Le voile et la burka sont les vedettes médiatiques de l’été, et pas seulement en Suisse. Le Québec et l’Angleterre communautaristes comme la France laïque, placardant sa Charte de la laïcité à l’école, sont aussi touchés. Les disputationes causées par l’islamisme se succèdent dans nos démocraties.
En Suisse, le Tribunal fédéral a ouvert le bal le 11 juillet ; le peuple tessinois l’a suspendu ce 22 septembre en plébiscitant l’interdiction de dissimuler son visage dans l’espace public, dans les faits : de porter la burqa ; la reprise de la valse prendra la forme d’une initiative populaire fédérale dont la date de lancement est inconnue, même si ses porteurs ont déjà fourbi leurs armes avec l’initiative anti-minarets. Les femmes du PS se réveillent enfin et veulent entrer dans la danse en punissant par une norme pénale les maris qui imposent la burqa. Bref, la question de l’islamisme s’est invitée dans les foyers helvétiques. Et pas seulement pour un été.
Tout a commencé par une décision du Tribunal fédéral (TF). Une commune scolaire thurgovienne entendait interdire le port du voile islamique dans ses écoles. Un avocat et conseiller national vert s’y est opposé. Le TF a tranché. Ses considérants viennent d’être publiés.
Ils n’ont guère suscité l’intérêt des médias. On peut les comprendre. Les juges ne s’y prononcent que sur la question de la base légale de la décision de Bürglen. Soit sur la première des conditions cumulatives de l’article 36 de la Constitution traitant de la restriction des droits fondamentaux ; ils laissent ainsi ouverte la question de savoir si la mesure peut être jugée d’intérêt public (deuxième condition) et proportionnée (troisième condition, la plus sensible). Une réponse ne sera possible que si une loi cantonale amène le TF à se prononcer sur le fond.
Il n’est pas exclu que ladite loi soit genevoise. Les membres du PLR seront en effet invités, à l’occasion d’Assises consacrées à l’école, prévues pour le début de 2014, à se prononcer sur le projet de loi que j’ai élaboré dans la foulée immédiate de la décision du TF. L’issue du débat reste ouverte. Par ce projet, il s’agissait de couper l’herbe sous les pieds aux promoteurs de la voie de l’initiative populaire. Ailleurs, d’autres la proposent déjà, en Thurgovie et à Saint-Gall, peut-être en Valais. Mais, comme avait conclu avec sagesse dans ces colonnes le 30 septembre 2010 le professeur Etienne Grisel, mieux vaut débattre, et vite, au Parlement que dans la rue : « Si les autorités élues restent inactives, on peut craindre une nouvelle demande populaire qui ne serait pas équilibrée ».
Mon projet, presque aussi rapidement critiqué voire déformé - le voile islamique aurait été seul visé - qu’il a été présenté, vise à interdire jusqu’au terme de l’école obligatoire publique, et ceci dans le cadre des activités scolaires, le port des signes religieux ostentatoires, sans la moindre discrimination entre religions. Avec l’interdiction du voile qui est aussi concerné, il s’agit d’abord d’une volonté de protection des jeunes filles. Voulons-nous accepter leur stigmatisation ?
Ce projet trouve son fondement dans le rappel de valeurs essentielles : le respect et la dignité de la femme, la liberté religieuse, qui ne peut - pas plus que d’autres libertés - être illimitée, de même que l’égalité entre les sexes, comme entre adolescentes - les voilées et les autres - sont ainsi convoqués au banc des témoins. Car il en va in fine de l’intégration sociale de populations étrangères. La cause a pour nom universalisme des valeurs, elle s’oppose à la « tolérance indistincte », comme l’a nommée Elisabeth Badinter, qui débouche sur le communautarisme. Dont il serait angélique d’oublier qu’il a pour effet pervers le rejet indistinct de tous les musulmans.
Cela explique probablement la raison pour laquelle la Licra France s’est prononcée en faveur de l’introduction de cette interdiction dans les écoles françaises, en 2004. Et vient d’endosser, à la majorité relative de son dernier Conseil fédéral, le projet gouvernemental d’interdire le voile islamique à l’université. Un projet qui serait quasi hérétique en Helvétie, car l’université est fréquentée par des adultes.
Le moment venu, il sera temps de répondre aux craintes que suscite mon projet de loi. Mais il n’est pas impertinent de souligner que le peuple a priori est dans sa très grande majorité pour cette interdiction. Un sondage ouvert par la Tribune de Genève à ses lecteurs a ainsi donné un résultat de 82% des 4000 participants en sa faveur. Ce score est fort proche de ce que l’on observe en France où cette mesure recueille l’appui de neuf Français sur dix, et encore plus au sein de l’UMP. La question politique est de savoir qui est prêt à abandonner cet élan populaire à des forces dites populistes. Et à en payer un prix qui ne cessera de monter.
Les « étranges lucarnes » n’ont en effet cessé de mettre en évidence, toujours cet été, les excès auxquels conduit toute religion portée à son incandescence par des fanatiques. Actuellement, c’est l’islam revu et corrigé par des fous d’Allah. La guerre de 40 ans voire de 100 ans entre extrémistes catholiques et protestants en Irlande du Nord - avec la paix signée en 2007 - est largement oubliée.
Depuis le 11 septembre 2001, la violence vient indéniablement de l’islamisme. Les Frères musulmans, bien représentés à Genève, sont en cette année 2013 les destructeurs de plus de 80 églises coptes, en plus que des libertés et du bien-être du peuple égyptien. Le massacre commis à Nairobi par des shebabs n’était, selon leur chef somalien, qu’un « avertissement » donné aux Occidentaux et au Kenya. Ajoutons-y le changement d’orientation de la guerre civile syrienne qui vire de plus en plus à la guerre inter-religieuse, et les tueries de chrétiens au Pakistan et au Nigeria.
Ce contexte doit être pris en considération pour expliquer le rejet par le peuple de manifestations d’identité prises à raison pour un refus d’intégration. Ainsi de la burqa inacceptable pour tout démocrate, car elle signifie la négation de la personne, murée dans sa prison d’habits ; quant au hijab, il est pour moi une image de la mort. Mais peut-on interdire un enfermement volontaire d’adultes dotés de leur libre-arbitre ? Poser la question, c’est y répondre. Pour certains, d’ici à l’automne 2015, date des prochaines élections fédérales.
Pierre Weiss
(Article paru Le Temps du 1er octobre 2013)
Ce qui me dérange dans le niqab et la burqa c’est l’impossibilité de reconnaitre la personne sous le vêtement. Elle est inatteignable pour aucun échange, sympathique ou non, à l’école ou ailleurs.
Le motocycliste enlève son casque lorsqu’il ne circule pas… sauf s’il va prendre part à une manif musclée, c’est un autre problème.
Le port de signes d’affiliation religieuse, politique, ou commerciale peut être de mauvais goût, provocateur ou tout simplement imbécile.
C’est une forme de liberté d’expression qu’à défaut d’apprécier il faut tolérer.
Aussi longtemps que les initiateurs d’un tel ou tel projet se cacheront derrière des raisons à moitié fallacieuses voire inutiles, le problème ne sera pas réglé. Aussi longtemps que les vraies raison ne seront pas évoquées, les choses empireront. Il faut, une fois pour toutes, avoir le courage de “ses” opinions. Sinon, qu’on la ferme et qu’on laisse les choses telles quelles. Quelles opinions ? La réponse est simple : les femmes qui, ici (ici et non pas là-bas) portent le voile, la burqa, le Niquab (appelez-les comme vous voulez) en toute connaissance de cause. Il faut arrêter, une fois pour toutes, de se cacher derrière la défense des femmes, de leur liberté et que sais-je encore. Elles le font ici de leur plein gré et il faut le reconnaître. C’est donc un acte “militant”. La religion n’y est pour rien. Ces femmes, ainsi que les hommes qui, eux, se cachent derrière, se foutent de la religion comme de l’an 40. Ils militent comme le feraient les membres de n’importe quel parti politique, association ou…secte. Et c’est exactement comme cela qu’il faut les considérer. Ce doit être le point de départ pour traiter et régler le problème. Car il y a un problème. En effet, à la différence d’un parti politique (quoique), d’une association (quoique) ou d’une secte (un grand quoique), ces militants véhiculent une doctrine violente et c’est ce point-là, et rien d’autre, qui doit être pris en considération et combattu. La France a bien interdit trois organisations “d’extrême” droite après la mort d’un militant de gauche lors de heurts entre les deux factions dernièrement. En Allemagne, on interdit bien des organisations néo nazi, skinheads et autres. Mais on n’a jamais interdit à un skinhead de se raser le crâne ni obligé ce dernier à se laisser pousser les cheveux.
On fois on a compris cela, on aura tout compris.