L’Egypte dans les insignifiantes mais perverses griffes de l’Occident

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
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Il y a quelques heures, Catherine Ashton, Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères et pour la sécurité, est arrivée en Egypte afin de promouvoir un « processus de pleine intégration, incluant les frères musulmans ». Elle-même n’a pas été intégrée dans un tel processus lors de sa nomination puisqu’elle n’a pas été élue et qu’elle est comme tombée du ciel à ce poste, après avoir participé à des congrès pour la paix organisés, autrefois, par l’URSS.

Comment dire quelque chose sans rien dire du tout ? Question qui préoccupe les grands esprits, surtout en Europe où l’on s’efforce de se taire tout en parlant. L’industrie des déclarations vides y tourne à plein régime. Elle tourne même encore plus vite devant ce qui s’est passé et se passe en Egypte.

 

Il y a quelques heures, Catherine Ashton, Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères et pour la sécurité, est arrivée en Egypte afin de promouvoir un « processus de pleine intégration, incluant les frères musulmans ». Elle-même n’a pas été intégrée dans un tel processus lors de sa nomination puisqu’elle n’a pas été élue et qu’elle est comme tombée du ciel à ce poste, après avoir participé à des congrès pour la paix organisés, autrefois, par l’URSS.

 

Sa démarche envers l’Egypte s’inscrit dans la suite logique de plusieurs déclarations en provenance de la communauté internationale, résumées par la position de Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’ONU, selon qui « Monsieur Morsi et ses alliés devraient être libérés au plus vite, et leurs dossiers examinés de façon transparente ».

 

La référence aux années trente pour caractériser ce qui se passe aujourd’hui est devenue fréquente en économie. Quand elle le deviendra en politique, on verra qu’une Catherine Ashton serait allée fissa en Allemagne pour inclure les nazis dans un processus de transparence démocratique.

 

La misère de la politique étrangère soutenue par les dirigeants occidentaux, est maintenant claire, c’est-à-dire à la fois perverse et insignifiante. Elle ne repose sur aucune vision, aucun jugement. Il suffit qu’un mouvement récolte des voix comme celui des frères musulmans, pour qu’il soit considéré, par le logiciel bruxellois, comme intégrable dans un processus démocratique. Peu importe la nature du mouvement. Qu’il soit né, comme celui des frères musulmans, non seulement sur des modèles nazis d’actions et de slogans mais aussi du financement allemand avant et pendant la Deuxième guerre mondiale, ne saurait être pris une seconde en considération. D’ailleurs, savent-ils ces choses, les hauts représentants de l’UE et autres marionnettes internationalistes ? Probablement pas. Ils ne savent pas non plus ou ne veulent pas savoir qu’il y a de l’antisémitisme dans le monde arabe. Ils condamnent allègrement les mouvements néo-nazis en Europe. Ça les fait se sentir vertueux, vigilants, mais quant à condamner ce même antisémitisme chez les frères musulmans, pas question.

 

L’Egypte est un grand pays en proie à une crise sans précédent et menacé par un mouvement fasciste ou totalitaire, comme nous, Européens, avons été menacés par un tel mouvement avant d’y succomber à la suite de la pauvre Russie en 1917. Comme l’a rappelé l’écrivain égyptien Gilbert Sinoué, les douloureux couinements de l’Angleterre devant le « coup d’Etat » qui a renversé le président Morsi, n’ont pas été entendus lorsque Londres a négligé tout processus démocratique dans ses interventions aux Malouines, en Palestine, en Inde, en Égypte, en Irak, et en Afrique du Sud quand il massacrait allègrement les Boers et les Zoulous.

 

Mais prendre en compte l’histoire, n’est-ce pas, c’est se tourner vers des « has been ». Et les Européens veulent rester dans l’actu, dans la réalité. Le problème est qu’à vouloir y rester, on ne la voit plus du tout. Le Vieux continent, Catherine Ashton en tête, est dans le cirage et son aveuglement menace, aujourd’hui, l’Egypte, avant de menacer, demain, toute la planète, lui-même inclus.

Jan Marejko, 29 juillet 2013

5 commentaires

  1. Posté par G. Vuilliomenet le

    De l’aveuglement! Vraiment?

    J’ai de plus en plus de doute à ce sujet. Je dirais même plus, j’ai de sérieux doutes.

    Madame Paule Valiquer parle d’une Europe pleutre, hypocrite. J’en suis de moins en moins convaincu.
    Et si l’islam était un moyen encore plus efficace que le nazisme ou le communisme pour dominer, asservir l’être humain, ne croyez-vous pas que des esprits mal intentionnés pourraient être attirés par cette idéologie?
    N’est-ce pas étrange cette obsession pour lutter contre le racisme quand celui-ci est de source “blanche”, occidentale alors que l’on néglige celui pratiqué contre les Peuples européens de souche?
    Il me semble qu’il y a trop d’éléments pour croire que ceux qui nous dirigent sont pleutres. J’y ai cru fermement, mais j’y crois de moins en moins. Ceux qui nous dirigent ont de sombres pensées, d’obscurs projets.
    Nous allons devoir nous battre âprement pour recouvrer nos Libertés.

  2. Posté par Danièle Ney-Kemp le

    Il existe une telle distance , un tel décalage entre les bobos bien nantis, les fat cats de la politique , donneurs de leçon , et les interrogations des peuples, les brutalités du quotidien que ces peuples endurent, les gouvernements gaspilleurs, les barbares profiteurs et tout ça sur fonds de plusieurs crises simultanées, économique d’abord, de civilisation ensuite, de délitement du contrat social, de la peur , des accommodements et de la lâcheté des décideurs, du silence des Clercs, des féministes, des intellectuels et surtout des journaleux, qui font honte à la profession.
    On raconte q’avant la chute de Constantinople, alors que les Ottomans donnaient l’assaut, les évêques discutaient ” de la corporéalité des anges”.
    On attribue à Louis XV la phrase” après-moi le déluge”, elle colle à notre époque!

  3. Posté par Valiquer Paule le

    Oui, Monsieur Sinoué, merci!
    Pour avoir vécu deux ans comme jeune étudiante en URSS afin de parfaire mes connaissance de la langue russe et – choix imposé – du marxisme-léninisme, j’en ai retenu une phrase de Lénine qui disait déjà, dans les années 20 du siècle dernier, que le talon d’Achille de l’Occident était la démocratie et que l’Ouest se scierait un jour la branche sur laquelle il est assis. C’est plus que jamais d’actualité d’aujourd’hui dans cette Europe pleutre, hypocrite, vouée à l’angélisme social et au consumérisme, au détriment de la vie de l’Esprit et de toutes les valeurs qui faisaient et font encore la beauté et la force de notre civilisation. Réagissons avant qu’il ne soit trop tard et n’ayons plus peur d’appeler un chat un chat devant l’invasion des barbares… L’histoire ne doit pas nécessairement se répéter!

  4. Posté par Angel le

    très bon article … à ceci près que plus rien ne se fait maintenant sans se retrouver exposé sur internet … et y laisser des traces … pour l’écriture ultérieure de l’histoire…

  5. Posté par Gilbert Sinoué le

    Enfin ! Enfin un article limpide, sensé, réfléchi. Enfin une analyse logique qui devrait, mais c’est sans espoir, éclairer nos chancelleries qui continuent de vivre le nez collé contre la fresque de l’incompétence… Merci Monsieur Marejko.

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