Je m’exprime ici sur les suites du drame de vendredi, ses conséquences politiques, la manière dont le gouvernement réagit.
La conférence de presse de vendredi après-midi a été catastrophique. Deux magistrats jetés là, en plus de David Hiler, la parole d’abord donnée à une haut fonctionnaire terrorisée et n’ayant manifestement pas autorité pour parler. Tout cela pour nous annoncer la nomination de l’ancien conseiller d’Etat Bernard Ziegler pour l’enquête interne. Pire : pendant que les conseiller d’Etat tentaient d’occuper le terrain de la parole, le Ministère public publiait un communiqué, laconique et en retrait par rapport aux événements. On veut bien que les pouvoirs soient séparés, on avait pourtant cru il y a quelques mois à la magie d’un duo, elle s’effondre. N'avait-elle été là, par temps calme, que pour le vernis de la communication ?
Dimanche, sur le site de la Tribune de Genève, le criminologue Martin Killias rappelait la demande de suivi et d’évaluation de la Pâquerette, en 1986. Cette demande avait été refusée. Le Conseil d’Etat de l’époque, élu en novembre 1985 comportait un certain Bernard Ziegler, chef du Département de Justice et Police. Quels que fussent ses liens organiques avec l'institution mise en cause, sa présence à l'époque au gouvernement le récuse naturellement.
Il n’est pas question, ici, de mettre en cause une seule seconde l’intégrité de M. Ziegler, reconnue dans toute la République. Mais confier une enquête administrative à un ancien magistrat exécutif, ayant occupé une fonction au moment de cette demande d’évaluation, n’est pas une bonne décision. Ni sur le fond, ni politiquement.
Pire encore : donner à M. Ziegler le 9 octobre comme délai de remise de son rapport, alors qu’une échéance électorale majeure se profile le 6, c’est donner l’image de la peur, du bétonnage dans l’urgence. Comme s'il fallait se protéger soi-même. De quoi ?
Pascal Décaillet
Et vous, qu'en pensez vous ?