Contradictions de l’écologie de gauche

Géo
Nom de plume, blogueur

La gauche est productiviste par essence même. Dans un régime socialiste, il faut que les usines tournent à plein régime pour que les « travailleurs » ou le « peuple » puissent tous jouir de biens matériels à égalité. Que chacun dispose de son petit appartement (Christiane Rochefort, « Les petits enfants du siècle »…), de sa petite voiture du peuple, Volkswagen ou 2CV. Le socialisme est un bâtard du christianisme, l’ « amour du prochain » en bandoulière et le « croissez et multipliez » au front. Avec tous les effets secondaires négatifs que cela peut comporter, en particulier un irrespect total de l’environnement.

 

L’écologie a versé dans le camp anti-capitaliste dans la veine de la dénonciation des « maquereaux des cimes blanches » ici en Suisse, et bien avant dans les Charlie Hebdo avec les luttes anti-nucléaires (Pierre Fournier). Le grand capital qui se moque de l’environnement, ce n’était pas vraiment faux dans les années 70, et cela induisait de fortes contradictions avec les intérêts mêmes de la société de ces années. L’effet des émanations fluorées d’Alusuisse à Martigny, Schweizerhalle, la présence de Raffineries dans un endroit aussi inadapté que la Plaine du Rhône : il y a beaucoup d’exemples pour le montrer.

L’écologie de gauche, voire d’extrême-gauche, ne vient donc pas de nulle part. Le premier hiatus se situe dans l’idéologie anti-nucléaire. Les mêmes qui manifestaient quelques années plus tôt contre la bombe atomique en prônant l’usage civil de l’atome se sont retrouvé à manifester contre cet usage peu après. Et dans ces années-là, les années 70, déjà des voix qui craignaient l’effet de serre dû à l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère s’élevaient pour défendre le nucléaire contre les énergies fossiles. Le problème des déchets nucléaires est un problème strictement politique et se résout techniquement sans aucune difficulté, cela a été évident dès le début de la question.

Quarante ans se sont écoulés depuis la naissance de cette extrême gauche pastèque. Au départ, leur camouflage était pour le moins sommaire. Il suffisait d’écouter quelques secondes Anne-Catherine Ménétrey pour comprendre que le rouge n’était pas très loin. Avec un ancien mao à la tête du parti, Ueli Leuenberger, les choses étaient tout aussi évidentes.

Mais actuellement, les contradictions s’agrandissent fortement, mondialisation oblige. Le débat du 6 novembre sur RTS 1 avec Adèle Thorens était très significatif. La grande distribution, les prix bas pour tous, le marché unique, le cassis de Dijon, tout cela met en l’air les valeurs des écolos. Acheter en Suisse du lapin avec l’étiquette « produit d’une manière non conforme aux lois suisses » est indéfendable évidemment à leurs yeux, quand le représentant des consommateurs n’y voit rien à redire. Et des fraises d’Espagne produites par des migrants d’Afrique, probablement formés grâce aux fonds européens comme ingénieurs, enseignants ou techniciens mais réduits en esclavages en Andalousie, c’est encore plus indéfendable. Adèle Thorens a raison, mais c’est le modèle UMPS, radical-socialiste en Suisse, qu’elle remet en cause.

Et en cela, elle rejoint, nolens volens, un discours qui ressemble à celui du Front national. Et UDC en Suisse. Par la suite, il faudra bien suivre les discours sur Ecopop, vu comme un écofascisme par les radicaux-socialistes ici (cf. Yves Rossier, n°2 du DFAE)…

Géo

3 commentaires

  1. Posté par Géo le

    Michel de Rougemont@ La question n’est pas de distinguer fundis et realos. Il y a que l’écologie est fondamentalement une idéologie de droite en ce sens qu’elle est forcément conservatrice. Les tentatives pitoyables d’Adèle Thorens pour nous faire croire qu’il n’y aura jamais de surpopulation en construisant selon les critères minergie vont bien devoir un jour ou l’autre se confronter à la réalité des dix mille personnes supplémentaires par an dans le canton de Vaud que nous promettent nos autorités radicales et socialistes (je propose de parler de PLRS…).

  2. Posté par Michel de Rougemont le

    Ce n’est pas nouveau. Il y a les fundis et les réalos que l’on aime distinguer.
    Mais alors que les fundis ressortent d’un néo-marxisme teinté de naturalisme et de haute posture morale, les réalos sont leurs compagnons de route.
    Les questions d’évaluation et de gestion des risques ne les intéressent pas, ce qui compte c’est l’emprise que l’on peut avoir sur les masses, qui est réalisée en les terrorisant avec des scenarii catastrophes.
    C’est en cela que les verts dépassent maintenant les socialistes sur la voie de l’avenir radieux.

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