Médias et comportement politique: vécu personnel

Anne Lauwaert
Ecrivain belge

La question qui se pose est donc… les gens qui sont absorbés par leur activité professionnelle ou familiale ou imbibés d’idéologie, à quel point sont-ils informés ? Sur quelle information se basent-ils lors des élections? Cela explique-t-il qu’à peine François Hollande élu on n’a plus voulu de lui? Idem en Tunisie ou en Egypte ?… Comme si les gens votaient et ne regardaient qu’ensuite pour qui ils ont voté…
Ou n’y a-t-il qu’en Suisse, grâce à la démocratie directe, que les citoyens veulent savoir de quoi on parle pour pouvoir dire la leur ?

Je viens de faire une expérience intéressante. Quand je travaillais, je me levais à 6h, quittais mon domicile à 7h, rentrais à 19h et ensuite c’était le ménage, le jardin, la famille etc. … jusqu’à 23h… pas le temps de regarder la télé. A midi je jetais un coup d’œil sur les titres de la presse locale en avalant un café et un croissant. J’étais jeune, donc du vendredi soir au dimanche soir nous courrions les montagnes. Je n’avais qu’une très vague idée de ce qui se passait dans le monde et je m’en foutais.

Aujourd’hui je suis pensionnée. Je me lève toujours tôt. Je déguste ma tartine confiture puis j’allume mon ordinateur pour, tout en finissant de siroter mon café,  lire les titres de la presse internationale, les messages mail et les blogs…

Mais voilà, soudain jeudi passé:  black out total… Swisscom change sa distribution et me voilà une semaine sans Internet… et là c’est le choc… tout d’un coup je tombe en dehors du monde … je ne sais plus rien, plus aucune nouvelle … J’ai beau suivre le JT flamand sur BVN, le tessinois sur RTSI et le français sur TV5… tout d’un coup il n’y a plus rien qui se passe dans le monde… à part le royal baby, la canicule, les imprudents noyés, les compétitions sportives, les manifestations religieuses, la mort du prince Friso, les festivals et quelques autres faits divers, un peu d’incontournable “gossip” et pour le reste… quelques explosions meurtrières dans les pays mahométans et sinon… vraiment pas grand-chose…

C’est là que je me rends compte que “les nouvelles” on ne les entend pas au JT mais en lisant la presse sur Internet… ou les newsletter ou les articles provenant du monde entier qu’on découvre et qu’on se transmet entre correspondants.

Ensuite il faut encore “décrypter” tout ce qu’on balance dans les airs…

J’ai même remarqué qu’il arrive qu’une même information soit relayée dans un journal d’une façon et dans un autre journal exactement son contraire… les journalistes ne comprennent-ils pas toujours les bulletins des agences de presse? À moins que l’information ne soit modelée selon la discipline du parti?

Un autre truc bizarre : il arrive de saisir une « information pointue » mais celle-ci disparaît aussitôt… on ne la retrouvera plus nulle part…

Ben oui, faut décrypter… séparer le jus de la pulpe… ça s’apprend, mais ça prend du temps… cela en vaut-il la peine? La question qui se pose est donc… les gens qui sont absorbés par leur activité professionnelle ou familiale ou imbibés d’idéologie, à quel point sont-ils informés ? Sur quelle information se basent-ils lors des élections? Cela explique-t-il qu’à peine François Hollande élu on n’a plus voulu de lui? Idem en Tunisie ou en Egypte ?… Comme si les gens votaient et ne regardaient qu’ensuite  pour qui ils ont voté…

En Belgique et en France l’an prochain il y aura de nouvelles élections;  le tour de force va donc être d’informer le mieux possible, le plus de monde possible … Mais si on n’a pas voix au chapitre, à quoi bon être informé? Ou n’y a-t-il qu’en Suisse, grâce à la démocratie directe, que les citoyens veulent savoir de quoi on parle pour pouvoir dire la leur ?

 

Anne Lauwaert

 

 

 

 

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