Cette fin septembre a été chaude pour le GIECi et probablement cruciale. Le 27, il a présenté la première partie de son 5e rapport de synthèse sur les bases physiques des changements climatiques. Le ton est toujours aussi alarmiste. Grâce à l’amélioration des modèles et mesures les perspectives seraient toujours plus claires et inquiétantes : tout irait encore bien plus mal que ce qu’on ne le pensait en 2007, date de la parution du 4e rapport.
Mais alors comment comprendre le scepticisme récemment manifesté par Connie Hedegaard, Commissaire pour l’action climatique européenne :
"Mettons que la science, dans quelques décennies, dise ‘on s’est trompé, ce n’était pas le climat’, n’aurait-il été bon pas dans tous les cas de faire toutes sortes de choses nécessaires pour combattre le changement climatique"ii ?
Pour le GIEC, l’affaire est entendue, Mme Hedegaard est payée par les lobbies pétroliers pour semer le trouble dans les hautes sphères de la politique européenne. Cette théorie du complot est-elle crédible ? Laissons le GIEC se débrouiller avec, entre temps accordons le bénéfice du doute à Mme Hedegaard et retournons aux faits scientifiques. Depuis 1988, date de la création du GIEC, ses gros rapports rythment l’évolution d’un consensus sur l’évolution du climat. Chaque rapport insiste un peu plus sur le rôle croissant et dominant de l’activité humaine dans le réchauffement climatique. « Si le réchauffement observé dans la première partie du 20e siècle peut être attribué en partie à des causes naturelles, ce n’est assurément plus le cas pour la fin du siècle »iii peut-on lire dans un ouvrage de vulgarisation qui reflète bien le consensus établi par le GIEC. Se pose alors la problème d’interpréter le fait sur 117 grands modèles climatiques conçus pour mettre en évidence le rôle des émissions d’origine humaine de CO2 99% ont surestimé le réchauffement ces 20 dernières annéesiv, ce que le graphique ci-dessous illustre.
Comparaison entre les prévisions de 73 modèles climatiques avec les mesures d’anomalies de températuresv.
A partir du milieu des années 1990, les modèles climatiques s’écartent de plus en plus distinctement des observations, représentées par des points ronds et carrés. En climatologie, plus de quinze ans ça commence à compter, d’autant plus que pendant ces années, les émissions de CO2 d’origine humaine ont continué d’augmenter et que le modèle d’effet de serre induit par les émissions de CO2 d’origine humaine aurait du produire un réchauffement significatif. Or, tout se passe comme si cet effet de serre n’existait pas. N’est-ce pas se tromper lourdement ou tromper son monde que d’affirmer qu’il a un rôle dominant dans l’évolution du climat ?
Peu avant Noël 2012, l’Office météorologique des Royaumes Unis (Met Office UK), un des bastions historiques de la climatologie, a fait état de cette pause du réchauffement et ajouté qu’elle pourrait se prolonger jusqu’en 2017vi. Un mois plus tard, James Hansen, le directeur de l’institut de la NASA d’où a été a lancée l’alerte climatique en 1988vii, expliquait que:
"La moyenne sur 5 ans de la température globale a été plate sur une décade, ce qu’on peut interpréter comme une combinaison de variabilité naturelle et d’un ralentissement du taux de croissance du forçage climatiqueviii."
L’explication est cohérente et donnée sans emphase. Un graphique des indicateurs de températures sur une période allant de 1900 à maintenant montre d’ailleurs une évolution par paliers ou par combinaison d’oscillations rapides sur une oscillation plus lente à tendance ascendante.
Evolution des mesures d’anomalies de températures de 1900 à 2013.
Cette évolution n’a jamais fait l’objet de contestation. Mais pour les partisans du consensus catastrophiste, le fait d’admettre que de longues pauses sont encore possibles en raison de facteurs naturels correspond à une révolution quasi-copernicienne de leur conception de la dynamique climatique: l’homme n’est plus au centre de la climatologie ! Sur son blog, Roy Spencer, grand spécialiste des mesures de températures atmosphériques, observe ce rétropédalage avec amertume:
"Nous autres scientifiques qui croyons encore que le climat peut changer sous l’effet de forces naturelles avons été virtuellement exclu de tout financement et publication par le mastodonte «les hommes sont la cause de tout ce qui va mal». Le public qui finance leur travail ne va pas tolérer leur aveuglement volontaire beaucoup plus longtempsix."
Dans le champ de la modélisation, Syukuro Manabe, un des pionniers du modèle de l’effet de serre du aux émissions CO2x, a publié un article avec des collègues où il s’interroge sur l’écart entre prédictions et observations. L’article conclut à la nécessité d’un examen critique des fondements scientifiques des modèles climatiquesxi. Il se trouve qu’un tel examen a déjà été faitxii et justement sur la physique de ce fameux effet de serre associé aux émissions CO2. Sa conclusion est sans appel: cet effet n’a pas de réalité physique. Mais alors à quoi se réfère-il ? A lui-même, c’est à dire au monde virtuel créé sur ordinateur manifestement déconnecté de la réalité qu’il est censé décrire: l’effet d’une enveloppe de gaz, dont certains sont actifs dans l’infrarouge, sur la température d’une planète exposée au rayonnement d’une étoile. Ce résultat explique de manière élégante l’écart systématique entre mesures et modélisations observé plus haut. Il explique aussi le fait qu’expérimentalement la basse atmosphère ne présente pas de zones de chaleur stockées par effet de serre comme le prévoient les modèles climatiquesxiii et que bon an mal an, le cycle de croissance et fonte des banquises aux deux pôles ne signale pas de tendance catastrophiquexiv, etc.
D’éminents climatologues se distancie du GIEC et reprennent aujourd’hui des thèses et analyses de scientifiques traités hier d’incompétents, de pourris à la solde de lobbies. En hauts lieux, des politiques expriment leur scepticisme. Le vent a manifestement tourné, si bien qu’un bilan global commence à se faire, froidement. Sur le plan mondial, des
"centaines de milliards sont payés par des familles ordinaires et des moyennes entreprises dans ce qui est sans aucun doute un des plus grands transferts de richesses des pauvres vers les riches dans l’histoire de l’Europe modernexv."
En particulier,
"vingt milliards d’euros sont payés par les consommateurs pour les énergies renouvelables en Allemagne chaque année. Actuellement, cela fait 250 euros par foyer et par année et va augmenter à 300 euros. Pire encore, c’est une gigantesque redistribution du bas vers la haut, des pauvres qui ne peuvent par se payer un système solaire vers les riches qui sont propriétaires de bâtiments dotés de grands toits »xvi."
Qu’apporte à la société le fait que des pans entiers de la formation, de la recherche et des administrations s’alignent encore sur les conclusions du GIEC, un organe dénoncé de plus en plus ouvertement pour son manque de déontologie scientifiquexvii ? Son mode de gouvernance par la peur ne peut à terme que discréditer ce qu’il y a de censé dans les questions environnementales et énergétiques de ce début de XXIe siècle. Avec ce 5e rapport, le GIEC a peut-être produit son chant du cygne.
François Meynard
i#Groupe Intergouvernemental d’Experts du Climat, dont la mission est:
"D’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation » (www.ipcc.ch)."
ii# Traduit par l’auteur de l’article « EU policy on climate change is right even if science was wrong, says commissioner », The Telegraph, 16.9.13
iii# La Suisse se réchauffe, MartineRebetez, PPUR, 2011 (2004, 2009), p. 25.
iv# Overestimated global warming over the past 20 years, John C. Fyfe, Nathan P. Gillett and Francis W. Zwiers, Nature Climatechange, vol 3, sept 2013.
v# www.drroyspencer.com/2013/06/still-epic-fail-73-climate-models-vs-measurements-running-5-year-means/
vi# www.metoffice.gov.uk/research/climate/seasonal-to-decadal/long-range/decadal-fc (jan 2013)
vii# Goddard Institute for Space Studies (GISS)
viii# Global Temperature Update Through 2012, J. Hansen et al. (note du 15.01.13, www.nasa.gov/pdf/719139main_2012_GISTEMP_summary.pdf).
ix# www.drroyspencer.com/ STILL Epic Fail: 73 Climate Models vs. Measurements, Running 5-Year Means (06.06.13)
x# Thermal Equilibrium of Atmosphere with a Given Distribution of Relative Humidity, S. Manabe, R. Wetherald, Journal of Atmospheric Sciences, 24, N°3, 241-259, 1967.
xi# On the warming in the tropical upper troposphere: Models versus observations, S. Manabe & al. Geophyiscal Research Letters, Vol. 38, 2011.
xii# Falsification of the atmospheric CO2 greenhouse effects in the frame of physics, G. Gerlich, R. Tscheuchner, Int. J. of Mod. Phys. B, vol. 23 no 3 (2009), pp 275 364.
xiii# Tropospheric temperature change since 1979 from tropical radiosonde and satellite measurements, Christy, J. R., W. B. Norris, R. W. Spencer, and J. J. Hnilo., J. Geophys. Res., 2007. 112.
xiv# Voir le billet “jeux de pôles” de septembre 2012 sur le site www.pensee-unique.fr/oceans.html#polar
xv# Europe pulls the plug on its green energy future, du Dr Benny Peiser, directeur le la Global Warming Policy Foundation, (www.thegwpf.org),paru dans « The Australian » du 10.08.2013.
xvi# Interview du 16.09.2013 du prof. Fritz Vahrenholt par P. Gosselin sur http://notrickszone.com (traduction en français FM).
xvii# Un florilège de déclarations et analyses est disponible sur www.pensee-unique.fr/paroles.html. Plus de 125 d’entre eux ont récemment exprimé leur indignation dans une lettre ouverte au secrétaire général de l’ONU, parue dans le Financial Post du 29.11.2012.
Lire en complément:
Le "rapport du GIEC" en 10 réponses
Communiqué des auteurs de Climat : 15 vérités qui dérangent sur le rapport du GIEC (Working Group I, AR5), 27 septembre 2013 (Stockholm).
Et vous, qu'en pensez vous ?