L’insoutenable légèreté des politiciens…

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

Bien sûr on accusera Twitter d’obliger les politiciens à s’exprimer en moins de 140 signes, ce qui ne laisse guère de place pour l’approfondissement.

 

Bien sûr on appellera Mac Luhan à la rescousse pour souligner que le média produit le message et que la dimension limite le contenu. Bien sûr on excusera nos élus de penser peu parce qu’ils sont condamnés aux petites phrases des réseaux sociaux et au ping-pong incessant qui laisse peu de temps pour réfléchir. Bien sûr on pardonnera la facilité à laquelle s’abandonnent les journalistes tant la nécessité de l’information à flux tendu les conduit à préférer les commentaires de tweets à la fastidieuse analyse des dossiers brûlants. Mais le paysage politique est aujourd’hui dispersé « façon puzzle » comme disait Audiard. Une situation internationale mouvante et explosive, une action gouvernementale confuse et disparate, une opposition qui se cherche au lieu de s’opposer donnent le tournis à une population mécontente mais loin encore de pouvoir canaliser sa colère dans une direction précise.

Tout concourt, en effet, à brouiller le regard. Du côté du Pouvoir, le Président continue à gérer la France comme le Parti Socialiste, naguère, par petits bouts, par petites séquences, sans vision à long terme, sans plan d’ensemble. Par une curieuse inversion du principe stoïcien suivant lequel la liberté n’existe que dans la sphère des choses qui dépendent de soi, F. Hollande montre une grande détermination dans le dossier syrien alors que chaque jour fait apparaître davantage l’évidence que les Etats-Unis et la Russie sont maîtres d’un jeu dans lequel la France est ravalée au rang de pion américain. En revanche, il se mue d’acteur en spectateur lorsqu’il évoque les questions nationales. Le bijoutier de Nice, c’est-à-dire la question de la montée de l’insécurité, cela concerne la Justice. Certes, mais qui décide de la politique judiciaire ? L’étranglement des Français par la pression fiscale lui fait constater l’inventivité fiscale et lui permet l’un de ces mots désinvoltes qu’il affectionne : le « concours Lépine » des impôts, comme s’il n’y était pour rien. Dans le même temps, il annonce le remplacement d’une taxe sur le diesel par un crédit d’impôt sur la rénovation thermique, qui mériterait une récompense au dit-concours, même si le but en est de faire plaisir aux verts. Entre le cadeau de la diminution de l’augmentation et celui du renoncement partiel aux annonces de hausse habilement « fuitées » auparavant, il espère faire oublier, dans ce brouillard opaque, les 11,5 Milliards d’impôts supplémentaires, à travers un augmentation de la TVA qui n’a rien de social et  des mesures dont la cible est la Famille : quotient familial, suppression de la défiscalisation pour frais de scolarité et fiscalisation de la majoration familiale des retraites. Cette manie de s’en prendre à la famille est bien la seule note de cohérence. Enfin, jetant un regard souverain sur le désordre de l’UMP, il rappelle son soutien à Chirac contre Le Pen, mais bien sûr, il ne veut pas s’immiscer dans la vie des partis…

Du côté de l’opposition, c’est la cacophonie. Chacun y va de sa petite phrase assassine sur la petite phrase pas innocente de Fillon. Emphatique, Raffarin, la main posée sur le pacte fondateur, parle de fracture. Le Maire, sentencieux, se réfère à une histoire qu’il maîtrise mal. Juppé, l’ancien, rappelle le piège tendu depuis 20 ans et dans lequel il n’a pas manqué de tomber en divisant l’électorat de droite. Bertrand, en praticien, parle de calculs politiques. Pourtant, les choses sont simples : chacun des deux concurrents a sa recette pour échapper un peu à la trappe de l’UMPS. Copé dit qu’il faut prendre les idées sans les hommes. Fillon dit qu’il faut prendre certains hommes mais pas tous. Le bon sens devrait pourtant leur dire d’aller au-delà pour trois raisons : d’abord, il est plus facile à un parti de gauche qui s’allie avec son extrême-gauche communiste de préférer la droite modérée contre la droite dure qu’à la droite de soutenir une gauche avec laquelle elle n’a aucun point d’accord contre sa propre droite avec laquelle elle est susceptible de partager des électeurs ; ensuite, ce type d’alliance à droite a lieu dans de nombreux pays, comme en Norvège récemment ou en Italie de manière habituelle ; enfin, la fracture ne se fait nullement sur la République que le Front National ne menace en rien, mais sur la Nation. Le refus du vote des étrangers, la maîtrise de l’immigration, la fin des avantages sociaux accordés aux étrangers sans contre-partie sont des questions sur lesquelles tous les électeurs de droite partagent la même sensibilité. Encore faut-il avoir le courage de le dire et ne pas s’exposer au piège socialiste de la diabolisation en acceptant la bouillie idéologique et anesthésiante de l’adversaire, ce mélange de mauvaise conscience, d’égalitarisme et de mondialisme suicidaires que de prétendus politiciens de droite ingurgitent stupidement.

Christian Vanneste

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