L’UDC Ueli Maurer en suppôt du communisme chinois, c’est le feuilleton de l’été et la mise en abîme d’une mentalité qui se complaît dans ses contradictions.
La RTS aura travaillé très dur pour allumer la mèche d'un Ueli Maurer absolvant les crimes de la place Tienanmen. "Tollé", "polémique", "indignation", l'arsenal dialectique des grands jours est de sortie. Plusieurs unes sur le site internet, deux sujets au 12:45, un au 19:30 (sans compter celui du 18, la revue de l'armée chinoise ne posait alors aucun problème), 2 Forums, le week-end a été chargé; il faut bien combler le creux estival avec quelque chose.
En y regardant de plus près, l'on s'aperçoit que le Conseiller fédéral n'a pas fait ce qu'on lui reproche, mais son crime n'en reste pas moins capital en ce qu'il a omis de considérer que sa phrase, "malheureuse sans aucun doute", selon la speakerine de Forum, est "sujette à interprétation".
"Ueli Maurer ne fait pas de référence directe à la répression sanglante de la place Tienanmen, mais c'est ce à quoi beaucoup pensent spontanément, parce que c'est l'évènement le plus marquant, le plus connu. Alors, c'est maladroit et cela montre qu'il n'a sans doute pas pris toute la mesure de ce potentiel d'interprétation ni, aussi, de l'opportunité politique qu'il offre à ses adversaires."
Sa faute étant en somme de ne pas avoir su anticiper la mauvaise foi hostile des journalistes d'Etat, ni même l'opportunisme captieux de ses contempteurs, lesquels, s'ils eussent été à droite, se seraient retrouvés sanctionnés de populisme par ces mêmes journalistes qui les interviewent sur cette affaire urgente en opinant gravement du chef.
Un peu d'histoire
En effet, tant de maladresse confond. Ueli Maurer n'eût pas dû ignorer que la Chine, paradis idéologique perdu d'une gauche suisse vieillissante, était l'ornière dans laquelle elle enserrerait désormais tous les hommes de droite auxquels elle aurait concédé quelque charge d'Etat.
Pour juger de sa frustration, il suffit de lire ce qu'en dit la dernière mouture du programme du parti socialiste; c'est assez révélateur:
"Le capital financier détermine la répartition mondiale du travail. La mobilité et l'obsession du rendement de ses représentants ne rencontrent presque plus aucun obstacle. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont permis la globalisation des marchés. Cette évolution a été favorisée par le passage des anciens pays communistes de l’Europe de l’Est et de la Chine au capitalisme et délibérément encouragée par les gouvernements de certaines puissances occidentales comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, apôtres de l’idéologie néolibérale du moins d’Etat, de la privatisation et de la dérégulation des marchés. Mais cette globalisation des marchés est aussi soutenue par de puissants pays asiatiques qui, comme la Chine, combinent un régime autoritaire et anti-démocratique avec une économie de type féodale-capitaliste."
Les bourgeois capitalistes nous ont volé Mao, ils le paieront toute leur vie.
Du coup, le Conseiller fédéral ne pouvait pas ignorer qu'un rezzou médiatique punirait le moindre rapport de la droite avec le géant Chinois. La technique est aussi vieille que la présence de l'UDC (nouveau style) au Conseil fédéral.
Il y a près de 13 ans, en décembre 2000, Dan Gallin, sorte de vieux syndicaliste gauchiste, ouvrait le bal avec cette trouvaille, qui fit florès en son temps:
"L’entreprise de Blocher, Ems Chemie, figure au nombre des transnationales qui investissent dans ce pays – il a été interpellé à ce sujet. Le fait que le mouvement démocratique en Chine, y compris les nombreuses tentatives de créer des syndicats indépendants, est férocement réprimé, ne lui cause aucun état d’âme. Ce qui compte, pour lui et pour les autres, ce n’est pas « l’idéologie totalitaire qui asservit l’individu », mais le profit qu’une entreprise capitaliste peut retirer d’un système qui lui garantit la « stabilité », c’est-à-dire qui la protège, justement par des moyens policiers et militaires, contre les revendications des travailleurs semblables à celles de son propre pays" (numéro de Domaine Public encarté dans Le Temps du 13.12.2000).
La théorie est sensiblement la même que celle du parti socialiste: le grand capital a mangé la Chine. Ce salaud de Blocher a détruit la pureté du maoïsme.
Prudents et pragmatiques, Gallin et ses successeurs n'iront jamais jusqu'à défendre le bilan économique et humanitaire du grand timonier mais sous-entendront toujours une complicité crapuleuse entre le capitalisme et le communisme le plus criminel, dans la perspective d'une justification du socialisme. Gallin n'en fait d'ailleurs pas mystère, son article s'intitulant "Qu’est-ce que le socialisme? Réponse à Christoph Blocher", qui s'emploie laborieusement à distinguer socialisme et communisme, avec, en passant, quelques perles de bonne taille:
"Il a donc toujours été absurde pour un socialiste de qualifier l’Union soviétique et les pays sous son contrôle de «pays socialistes»."
L'utilisation d'un semblable terme ne relevant que d'une stratégie bourgeoise à seules fins de tromper les masses:
"L’utilisation du terme «socialiste» pour décrire le système «communiste» est en fait entièrement polémique et reflète deux intentions politiques opposées mais convergentes : d’une part celle de politiciens conservateurs cherchant à discréditer le socialisme en l’assimilant à la pratique «communiste» – c’est l’opération Blocher, entre autres – et d’autre part celle des communistes eux-mêmes cherchant à légitimer leur système et leur politique, encore aujourd’hui dans certains cas, en s’appropriant le vocabulaire et les symboles historiques du mouvement socialiste. En fait, pour les socialistes, aucun «pays socialiste» n’a jamais existé dans l’histoire."
Voilà comment le socialisme échappe à la preuve par l'histoire, ses partisans se contentant de débrancher son existence mémorielle en fonction du besoin, l'idéologie ne se départissant jamais, en fin de compte, de la pureté virginale du fantasme.
Après l'invocation de tout un cortège de spectres d'un autre temps, l'on comprendra de l'article de Gallin que le socialisme revêt tout à la fois la force du dogme et sa propre nature personnelle, quasi-divine, insaisissable, éthérée, ne pouvant ni se tromper ni nous tromper, ne débouchant sur des erreurs que lorsqu'il est empoigné par un sujet indigne, auquel cas il n'existe plus, ce n'est plus du socialisme, car le socialisme est intrinsèquement bon, croyez-le. Tout à la fois doctrine et divinité, le socialisme est lumière, sagesse et connaissance pour celui qui saura le servir et s'en servir. Pour Henri Vincenot, vieux barde bourguignon égaré en notre siècle, le symbole de la rose socialiste rappelait la symbolique rosicrucienne de la gnose dont seul l'initié peut se saisir sans se blesser aux épines. Le socialisme, une religion sectaire, exclusive, rien de plus.
Reste qu'après cet article, plus aucun UDC ne pouvait frayer avec une dictature socialiste, pardon, communiste, même pour raison d'Etat, sans se voir chargé fatalement du lourd fardeau d'une complicité silencieuse envers les crimes de ce qui fut autrefois considéré comme du socialisme, et doit être vu aujourd'hui - par la grâce de M. Gallin et de la purification régénératrice inhérente à l'idéologie socialiste - comme autant de crimes communistes, fascistes, nazis, etc. Comme le Christ est ressuscité d'entre les morts, la mémoire du socialisme renaît d'entre les siens, ceux qu'elle a immanquablement provoqués et qui se retrouvent ainsi orphelins de bourreaux, par le fait d'une absolution continue fondée sur la croyance que celui qui a mésusé du socialisme n'en n'a en fait pas usé.
Ainsi, pour une poignée de mains protocolaire, Ueli Maurer, retrouvait son "grand ami" (titre changé par la suite dans l'article), le boucher en chef. De la part d'une officine médiatique qui s'est amusée avec tendresse de la profonde amitié entre un Ziegler et un Kadhafi, la chose fait, comment dire, doucement sourire.
Intouchables
L'histoire de la Realpolitik suisse envers les dictatures socialistes d'Asie a un passé récent. Comment oublier, en préambule, la réception, en 1999, avec honneurs militaires et revue au grand complet, du président Jiang Zemin, le vrai fauteur de Tienanmen, qui s'offrira même le luxe de mettre la Conseillère fédérale socialiste Ruth Dreifuss au garde-à-vous, exigeant que l'on fasse reculer les opposants qui manifestaient de quelques rues encore. La presse réagira mollement.
En juin 2005, la réaction de la délégation suisse au rapport du Bureau international du travail, selon lequel l'Asie, a elle seule, comptait 9 millions d'esclaves, fendait sans un bruit l'indifférente quiétude des premiers jours d'été:
"La Suisse n’est pas entièrement convaincue de l’opportunité de fixer une date (2015) pour l’élimination de toutes les formes de travail forcé dans la mesure où si, à cette échéance, le but n’est pas atteint, seul l’échec sera retenu et pas les éventuels progrès réalisés dans le domaine".
Depuis, le SECO de Joseph Deiss et le DFAE de Micheline Calmy-Rey et de leurs successeurs dépêchent alternativement la section IV du DFAE dans tous les pays d'Asie du sud-est pour s'assurer que les enfants qui triment comme des bêtes dans des boîtes plus ou moins affiliées à la Suisse aient au moins une feuille de bananier propre sur laquelle manger leur petit frichti.
Depuis ce jour encore, le cortège de puissantes crapules en direction de Berne est ininterrompu, Li Zhaoxing en 2006, Nguyen Minh TRIET en 2010, etc. Jamais la presse ne crut bon de broncher, mais voilà qu'elle se réveille, en 2013, pour une phrase qui n'a pas été dite, mais néanmoins tellement "sujette à interprétation". Les fronts plombés, les mines graves, les faces de carême, tout cela reste l'apanage exclusif du traitement réservé à la droite UDC.
Ainsi, si Ueli Maurer est attrapé, ce jour, la main dans celle de son "grand ami", c'est bien parce que ses prédécesseurs en ont décidé ainsi. Comprenez, s'il ne l'avait pas fait, il se fût rendu coupable d'anti-collégialité, ce qui est une faute grave, impardonnable, pour un UDC de la veine blochérienne.
Le socialisme est intouchable, on l'aura compris, et cesse d'exister dès que la moindre faute peut lui être imputée, mais que ceux qui bêlent aujourd'hui avec tant d'assurance osent tout de même s'interroger sur le courant de pensée qui a fait marcher les chars sur la population sur cette place Tienanmen, ce matin du 5 juin 1989 (photo). Le même fondement, la même lâcheté qui poussa la Présidente de la Confédération, Ruth Dreifuss, le jour de la réception de Jiang Zemin, devant la crainte de "perdre un ami" à omettre de mentionner le sort des prisonniers tibétains qu'elle avait promis d'évoquer. D'aucuns diraient même, mais ce serait exagéré, qu'elle avait tiré un trait...
Avec le climat de repentance que l’Occident semble vouloir accepter des barbares soutenus par nos journalistes et gauchistes cela contraste violemment.
Ueli n’est pas une personne prête à s’agenouiller devant les barbares pour se repentir, il arrive un moment ou il faut cesser ce jeu de dupe. Faut-il que nous présentions des excuses aux Autrichiens pour les rochers que nos vaillants et valeureux ancêtres ont expédiés sur le crâne des Habsbourg?
Oui, le passé a existé pour toutes les nations, même pour celles qui se permettent de réclamer des excuses, mais qui pratiquent encore ce qu’ils nous reprochent, comme l’esclavagisme!
Maintenant, levons la tête et dressons-nous contre ces inepties gauchistes et barbaresques. Oui Ueli tu nous montre la voie. Merci.