La moitié de la législature 2011-2015 vient de s'écouler. La NZZ a demandé à des parlementaires de noter chaque conseiller fédéral. Ueli Maurer et Alain Berset l'emportent.
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Le président de la Confédération est donc le conseiller fédéral le mieux noté des conseillers fédéraux, nous apprend le journal Le Matin qui reprend les résultats de la consultation effectuée par la NZZ auprès d'une série de parlementaires. Cela change quelque peu des avis, critiques et moqueries habituelles du monde journalistique, de même que de l'avis d'autres parlementaires comme par exemple Jacques Neyrinck et de bien des socialistes, avis dont nous avons déjà parlé.
Un de nos lecteurs nous recommande cependant d'attendre la fin de sa Présidence car il prévoit que nombre de journalistes en dresseront des bilans plus négatifs les uns que les autres. Pour l'image des médias, il faut espérer que notre lecteur se trompe.
Sans être un admirateur inconditionnel de Ueli Maurer, c'est l'occasion pour nous, à la demande de nombreux lecteurs, de leur permettre de prendre connaissance de l'entier de deux discours récents tenus par le Président de la Confédération, l'un à l'occasion de la 68ème session de l'Assemblée générale des Nations unies, New York, le 24 septembre 2013 et l'autre à l’occasion du Congrès annuel de Schweizer Medien, le 13 septembre 2013 à Interlaken, discours bien sûr rituellement moqués par certains journalistes et dont nous avons également déjà parlé.
Le discours de New York devrait pourtant servir d'exemple à ceux qui n'ont de cesse de s'aplavantrir devant "Les grandes nations" et autre Union européenne.
Uli Windisch
Premier de ces deux discours :
L’égalité des droits entre les êtres humains et les pays
24.09.2013
Discours du président de la Confédération Ueli Maurer à l'occasion de la 68ème session de l'Assemblée générale des Nations unies, New York, le 24 septembre 2013
Seul le texte prononcé fait foi
Monsieur le Président de l'Assemblée générale,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Le monde dans lequel nous vivons connaît de profonds changements, mais nul ne saurait dire s'ils vont dans la bonne direction. C'est à nous d'agir pour qu'il en soit ainsi. Souvent, nous avons l'impression d'accomplir des pas importants vers un avenir meilleur et plus pacifique. Malheureusement, la réalité nous confronte à des retours en arrière qui s'avèrent décevants.
J'aimerais rappeler une étape importante qui a été franchie il y a 150 ans déjà. En 1863 était fondé, à Genève, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Un mouvement mondial était né. Grâce à l'esprit humanitaire qui les caractérise, des collaborateurs de l'organisation s'engagent, aux quatre coins de la planète, pour les victimes de conflits armés et d'autres situations de violence.
L'activité humanitaire du CICR repose sur les principes de neutralité, d'impartialité et d'indépendance. Toutes les victimes de conflits bénéficient du même traitement et l'aide est accordée à toutes les personnes vulnérables. Chaque être humain a la même valeur.
Hormis la tradition humanitaire, par laquelle la Suisse est liée au CICR, il existe une autre tradition, datant de plusieurs siècles, dont mon pays est particulièrement fier : la neutralité.
Je me permets de rappeler que, depuis des centaines d'années, la politique étrangère de la Suisse est fondée sur la notion de coexistence pacifique. Grâce à la neutralité, la Suisse entretient des relations avec tous les pays ; elle ne prend jamais parti et peut proposer son aide ou sa médiation.
Notre statut de neutralité nous permet aussi d'offrir nos bons offices. L'engagement humanitaire fait partie de notre histoire. C'est un honneur pour nous de pouvoir permettre que des entretiens de paix se tiennent dans notre pays. Nous entendons continuer à tout mettre en œuvre pour contribuer à l'établissement de la paix dans ce monde, entre autres grâce à ces bons offices.
Cet engagement impartial repose sur notre conviction qu'il existe des différences entre les habitants de la terre et entre les pays où ils vivent ; ces différences sont naturelles. Par ailleurs, tous les êtres humains doivent bénéficier des mêmes droits.
La protection des droits de l'homme fait partie intégrante de l'engagement de la Suisse. Ces droits sont l'expression d'obligations internationales et doivent, impérativement, être protégés.
La Suisse est préoccupée par l'ampleur de violences ainsi que par les nombreuses violations des droits de l'homme. Elle lance un appel à tous les acteurs étatiques et civils pour qu'ils renoncent à la violence.
Le Proche-Orient est actuellement le théâtre de conflits qui engendrent des souffrances inacceptables pour les populations concernées. En Syrie, la situation s'est dégradée à tel point que les organisations humanitaires ne parviennent plus à la gérer.
Les violations et abus graves et systématiques du droit international humanitaire et des droits de l'homme ne peuvent en aucun cas être tolérés. Ces crimes ne doivent par ailleurs pas rester impunis, et ce, quels qu'en soient les auteurs. Pour cette raison, en janvier de cette année, mon pays a demandé, avec 57 autres Etats, au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale sur la situation en Syrie.
L'usage d'armes chimiques est un crime particulièrement abject et il est impératif de faire toute la lumière sur les faits. La Suisse salue les récents développements à cet égard.
Il est primordial de mettre immédiatement un terme à la violence en Syrie afin de protéger la population civile de nouvelles souffrances. J'en appelle donc aux membres permanents du Conseil de sécurité à surmonter leurs divergences ; ainsi un terrain d'entente pour une solution politique au conflit syrien pourra finalement être trouvé. Je réitère la nécessité de n'épargner aucun effort pour que la nouvelle conférence prévue à Genève ait lieu sans tarder. Celle-ci devra aboutir à une solution négociée et durable qui tienne compte des aspirations légitimes du peuple syrien dans toutes ses composantes.
Egalité des droits entre les êtres humains et les pays
La Suisse n'est pas le seul pays à être lié au principe de l'égalité des droits. La Charte de l'ONU lui confère une validité étendue au monde entier. Dans le préambule de la Charte, il est fait mention de "notre foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes".
Ce qui est valable pour les peuples l'est aussi pour les Etats dans lesquels nous vivons. Voilà pourquoi, dans la même phrase, après avoir évoqué les droits fondamentaux de l'homme, la Charte mentionne aussi expressément l'égalité de droits de toutes les nations, "grandes et petites".
En vertu de l'article 1, alinéa 2 de la Charte, les Nations Unies ont entre autres pour but de "développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes".
L'article 2, alinéa 1 de la Charte, précise que "l'organisation est fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous ses Membres."
Ma conviction est que ces principes constituent la pierre angulaire assurant la coexistence pacifique de tous les Hommes et de tous les peuples de ce monde.
Je me demande toutefois si nous en sommes encore suffisamment conscients. N'avons-nous pas tendance à trop nous perdre dans de grandes idées et dans de menus détails ? J'ai l'impression que dans le domaine de la politique internationale, on parle beaucoup trop de ce qui devrait exister dans un monde idéal, et trop peu de la réalité.
Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'une bureaucratie excessive crée une sorte d'univers parallèle, qui en vient à s'isoler toujours davantage. Cette évolution génère des coûts sans cesse croissants et produit toujours moins de résultats concrets.
Pour affronter les problèmes globaux, on ne doit pas seulement mener des discussions générales mais surtout chercher des solutions communes à l'ensemble des parties. L'ONU a été créée pour trouver de telles solutions. Aussi doit-elle fonctionner efficacement, être capable d'innover et conserver sa capacité d'action. C'est seulement ainsi qu'elle pourra faire avancer la question de l'égalité de droits entre les Hommes ainsi qu'entre les Etats. La Suisse a la ferme intention d'apporter sa contribution à cette tâche.
Retour à la politique de puissance?
A l'heure actuelle, certains développements ne sont pas en phase avec ces valeurs communes, telles qu'elles figurent dans la Charte. J'aimerais aborder ce sujet qui me préoccupe et susciter un débat.
Comme représentant d'un Etat neutre connaissant une longue tradition humanitaire, ce n'est pas sans inquiétude que je constate un retour à la politique de puissance. Je note que les grands Etats mettent à nouveau l'accent sur la puissance et la force. Ils considèrent les plus petits pays de moins en moins comme des partenaires égaux.
J'espère vivement que cette regrettable évolution pourra être corrigée. Dans le cas contraire, cela reviendrait à remettre en question les valeurs fondamentales de la Charte, reconnues et acceptées par l'ensemble de la communauté internationale.
Comme je l'ai déjà dit, cette tendance à un retour à la politique internationale de puissance me préoccupe. Nous sommes tous d'avis que les différents pays de cette planète doivent pouvoir choisir librement leur destin, en respectant les autres Etats et en acceptant les règles de la coexistence pacifique entre les peuples, et ce, sans pour autant renoncer à leurs spécificités. Nous croyons à la concurrence pacifique entre les différents systèmes économiques. Nous croyons à la diversité de ce monde : la diversité pacifique d'Etats souverains qui entretiennent des relations d'égal à égal.
Les différents peuples de ce monde choisissent librement leur Constitution. Ils choisissent également leurs systèmes économique et juridique. Aucun Etat ne met son appareil juridique au-dessus de ceux des autres. Les problèmes ne sont pas résolus par des "Diktats", mais grâce à des négociations. Des normes et des règles communes - le droit international - existent pour empêcher que s'applique simplement le droit du plus fort. Les principes de souveraineté et d'égalité des droits nous apportent la paix et la stabilité et favorisent les relations amicales entre les peuples.
Telles sont les convictions qui ont servi de fondement à la Charte des Nations Unies. Sont-elles encore les nôtres aujourd'hui ?
Dans quelle voie voulons-nous nous engager à l'avenir ?
Ces derniers temps, j'ai été préoccupé par le type de relations qu'entretiennent les grandes nations avec les petits pays. J'ai souvent l'impression que la force prime le droit.
Les activités de l'ONU s'exercent dans les domaines les plus divers. Le risque que l'Organisation disperse ses efforts et perde de vue l'essentiel est présent. L'ONU, mais aussi ses Etats membres, paraissent souvent indécis lorsqu'il s'agit de défendre les principes qui ont été à l'origine de sa fondation.
Nous ne devons jamais oublier ce qui se trouve à la base de ces principes d'égalité entre les Hommes, d'égalité des droits et de souveraineté des Etats. Ils sont l'expression des leçons tirées de l'Histoire. Une Histoire douloureuse marquée par l'oppression, la domination étrangère et les conflits.
Nous devons choisir ensemble la voie sur laquelle nous désirons désormais nous engager. Allons-nous continuer à galvauder nos efforts en nous occupant de questions secondaires ?
Je suis d'avis que nous devons agir, ici et maintenant.
Mettons-nous tous ensemble au travail afin de réaffirmer et mettre en œuvre les valeurs défendues par les Nations Unies !
Nous devons travailler à l'avènement d'un monde pacifique, dans lequel les êtres humains et les pays bénéficient des mêmes droits et ont tous la même importance. Un monde dans lequel le droit l'emporte sur la force.
C'est à nous tous et à nous toutes, réunis dans cette salle, d'entreprendre tout notre possible pour atteindre cet objectif.
Attelons-nous à cette tâche sans tarder !
Ueli Maurer Président de la Confédération
Editeur : Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports DDPS
Deuxième discours, à l'occasion duquel le Président de la Confédération Ueli Maurer a donc été hué par les participants à ce Congrès!
Responsabilité des médias en démocratie libérale
13.09.2013
Responsabilité des médias en démocratie libérale prononcée par Monsieur Ueli Maurer, Président de la Confédération à l’occasion du Congrès annuel de Schweizer Medien, le 13 septembre 2013 à Interlaken
Seul le texte prononcé fait foi
Quand le vers est dans le fruit, il ne suffit pas de s'en prendre au vers. Il vaut mieux se donner une vue d'ensemble. Considérer la pomme entière, par exemple : Ne serait-elle pas attaquée par la pourriture ? Ou l'arbre entier : Ses racines sont-elles encore saines ?
C'est pourquoi je vais creuser un peu mon sujet, aujourd'hui. Je suis d'avis en effet que tout ne va pas pour le mieux dans notre paysage médiatique ...
Comment asseoir la liberté ?
Tournons-nous vers la première moitié du 19e siècle. L'époque où se constitue notre ordre libéral. Après la période de la Restauration, de nouvelles constitutions cantonales voient le jour et elles sont d'inspiration libérale. Puis, en 1848, la Confédération elle-même se dote d'une constitution qui vise à donner la plus grande liberté possible aux citoyens.
Les années 1820 et 1830 sont politiquement très fructueuses. Elles sont agitées par de vives discussions : Comment garantir à long terme la liberté des citoyens ? Comment éviter qu'avec le temps les autorités et l'État ne redeviennent trop puissants ? Comment empêcher qu'une étroite élite ne reprenne tôt ou tard son ascendant sur la grande majorité ?
C'est de cette époque que datent un grand nombre d'idées qui nous paraissent aller de soi : Les libertés citoyennes inscrites dans la Constitution, par exemple. Ou un droit pénal qui interdit les peines dépourvues de base légale. Ou encore les débuts de la transparence dans l'administration, la justice et la direction de l'État. À l'égard de tous ces acquis, il s'agit d'asseoir la liberté de telle manière qu'elle ne se reperde plus jamais.
Les garanties constitutionnelles offertes à la liberté sont importantes, mais elles ne suffisent pas. Les fondateurs de la Suisse libérale l'ont bien compris : la liberté ne peut durer que s'il existe une opinion publique attentive et critique.
C'est de là que découle le rôle essentiel des journaux et des périodiques en faveur de la liberté et de la démocratie. Auparavant, depuis l'invention de l'imprimerie, ils étaient soumis à une censure plus ou moins stricte. Désormais, ils allaient constituer un pilier essentiel du nouvel État libéral. La presse se voit alors accorder - pour ainsi dire - le mandat de protéger la liberté.
Les trois responsabilités politiques des médias
Une des grandes voix du libéralisme suisse de l'époque, Ludwig Snell, publie en 1830 un essai intitulé « Ueber die prohibitive Wirksamkeit der Presse », dans lequel il passe en revue les fonctions politiques de la presse. Il en distingue trois, qu'il nomme la fonction formatrice, la fonction prohibitive et la fonction constitutive, puis il explique ce qu'il entend par ces trois mots-clés. Nous n'aurions certes pas recours aux mêmes termes aujourd'hui, mais son analyse est intemporelle :
Par « fonction formatrice », Ludwig Snell veut dire que la presse recueille les idées nouvelles, qu'elle les discute et les propage. Nous pouvons y voir aussi une vitrine qui permet d'exposer toutes sortes d'idées. Ou peut-être mieux encore, comme un marché aux idées où seules les meilleures s'imposent. Pour une démocratie, il est absolument essentiel que les idées, les opinions et les projets soient soumis à la libre concurrence.
En parlant de « fonction prohibitive », Snell veut dire que la presse révèle et combat les abus. Nous parlerions aujourd'hui de journalisme d'enquête ou d'investigation. Le moteur principal en est une saine défiance à l'égard du pouvoir. Les libéraux d'alors jugeaient que l'État constitue toujours une menace potentielle pour la liberté. Ils avaient d'ailleurs pu s'en rendre compte personnellement sous l'Ancien régime. Une des très grandes responsabilités de la presse est donc de scruter en permanence les actions de l'État et de dénoncer les abus.
Snell écrit aussi que la presse exerce une « fonction constitutive », par quoi il entend que les médias font le lien entre les citoyens et l'État, lorsqu'ils traitent des problèmes et des besoins de la population. L'administration et le monde politique sont ainsi tenus au courant des préoccupations du peuple.
Qui surveille les surveillants ?
L'État libéral et une presse libre sont consubstantiels. Ils sont les garants de la configuration politique qui a apporté une si grande qualité de vie et tant de prospérité à la Suisse.
Et c'est précisément parce que tout a si bien marché pendant si longtemps que quelque chose nous a échappé. Ce n'est qu'aujourd'hui que nous nous apercevons que les penseurs libéraux de jadis ont peut-être sous-estimé un risque.
Une question reste ouverte, en effet : « Qui surveille les surveillants ? » Ou pour le dire autrement : que se passe-t-il quand les médias ne jouent plus vraiment leur rôle ? Il se peut qu'ils soient simplement négligents. Il se peut aussi qu'ils veuillent s'immiscer eux-mêmes dans le jeu politique.
Cette question est de toute actualité. Reprenons les arguments de Snell :
Premièrement : Les médias doivent servir de place de marché pour les opinions et les idées. Or, plutôt que d'exprimer des opinions divergentes, les médias ne font aujourd'hui qu'écrire tous plus ou moins la même chose, sous un éclairage différent. Que je lise tel journal ou tel autre ne joue aucun rôle : l'opinion dominante y est partout pareille. J'ai parfois l'impression que les médias assument tout à coup eux-mêmes le rôle du censeur.
Deuxièmement : Les médias doivent révéler les abus. Ce faisant, il faut entre autres qu'ils scrutent les activités de l'État. Malheureusement, ce n'est que trop rarement le cas. Il se peut que la cause en réside dans une trop grande proximité, personnelle ou politique, avec les responsables. Alors qu'en fait, vous devriez partout vous montrer aussi critique qu'à l'égard de l'armée...
Troisièmement : Les médias ne jouent plus guère de rôle « constitutif », pour reprendre la terminologie des fondateurs de l'État libéral. Les médias ne s'emparent plus des thèmes chers au peuple ; ils reprennent des thèmes déjà traités par d'autres médias. L'administration et le monde politique ne sont plus mis au courant de ce que pense et veut le peuple, mais de ce pensent et veulent les médias.
En conclusion : Les médias n'assument plus les rôles nécessaires au bon fonctionnement d'un État libéral et démocratique. L'affaire est grave : Dans ces conditions, le pilier central de notre organisation politique va s'effriter.
Le cartel idéologique et ses thèses
On a de la peine à distinguer vos produits par leur contenu. La diversité manque. Un cartel idéologique règne sur une grande partie des médias. Ce cartel résulte en partie de la concentration économique en œuvre dans la branche, mais il résulte aussi d'une convergence des thèmes et des opinions. Le paysage médiatique suisse est victime d'une sorte de mise au pas auto-infligée.
Il est toujours question de la diversité des titres. Cette diversité, affirme-t-on, serait importante et menacée. Des mesures de soutien seraient nécessaires. Permettez-moi de ne pas être d'accord. La diversité des idées est importante, la diversité des opinions est importante, mais la diversité des titres n'est que pure mascarade lorsqu'on lit les mêmes contenus sous des titres différents.
Par ailleurs, vous vous sentez concurrencés par la télévision d'État parce qu'elle offre sur Internet des informations assez pareilles à celles que vous offrez vous-mêmes. Je suis le premier, bien sûr, à me ranger aux côtés des entreprises privées. Mais là, je dois me résigner à constater qu'en ce qui concerne la diversité des opinions, la différence n'est pas très grande si des médias d'État ou proches de l'État se mettent eux aussi à servir la même soupe...
En effet, vous abordez les mêmes thèmes en chaussant les mêmes lunettes ; vous jaugez le monde à l'aune de vos propres thèses : des thèses que vous ne remettez guère en question. On pourrait les qualifier de « profession de foi » des médias suisses. Je vais vous énoncer quelques articles de votre credo :
- Le changement climatique est imputable à l'homme.
- L'énergie nucléaire est mauvaise, les énergies douces sont bonnes.
- L'immigration est un enrichissement, même si le solde positif net s'élève à 80 000 personnes par an dans un petit pays.
- Les solutions internationales sont toujours meilleures que les solutions nationales.
- La Suisse a toujours tort, aussi absurdes que soient les reproches adressés à notre pays et aussi transparents qu'en soient les motifs.
- L'État est plus responsable que le citoyen.
Je ne vois aucune objection à ce que ces points de vue s'expriment, mais lorsqu'ils sont les seuls, la formation des opinions en pâtit. Ces points de vue fixent des limites trop étroites au champ de la discussion. Des principes et des décisions essentiels pour l'avenir échappent alors à toute discussion nourrie.
Vous tracez des lignes rouges autour de zones qui doivent rester taboues, à ne pas franchir sous peine de n'être pas « politiquement correct ». Vous, vous ne les franchissez pas, parce que vous négligez certains domaines d'enquête ; les autres s'abstiennent de les franchir, parce que tous ceux qui s'élèvent contre l'opinion monolithique des médias y perdent leur réputation. De ce fait, votre rôle initial s'est mué en son contraire : plutôt que de lancer de bonnes discussions, vous les empêchez.
Le cartel idéologique comme boomerang financier
En fin de compte, vous serez vous-mêmes victimes de votre uniformité. On ne peut pas vraiment dire que la presse passe par une période faste. En partie du moins, vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-mêmes.
Il en va du cartel idéologique comme de bien d'autres cartels : les débuts sont prometteurs. Puis la paresse s'installe, faute d'incitation à s'améliorer, à évoluer. Chacun se repose sur ses lauriers. C'est alors que les problèmes commencent.
Plus rien n'incite à se différencier, à devenir meilleur et plus intéressant. La qualité souffre. Comme vous ne vous distinguez plus que par des nuances, vous pouvez vous contenter d'un travail superficiel. La superficialité suffit : vous n'avez plus besoin d'aller en profondeur, puisque les autres restent eux aussi à la surface. À la longue, toutefois, cette attitude ne permet sûrement pas d'accrocher le lecteur et de l'enthousiasmer pour un produit.
Au fond, j'ai parfois l'impression que vous vous préoccupez avant tout de vous-mêmes et que vous ne pensez pas assez à vos lecteurs. Vous ne vous engagez par exemple en faveur d'une baisse d'impôts que lorsque vous voulez profiter vous-mêmes d'un taux de TVA réduit. Si seulement vous pouviez vous engager pour une fois en faveur d'allégements fiscaux pour tous ! Vous lanceriez ainsi un débat politique fructueux.
Avec le temps, c'est toute la profession qui est menacée : quand tout le monde chante à l'unisson, les voix originales se perdent. Je regrette l'absence de têtes et de penseurs dans le journalisme, surtout de têtes et de penseurs captivants qui réfléchissent en dehors du sérail.
C'est probablement aussi à cette trop grande harmonie qu'il faut imputer la gêne que vous éprouvez face à l'offre des nouveaux médias. Il est arrivé à certains d'entre vous très exactement ce que vous aimez à reprocher à d'autres : vous avez raté le coche d'une mutation moderne.
Vous réagissez maintenant comme le font la plupart des branches quand le vent tourne : vous vous adressez à l'État pour lui demander son soutien. En fin de compte, cependant, le problème ne fera qu'empirer. Les subventions, en effet, n'ont jamais incité personne à se faire plus novateur, à se risquer dans des voies nouvelles.
Appel aux éditeurs : Davantage de responsabilité ! Davantage de diversité !
Revenons à notre thème initial. Revenons à la liberté des citoyens et aux moyens de la protéger durablement. C'est sur vous, les médias libres, qu'a été fondé l'État libéral et démocratique.
Le Faust de Goethe aurait voulu savoir quelle force ultime assure la cohésion du monde. En ce qui concerne le monde, la question n'a toujours pas été résolue. Nous savons par contre qu'une société démocratique et libérale se maintient grâce à des médias diversifiés, qui exercent leur esprit critique sur tous les sujets. Or, vous le voyez : Nous sommes bien loin aujourd'hui du rôle politique que vous devriez assumer. De facto, nous vivons sous un régime de médias unifiés. D'aspect varié, mais au contenu fade, incolore, uniforme.
La situation me préoccupe : Seuls des médias diversifiés rendent la démocratie possible. Sans vous, en effet, nous ne saurions rien des idées et des solutions nouvelles, brillantes ; sans vous, nous ne saurions rien des abus auxquels il faut mettre fin de toute urgence, et sans vous, le monde politique serait sourd aux demandes des citoyennes et des citoyens.
Que faire ? J'ai posé précédemment cette question : « Qui surveille les surveillants ? » Quelle réponse y apporter, en ce qui concerne les médias ? Dans un État libéral, la réponse est simple : Personne d'autre ne doit vous surveiller, bien sûr, que vous-mêmes. Mais c'est précisément pour cette raison que la responsabilité politique en incombe exclusivement à vous, les éditeurs. C'est à vous de veiller à ce qu'une saine concurrence garantisse une véritable diversité. Ne cherchez plus à vous rapprocher de l'État ni à bénéficier du soutien de l'État en faveur de la presse. Renoncez bien plutôt au cartel idéologique et réappropriez-vous votre rôle politique, qui est si important !
Le Président de la Confédération Ueli Maurer
Editeur: Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports
Il est bon de relire ces deux texte de M. Ueli Maurer.
Ils me redonnent une lueur d’espoir : Il existe au moins un membre de notre gouvernement qui est capable d’ouvrir les yeux, de voir plus loin que la prochaine échéance électorale, et de dire franchement ce qu’il voit et pense, sans volonté de manipuler.
Merci Monsieur Maurer.
Quand aux journaleux alignés derrière leurs axiomes, mon intérêt pour leur logorrhée pestilentielle est tombé à zéro pointé. Où peut-on obtenir le remboursement de la facture Billag ?
Etonnant, voir même détonant cet article de la NZZ. Les médias Suisse Romands qui, n’arrêtent pas de de scruter, interpreter, ridiculiser, injurier Ueli Maurer, au travers de leurs camarades journaleux, fonctionnaires de l ‘humour, politiciens gauchistes tendance staliniène à la sauce nord Coréene, membres à vie des émissions phare de déinformation de la RTS. Après cette annonce, les attaques et la haine à l’encontre de Ueli Maurer vont redoubler. A suivre…