Que se passera-t-il si le coït n’est pas simulé mais effectif et fertile ? On se prend à rêver.
– Mon petit, tu as été conçu sous les feux de la rampe. Te rends-tu bien compte de ta chance ?
Le chef d’orchestre qui dirigera les couinements des coïtants s’appelle Ivo Dimchev. Rôle difficile. A l’âge du mariage pour tous, il devra faire preuve de doigté, puisque dans le public sollicité, deux hommes ou deux femmes, pourraient monter ensemble sur scène. Difficile de leur dire non.
Les coïtants s’inscrivent dans une « vaste démarche anticapitaliste » et que l’essentiel est de « sortir le public de sa passivité, de l’inclure dans le processus de création…
Le 15 août 2013, Le Temps a publié un article si remarquable qu’il est historique. Un nouveau spectacle y est décrit. Il sera présenté à Nyon. Il devrait permettre à n’importe lequel d’entre nous de monter sur scène et de se livrer à un coït ou, plus exactement, si l’on en croit Marie-Pierre Genecand, journaliste de cet éminent quotidien, de simuler un coït. Est-ce possible, une fois dans l’action, de simuler ? Mais laissons cela. Si l’on coïte avec ou sans simulation, on touche 250 francs. Ce n’est peut-être pas très bien payé, mais c’est mieux que rien en cette période de crise. Comme il faut encore être deux pour effectuer une très intime étreinte, un couple pourrait empocher 500 francs. En Romandie, devant un va-et-vient érotique, nous sommes prêts à remercier les coïtants improvisés en ouvrant notre portemonnaie et même en les applaudissant.
Que se passera-t-il si le coït n’est pas simulé mais effectif et fertile ? On se prend à rêver.
- Mon petit, tu as été conçu sous les feux de la rampe. Te rends-tu bien compte de ta chance ?
Si ça ne plaît pas au petit, on pourra toujours brouiller les cartes en lui disant qu’il a été conçu par la PMA ou la GPA. Comme il n’y comprendra rien, cela le fera taire.
Le chef d’orchestre qui dirigera les couinements des coïtants s’appelle Ivo Dimchev. Rôle difficile. A l’âge du mariage pour tous, il devra faire preuve de doigté, puisque dans le public sollicité, deux hommes ou deux femmes, pourraient monter ensemble sur scène. Difficile de leur dire non. Mais s’agira-t-il alors d’un vrai coït ? Pourront-ils même simuler un coït hétérosexuel ? Poser la question, c’est y répondre. Qui oserait s’interroger ainsi après le mariage pour tous ? D’ailleurs, Marie-Pierre Genecand, nous rassure. Elle explique en effet que les coïtants s’inscrivent dans une « vaste démarche anticapitaliste » et que l’essentiel est de « sortir le public de sa passivité, de l’inclure dans le processus de création, de lui poser la question de l’argent comme moteur de l’opération ». Ainsi avertis, ceux qui auront acheté un billet pour assister à l’orgasmique assomption d’un couple sur les planches, pourront respirer. Dès qu’on sort du capitalisme, on entre en effet en odeur de sainteté, on progresse au-delà du bien et du mal, on retrouve une innocence adamique. Retour au Jardin d’Eden pour 250 francs. Qui pourrait résister ?
La même journaliste du Temps nous précise que, dans des mises en scène antérieures, l’ambiance, dans le public, a été détendue, que tout s’est déroulé en douceur, qu’il n’y a eu « aucune provocation ». Un doute nous saisit : peut-on vraiment sortir de sa passivité lorsqu’on baigne dans une ambiance bisounours ? N’est-ce pas le public qui, dans sa totalité, devrait coïter ? N’est-ce pas ainsi que serait vraiment dépassé le capitalisme ?
Foin de nos questions ! Ce qui inquiète probablement le metteur en scène, ce sont les gémissements des coïtants. S’ils restent trop faibles, il faudra prévoir une sono avec un DJ spécialisé en couinements d’amour. Et s’ils sont assez forts, il faudra dire au DJ de se tenir coi. Pas facile d’orchestrer l’extase.
En sourdine et en tendant bien l’oreille, on entendra aussi un autre cœur. Celui des otaries de l’ouverture à l’autre. Le simple fait qu’Ivo Dimchev est bulgare signale les bienfaits de cette ouverture. Grâce à elle, nous pourrons jouir des d’une autre culture, d’une culture copulatoire. Lever de rideau historique sur une nouvelle pratique dans l’espace public. Remède miraculeux pour guérir de notre déficit démographique. Nous croîtrons et nous nous multiplierons partout et toujours, au lieu de nous enfermer bêtement dans notre triste lit conjugal. Les scènes de théâtres, les parcs publics, les préaux, les supermarchés, deviendront enfin de vrais espaces de vie. S’accoupler, finalement, n’est-ce pas vivre loin des horreurs économiques ?
Ainsi couinements et louanges au très haut seigneur du multiculturel se mêleront-ils à Nyon. Nous sommes fiers de cette ville qui mériterait bien, pour s’être ainsi ouverte au monde, une médaille d’amour universel remise par un Ban Ki-moon, par exemple, ou quelque autre otarie mondialisée.
Léger problème. Le lendemain de la parution de cet article, une manchette du Matin, toujours vigilant sur le front des nouvelles révolutionnaires, nous disait qu’un thérapeute conseillait aux femmes de se caresser. On peut donc craindre qu’à suivre ce conseil, elles soient fatiguées et renoncent à venir admirer un coït public. Mais allons, cette crainte est sans fondement !
Jan Marejko
L’idiotie fait aussi partie de ce monde. Tout le monde a le droit d’être démesurément con.
Voici qui témoigne que la prétendue libération de mai 68 n’a pas suffi. Et ne suffira jamais! Nul n’en a reçu l’être! Tous les excès, de toute nature, sont symptôme d’un manque, d’un déficit d’être! Mais il n’y a pas que les excès! On peut chercher à briller en société, en politique. Sous couvert du bien, ou de la fortune. Même le veau d’or répondait à un manque! Était un expédient pour combler le manque, le vide! Au même titre, je le dis au risque de scandaliser, que la religion! Le veau d’or symbolise l’appétit du fric. C’est une erreur, grossière! C’est l’or reçu des égyptiens qui a été sacrifié pour fabriquer ce piteux succédané de vie! Et aujourd’hui, que ne paie-t-on pas pour être, pour être plus? Mais cela ne suffit pas!
Eh oui M.Palador. Je dirais même plus, cela lutterait encore mieux contre le capitalisme !
(Oui, j’ai réussi à l’écrire sans rire et sans me taper la tête contre le mur !)
Et pourquoi ne pas distribuer capotes à l’entrée et séléctionner comme public que des couples et à la fin du spectacle convier tout le monde sur scène pour une mégapartouze ?
Ca ce serait de la vraie performance théatrale et de l’avant garde pour sortir le public de sa passivité…;)