«Non au Gripen» mais «Oui à une armée bonsaï»!

Pierre Streit
Pierre Streit
Historien, Revue militaire suisse

Les « dangers » sont connus et font l’objet d’un suivi permanent : il suffit de lire le rapport annuel du SRC pour s’en convaincre. Ce qui est en question ici, ce sont les moyens que nous sommes prêts à investir pour notre sécurité collective. Depuis 1990, le budget militaire est passé de 20 à moins de 7% du budget global de la Confédération. Bientôt, il n’y aura plus rien à économiser et nous aurons alors une « armée bonsaï » …

 

Le 6.11.2013, le comité libéral « Non au Gripen » a présenté ses arguments. Florilège.         « Pourquoi est-ce qu'on achète le Gripen? A cause des retombées économiques pour l'industrie de l'armement. Donc, on achète un avion inutile et inutilisable à cause de ses basses performances pour aider une industrie en difficulté », a résumé le conseiller national Jacques Neirynck (PDC/VD), ce grand spécialiste des questions de défense et grand admirateur de notre armée, une « école d'ivrognerie, de tabagisme et de paresse » (Tribune de Genève, 3.9.2013). Que dire de la crédibilité de ce politicien?

S'ils ne sont pas contre l'armée, les membres de ce comité sont en revanche opposés au gaspillage. L'achat du Gripen représente à leurs yeux un mauvais investissement: il serait plus utile de mettre cet argent dans la formation, les énergies renouvelables ou la recherche. En résumé, oui à une armée qui ne coûte rien …

« Des rapports de l'armée montrent que les actuels F/A-18 suffisent pour la police de l'air, ce qu'a également déjà confirmé le Conseil fédéral » a ajouté Heiner Studer, ancien conseiller national du Parti évangéliste. Merci de citer vos sources précisément, cher Monsieur. Je vous renvoie à mes derniers billets pour en revenir aux faits. Pourquoi acheter de nouveaux avions de combat alors que ceux-ci ne voleraient que les jours ouvrables et pendant les heures de bureaux, s'interroge encore M. Neirynck … On croit rêver devant tant d’ignorance. Les F/A-18 seuls ne suffisent pas à assurer la police de l’air, même les jours ouvrables et pendant les heures de bureaux. Si vous connaissez des terroristes prêts à détourner des avions durant ces heures, voire attaquer alors le Palais fédéral, je serai le premier à exiger que M. Neirynck reçoive le Prix Nobel de littérature pour son œuvre L’attaque du Palais fédéral (Editions Favre).

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Aux yeux de ce comité, avant de dépenser autant d'argent, mieux vaudrait redéfinir les priorités et les dangers auxquels l'armée devrait pouvoir faire face. Les « dangers » sont connus et font l’objet d’un suivi permanent : il suffit de lire le rapport annuel du SRC pour s’en convaincre. Ce qui est en question ici, ce sont les moyens que nous sommes prêts à investir pour notre sécurité collective. Depuis 1990, le budget militaire est passé de 20 à moins de 7% du budget global de la Confédération. Bientôt, il n’y aura plus rien à économiser et nous aurons alors une « armée bonsaï » …

Pierre Streit, 7 novembre 2013

2 commentaires

  1. Posté par Pierre Streit le

    Totalement d’accord avec vous. Lisez mes précédents billets sur ce site pour vous en convaincre. Ceux-ci répondent à deux questions centrales. Pourquoi faut-il de nouveaux avions de combat (menace, besoin opérationnel)? Pourquoi le Gripen est-il un choix crédible? Je n’ai pas écrit le meilleur avion dans le meilleur des mondes possibles mais celui qui, en termes opérationnels et vu le budget disponible, permet de remplir nos besoins.

  2. Posté par vincent gillioz le

    Un des points essentiels liés à ce débat consistera à informer rigoureusement le public au sujet de la nécessité de l’acquisition de cet avion. Si nous estimons que la Suisse doit compléter sa flotte, il faudra examiner toutes les questions pertinentes, afin d’y répondre de manière crédible. Dans ce cadre, je regrette que le texte de Pierre Streit ne donne pas plus d’informations à ce sujet…

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