Environnement : méfiance, doute, désintérêt

Pierre Kunz
Pierre Kunz
Ancien député PLR, Genève
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On ne saurait nier le risque que représente l’accumulation des gaz à effet de serre produits par l’activité humaine ni la réalité d’un réchauffement climatique…

La déforestation de la planète ne peut se poursuivre sans danger au rythme qu’elle connaît depuis un demi-siècle. La dramatique surpêche dans les océans doit cesser. A l’évidence, il convient de substituer le plus rapidement possible des énergies renouvelables à celle tirée des sources fossiles. Bien évidemment, il faut protéger la biodiversité et mettre un terme au gaspillage des ressources que la planète nous met à disposition. Tout cela va de soi pour tout être humain conscient et quelque peu informé.

Pourtant, il est aujourd’hui devenu pratiquement impossible à l’homme de la rue de rester réceptif aux informations relatives à la multitude des problèmes qui, paraît-il, mettent en danger gravement le futur de l’humanité et de la planète. Ces informations sont en effet innombrables, incohérentes et contradictoires. D’autre part, se dévoilent de plus en plus clairement l’opportunisme et la démagogie qui trop souvent sont les moteurs de ceux qui prétendent expliquer aux peuples de la Terre la multitude des défis environnementaux qu’ils ont décelés ou cru déceler.

Les écolos et les politiques en manque de crédibilité

Depuis une vingtaine d’années, partout dans les monde occidental, ceux qu’on appelle les « Verts » profitent de toutes les opportunités pour tirer parti politiquement de la peur générée dans les populations par les catastrophes réelles ou prédites par les enquêtes statistiques douteuse et les scénarios catastrophistes. Quant aux scientifiques qui se préoccupent de ces questions, ils sont presque impossibles à suivre, tant leurs domaines d’intérêt sont étroits et tant ils font abstraction des conditions sociales, économiques et politiques des sociétés auxquelles ils s’adressent.

Dans ce concert, amplifié par des médias incompétents et superficiels mais en permanence avides de sensationnel, les autorités politiques demeurent incapables de s’emparer de manière raisonnable et efficace des questions environnementales. Elles signent des accords internationaux ou locaux immédiatement contournés et quasiment jamais respectés, légifèrent au coup par coup en fonction des émotions qui agitent les électeurs et sans aucune vision stratégique ni priorités établies. Même l’analyse la plus sommaire montre que leurs engagements et leurs décisions sont incohérents parce que la multitude des objectifs qu’elles prétendent poursuivre simultanément couvrent des domaines inconciliables dans leur essence.

La grande illusion

Autant du côté des agitateurs qu’au niveau politique, on laisse en effet croire aux peuples qu’il est nécessaire et possible simultanément de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de renoncer au nucléaire, de freiner drastiquement le recours aux énergies fossiles, de bannir les OGM, de laisser intacte la biodiversité animale et végétale terrestre, de protéger les ressources naturelles de la Terre, de lutter contre la pauvreté dans les pays du Sud, de répondre à l’accroissement de la démographie planétaire, d’améliorer l’approvisionnement alimentaire du Sud, de mieux y distribuer l’eau et… de retrouver la croissance économique en Occident. Comment ? D’une part en développant massivement la recherche et l’investissement dans les énergies renouvelables, d’autre part en convaincant le Nord de partager ses acquis avec le Sud.

Or ce sont-là des fictions. Seuls les rêveurs peuvent songer convaincre les habitants des pays développés du Nord de renoncer volontairement à une partie de leur confort et de leur niveau de vie. A l’inverse, croire qu’il est possible de faire admettre aux peuples pauvres de ne pas utiliser les moyens qui ont précisément permis aux nations industrielles de s’enrichir relève de l’aveuglement.

Les activistes de l’écologie demeurent en fait incapables de présenter de manière claire et synthétique les solutions qu’ils proposent. Surtout, ils se gardent bien d’expliquer honnêtement les conséquences sociales, économiques et financières de celles-ci solutions qu’ils proposent. Quant aux velléités désordonnées du monde politique sur ces questions, elles ne contribuent pas à réduire les doutes, la méfiance et le désintérêt croissant des populations. Un doute, une méfiance et un désintérêt d’autant plus marqués que d’une part le monde occidental est frappé par une grave crise économique dont il peine à s’extraire, et que d’autre part les scientifiques et les experts sont loin de manifester les avis unanimes dont nos dirigeants auraient besoin pour agir.

Les sceptiques osent s’exprimer

En matière climatique par exemple nombre d’entre eux, tels Jean de Kervasdoué, Claude Allègre ou encore Bjorn Lomborg contestent les fondements mêmes de l’approche de leurs collègues. Face aux rêveries et aux contradictions affichées par leurs adversaires, ces sceptiques hésitent de moins en moins à défendre publiquement leurs thèses. Par exemple que, dans l’immédiat et à moyen terme, l’évolution climatique ne constitue pas un problème aussi dramatique que d’aucuns le prétendent. Elle apparaît même comme une aubaine dans certaines régions de la planète. Ils contestent en tous cas les moyens proposés par les écologistes en réponse au défi climatique, des moyens sans commune mesure avec les améliorations escomptées. C’est vrai en particulier pour le protocole de Kyoto qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre et dont le coût économique, social et financier se révèle tellement colossal pour les peuples de la planète qu’il en devient impraticable. Il est d’autant moins justifiable que, même s’il était mis en œuvre intégralement, son impact sur le climat du 21ème siècle serait négligeable. Selon ces chercheurs, la raison commande donc à l’humanité, au cours des prochaines décennies, de se préparer à affronter les conséquences de l’évolution climatique prévisible plutôt que de s’obstiner à vouloir la combattre.

On le sent bien, « ceux qui nous gouvernent », fidèles à un modèle éprouvé, se contentent d’accompagner les débordements émotifs des peuples occidentaux moyennant des discours « bien pensants » et des engagements fictifs. Face à la complexité de la problématique du développement durable et de tous ses aspects, on comprend que « ceux qui nous gouvernent » en soient réduits à un attentisme masqué par des gesticulations. Ils attendent patiemment le moment où les évènements et le cours des choses décideront pour eux, c’est-dire probablement lorsque la « fièvre environnementale » se sera éteinte.

Pierre Kunz

2 commentaires

  1. Posté par André Bovay-Rohr le

    On ne saurait mieux décrire la situation, sans fournir de chiffres. AVEC des chiffres et compte tenu du fait que les lois de la physique sont allègrement violées, tout comme l’éthique de l’ingénieur d’ailleurs, votre constat serait encore plus navrant: cela a été fait, dans le blog “Toutes les énergies”, site http://www.entrelemanetjura.ch, par exemple dans l’article “Ethique ? Rien à en faire !”, “Coincés dans les transports” et “Pénuries de 70%”

  2. Posté par hausmann conrad le

    Tres bon résumé sur la religion écolo :Consultez l’ouvrage le plus complet qui se nomme Climate change reconsidered soit 850 pages par les plus grands scientifiques américains.leader Fred Singer.Apres cette lecture on doute de tout, sauf que l’ecologie est devenue un levier politique…

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