur de l'article Chantal Delsol, Le Figaro, 8-9 novembre 2013,
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Ce que j’en pense ?
Je pense qu’il est temps de dresser tout ce petit monde et ne plus accepter le moindre “dérapage” comme se complaisent à gémir les progressistes de tout poil.
L’Occident , et la France en particulier a confondu la démocratie et le laxisme décadent.
Il ne faut pas s’étonner que d’aucuns testent les limites de cette tolérance jusqu’à l’absurde.
Ils ne doivent pas en croire leur yeux que ce pays permette tout et n’importe quoi.
Jusqu’à quel degré de barbarie faut-il que nous en arrivions pour déciller les yeux des plus endormis ?
Je crains qu’il ne faille changer notre logiciel de fond en comble, tant il est vrai que devant des comportements fascisants ne nous pouvons plus de permettre d’employer les habituelles armes de dissuasions candides.
Cela est en cours, ce ne peut pas être autrement. Quelques résistances ça et là encore, mais plus pour longtemps à mon avis.