Alors, quoi ? On ne va pas changer les ministres en pleine législature, je sais. Encore moins les faire élire par le peuple, j’ai bien compris le récent verdict du souverain à ce sujet. Mais nous, les citoyens, les patriotes de ce pays, nous qui l’aimons, nous avons au moins le droit de dire notre colère. Face à ce gouvernement qui n’en est pas un. Face à ce règne de la prosternation, là où, au contraire, il faudrait avoir la raideur de la fierté, le regard droit du négociateur qui n’entend pas s’en laisser conter
Dans cette chronique, je vais faire plaisir aux lecteurs PLR, parce que je dirai du mal de Mme Widmer-Schlumpf. Mais je vais aussi m’attirer leur colère, parce que je dirai pis-que-pendre de M. Burkhalter. C’est ainsi lorsqu’on écrit : on froisse toujours un camp. Ou alors, il faut choisir un autre métier. Cireur de bottes, par exemple.
Une chose est sûre : la Suisse de 2013 n’est pas gouvernée. Elle est au mieux administrée, et encore elle l’est mal. D’un côté, une ministre des Finances qui passe son temps à capituler. De l’autre, un ministre des Affaires étrangères qui a laissé instiller la possibilité de juges étrangers. Dans les deux cas, nous avons affaire à de graves signaux d’abandon de notre souveraineté, et même de notre fierté nationale, parce que la Suisse n’a pas vocation de dominion, encore moins de sujet, ni de satellite, ni de protectorat. Non, la Suisse est un Etat indépendant, au même titre que ses voisins, elle doit être respectée comme tel. Le moins qu’on puisse dire est que nous n’en prenons pas le chemin.
Commençons par Mme Widmer-Schlumpf. Dans l’affaire de l’accord avec la France sur les successions, comme dans celle de l’accord américain, c’est toujours la même chorégraphie : on commence par la génuflexion, en s’imaginant qu’on va amadouer le partenaire, sous le seul prétexte qu’il donne de la voix. En clair, on se laisse impressionner. A cet égard, la triste comédie de Bercy, où une conseillère fédérale s’est rendue auprès du ministre français des Finances comme on chemine vers Canossa, et mon ami Pierre par-ci, et mon amie Eveline par-là, et cette odieuse évidence de la subordination de la Suisse dans l’affaire, notre pays n’a pas été grandi par cet épisode. Puisse le Parlement réserver à cet accord le même sort qu’à celui des Etats-Unis. Voilà pour la partie plaisante au lectorat PLR.
J’en viens à la seconde, celle qui implique le conseiller fédéral radical romand, oui l’héritier des Chevallaz, Delamuraz ou Couchepin. Comment M. Burkhalter, dont on dit qu’il dirige la diplomatie suisse, a-t-il pu laisser son Secrétaire d’Etat, le très contesté M. Rossier, entrer en matière sur la possibilité de saisine de la Cour européenne de justice pour trancher les litiges dans le domaine des bilatérales ? Pacte fédéral ou non (je ne remonte jamais, pour ma part, à des temps aussi lointains, où la part du mythe doit être dégagée), il est certain que l’opinion publique suisse ne veut pas de juges étrangers. Fussent-ils les meilleurs du monde, les plus éclairés, les plus sages. De la part du chef du DFAE, c’est une erreur politique, et le président du PDC suisse, Christophe Darbellay, a parfaitement raison de la condamner.
Alors, quoi ? On ne va pas changer les ministres en pleine législature, je sais. Encore moins les faire élire par le peuple, j’ai bien compris le récent verdict du souverain à ce sujet. Mais nous, les citoyens, les patriotes de ce pays, nous qui l’aimons, nous avons au moins le droit de dire notre colère. Face à ce gouvernement qui n’en est pas un. Face à ce règne de la prosternation, là où, au contraire, il faudrait avoir la raideur de la fierté, le regard droit du négociateur qui n’entend pas s’en laisser conter. Ainsi, sur les affaires fiscales, qu’attend le Conseil fédéral pour lancer une offensive ? Demander, à son tour, des comptes aux pays anglo-saxons sur leurs paradis fiscaux à eux. Tenir l’initiative, plutôt que subir, subir et subir encore. C’est pourtant cela, et rien que cela, la politique.
Pascal Décaillet
Chronique publiée dans Tribune (Le Journal du PLR vaudois) - No 7 - Mercredi 28.08.13
Ou bien “ils” en savent plus mais n’osent pas le dire ou alors ils sont dans le maelström sans savoir quel cap prendre.
Dans les deux cas c’est grave.
Dans le premier il leur faut arrêter d’écouter leurs spin-doctors et s’adresser franchement au parlement et à la population, dire leur stratégie et la réaliser. C’est ce que fait Mme Leuthard pour la transition énergétique bien je ne sois pas du tout d’accord avec ça, mais elle le fait avec clarté, même si elle se trompe. C’est ce que ne font pas Mme Wiedmer-Schlumpf et M. Burkhalter. M. Maurer, lui, gagne par finesses tactiques et politicienne, ce n’est pas meilleur.
Ont-t-ils peur de l’affrontement interne? Ils l’ont déjà !
Ont-ils peur de dévoiler leur stratégie à la partie adverse ? La meilleure position de négociation est pourtant donnée lorsque le doute n’est pas permis sur la fermeté des intentions de chacun. Sinon que négocier ?
Dans le deuxième cas, et nul doute qu’il y a là une grande part de réalité, l’absence de stratégie se fait durement sentir. Et le côté pragmatique de Mme Wiedmer-Schlumpf ne sert pas les intérêts du pays car résoudre chaque problème un à un – ce qu’elle fait – n’est pas le vrai défi. Les arbres sont abattus mais la forêt n’est pas gérée.
Il est grand temps que le Conseil fédéral se mette au vert, repense ses buts et positions et s’explique de manière intelligible. Le débat s’orienterait vers les vrais sujets et non sur des Nebenkriegschauplätze, et les négociateurs auraient leur tâche grandement simplifiée.
Même dans un gouvernement de grande coalition n’ayant pas de programme de législature il devrait être possible de s’accorder sur des lignes directrices, et de le faire savoir.
Les deux conseillers fédéraux mentionnés sont lamentables et répréhensibles : Toute limitation de notre Souveraineté dans quelque domaine que ce soit ne doit en aucun cas entrer en discutions : en temps de guerre ce serait le peloton d’exécution !
“On ne va pas changer les ministres en cours de législature?”
Ceci est vrai avec la Constitution en vigueur actuellement.
Lors de la campagne au sujet de l’élection du CF par le peuple, j’ai eu l’occasion d’echanger l’avis, avec plusieurs opposant à l’intitiative, qu’il aurait été plus utile d’inscrire dans notre document fondateur une procédure parlementaire de destitution d’un Conseiller Fédéral pouvant être initiée par recolte de signatures, à l’instar d’initiatives et référendum.
Toutefois, dans le cas présent, il y aurait lieu d’institurer une commission parlementaire avec le mandat d’évaluer s’il n’y a pas transgression de l’article 266 du Code Pénal (atteinte à l’indépendance de la Confédération) de la part des Conseilleurs Fédéraux en question (http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19370083/index.html).
Il y a place ici pour une nouvelle initiative populaire.
Le titre n’est, pour moi, pas un scoop : j’entends encore mon père dire, dans les années 50, “on n’est pas gouverné, on est administré”.
Avec un peu de recul, j’associe mentalement les actions du conseil fédéral à de la haute trahison. Sur tous les plans ou presque.
Rien d’autre que ce qu’écrit M. Décaillet… je souscris totalement ..
Parfait en tous points, sauf un! Le sieur Darbellay s’est battu bec et ongles pour élire notre brillantissime Evelyne Widmer-Stroumpf à la place du dérangeant Christophe Blocher. Ils ne voulaient plus du zurichois, qu’ils assument maintenant leur choix et ne jouent pas les Ponce Pilate en se lavant lâchement les mains…..
La mémoire à du bon !