Aujourd’hui, le Référendum d’initiative populaire est pratiqué aux échelons communal, cantonal et fédéral en Suisse. Il peut être déclenché soit pour annuler une loi dans les trois mois qui suivent son vote dans les Assemblées, soit pour instaurer une nouvelle loi, soit pour réformer la Constitution. Non seulement les votes très réguliers n’ont pas altéré la stabilité du pays, mais ils ont permis d’assurer un consensus sur le Bien Commun fondé sur l’expression de la Volonté Populaire dont on sent sur le long terme qu’elle se révèle plus sage et moins prisonnière d’intérêts immédiats que les partis politiques et leurs élus.
Notre plombier national évoque souvent sa boîte à outils. On préférerait qu’il ait une planche à « dessein national », mais le long terme et le plan d’ensemble ne sont pas la spécialité d’un homme qui affectionne les petites retouches. Au lieu des réformes structurelles et des plans ambitieux qui procèdent aux changements nécessaires, en créant de la confiance pour la maintenir ensuite par la plus grande stabilité, le pouvoir actuel se complaît dans la bougeotte permanente à l’instar de son prédécesseur, mais sans son discours d’énergie et de cohérence. Au lieu de la TVA sociale, on a la TVA yoyo, bouche-trou des déficits un jour et poire pour la soif politique et fiscale le lendemain. C’est entendu, la France ne souffre pas les grandes réformes. Elle n’aime que les révolutions ou les conservatismes catégoriels. Du moins, ainsi parlent ceux qui ont intérêt à le faire : l’oligarchie politico-administrative qui gouverne, les défenseurs patentés des exigences catégorielles et des privilèges qui démentent notre idéologie égalitaire, les commentateurs friands de cuisine politicienne. Depuis 1981, et peut-être 1974, la France tombe non du fait des Français, mais à cause de la médiocrité dans la pensée et de la lâcheté dans l’action de ses gouvernants. 23 ans de pouvoir qu’on croyait à droite et 16 ans à gauche n’ont pu résoudre aucun des problèmes du pays et les ont même aggravés. Il ne reste qu’une solution, c’est que, changement de majorité ou non, on passe de la boîte à outils pour bricolage politicien au couteau suisse : le Référendum d’Initiative Populaire. On verrait enfin que ce n’est pas le Peuple qui bloque notre pays, mais ceux qui prétendent faussement tenir leur pouvoir de lui.
Aujourd’hui, le Référendum d’initiative populaire est pratiqué aux échelons communal, cantonal et fédéral en Suisse. Il peut être déclenché soit pour annuler une loi dans les trois mois qui suivent son vote dans les Assemblées, soit pour instaurer une nouvelle loi, soit pour réformer la Constitution. Non seulement les votes très réguliers n’ont pas altéré la stabilité du pays, mais ils ont permis d’assurer un consensus sur le Bien Commun fondé sur l’expression de la Volonté Populaire dont on sent sur le long terme qu’elle se révèle plus sage et moins prisonnière d’intérêts immédiats que les partis politiques et leurs élus. Au plan national, depuis 1848, 554 « votations » ont eu lieu avec 93 lois annulées et seulement 18 lois d’origine populaire votées. Le Parlement a tenu compte des référendums, soit en faisant avec succès des contre-propositions, soit en amendant la loi en fonction du score des opposants. Par exemple, le Peuple a rejeté l’intégration dans l’Union Européenne, la suppression de l’armée et de la conscription, la réduction du temps de travail, la sortie du nucléaire. La différence entre un peuple adulte et responsable à qui on donne le temps de la réflexion et les autres, qui comme en France, sont traités comme des mineurs juste bons à désigner leurs maîtres mais incapables de décider par eux-mêmes, saute aux yeux. Cette procédure n’existe pas seulement en Suisse, mais aussi d’une manière plus limitée en Italie. Dans ce pays il suffit de 500 000 signatures pour le déclencher quand il en faut 9 fois plus en France après la réforme constitutionnelle de 2008 que tous les spécialistes jugent impraticable. C’est ainsi que 21 lois ont été annulées , mais le décret Craxi supprimant l’échelle mobile des salaires a été approuvé… On se demande avec angoisse si les élus français sont capables du courage et du sens de l’intérêt général dont a fait preuve le Peuple italien. Dans d’autres pays, le référendum est d’usage au niveau local. Mais dans deux Etats fédéraux comme les Etats-Unis ou l’Allemagne, on mesure l’importance d’un vote au niveau d’un Etat ou d’un Land.
Depuis 115 ans, la démocratie directe a conquis 26 Etats américains en partant du Dakota du Sud en 1898. La loi d’initiative populaire y a plus de succès qu’en Suisse. De 1900 à 2007, 2238 scrutins se sont déroulés avec 41% de réussite pour la demande populaire. S’y ajoute le « recall » qui permet d’obtenir notamment la destitution d’un gouverneur ou d’un magistrat élu. Beaucoup de questions sur l’environnement ou la société qui restent hors de portée des électeurs français, de fait ou de droit, sont soumises aux citoyens de la moitié des Etats-Unis : énergies alternatives, recherches sur les cellules-souches de l’embryon, euthanasie, avortement et évidemment « mariage » entre personnes de même sexe… Les Américains peuvent dans certains Etats voter sur leurs impôts. Sur 250 initiatives populaires à caractère fiscal entre 1970 et 2007, 1/3 de celles-ci a obtenu gain de cause. En 1978, la proposition 13 a fait baisser la taxe foncière de 50% en Californie, modeste Etat de prés de 40 Millions d’habitants… L’étude réalisée en 1995 par John Matsusaka a établi que les dépenses des Etats fédérés ou des communes pratiquant le référendum financier avaient été entre 1960 et 1990 inférieures de 4% à la moyenne. En Allemagne, la procédure référendaire est davantage encadrée, mais il y a eu entre 1946 et 2007 206 initiatives au niveau des Länder et 12 025 communes font appel à la démocratie directe.
Le Référendum d’Initiative Populaire tel que je le propose, avec pour le déclencher trois procédures, de demande d’abrogation, de proposition législative et de réforme constitutionnelle, réunissant pour les déclencher de 500 000 à 1000 000 de signatures, organisé à la suisse, avec le temps nécessaire à la réflexion et une information méticuleusement équilibrée, permettrait de franchir dans le calme tous les obstacles qui entravent notre pays : l’inégalité des statuts, les privilèges des politiciens, l’absence de rigueur budgétaire, la dérive de la construction européenne, l’immigration, le système pénal, et bien sûr les questions d’environnement et de société. Le Peuple se serait exprimé, les partis se soumettraient et l’Union Nationale d’un pays face à son déclin en serait facilitée. J’étais reçu jeudi 12 Septembre à LYON par le Cercle des Citoyens Français pour y développer ce thème.
Christian Vanneste, 21 septembre 2013
Comme beaucoup M. Vanneste singularise un seul aspect de la démocratie directe pour en vanter les vertus.
Il oublie que le reste des institutions doit être adapté, en particulier le mode de fonctionnement de l’exécutif et du parlement qui doivent trouver des solutions aptes à gagner une majorité (“mehrheitsfähige Vorlage”) pour éviter le référendum à tous les coups ce qui serait le chaos. Cela suppose d’autres modes de concertation et de formation de l’opinion.
Aussi, dans un pays centraliste comme la France un référendum sera toujours perçu comme une motion de censure pour le gouvernant en place plutôt qu’une décision sur un point bien précis, d’où son hésitation à utiliser cet instrument.