Snowden : Russie, terre d’asile !

Il y a quelques mois, Vladimir Poutine, au nom de la culture et de l’amitié, adressait un magistral pied de nez à la fiscalité française en déroulant un tapis (rouge) sous les pieds de Gérard Depardieu. Aujourd’hui, c’est un vigoureux soufflet qu’il administre, au nom des droits de l’homme et du citoyen, à Barack Obama…

Un ancien membre des services secrets qui, écœuré des multiples atteintes aux libertés fondamentales dont son gouvernement est quotidiennement coupable, déserte et dénonce à la face du monde l’ampleur et les pratiques de l’immense réseau d’espionnage et de surveillance patiemment tissé par un État policier, incarnation du « Big Brother » dont George Orwell annonçait prophétiquement l’avènement dans son 1984… Un courageux opposant qui n’a pas hésité à braver l’administration, la justice de son pays et la « force injuste » de ses lois, au prix de sa propre liberté et de sa vie même puisque, assimilé à un « traître », il est théoriquement passible de la peine capitale et risque au moins de disparaître pour de longues années dans l’enfer de quelque bagne secret… Bref, un« dissident » qui, connaissant les pratiques et redoutant les vengeances du système totalitaire dont il fut en son temps l’un des rouages, demande asile et protection à l’État sur le sol duquel il a trouvé provisoirement refuge…

Le scénario est bien connu et, de Kravtchenko à Soljenitsyne, on ne compte plus les transfuges et les « lanceurs d’alerte » qui, depuis la naissance de l’URSS, ont fui la terreur bolchevique pour trouver au sein du « monde libre » et le plus souvent sous l’égide de la grande démocratie nord-américaine liberté, sécurité, légalité. La nouveauté est que, cette fois, les choses se passent à fronts renversés. C’est à la Russie et plus précisément à l’ancien policier du KGB qui dirige son pays d’une main de fer qu’Edward Snowden, détenteur d’une petite portion du gros tas de secrets de la CIA, a adressé sa supplique. Et c’est avec plaisir que le président de la Douma, Sergueï Narychkine, a fait droit à la requête du « courageux défenseur des droits de l’homme », tandis que le porte-parole du Kremlin subordonnait son acceptation – comme il est de règle entre puissances amies – à la cessation par celui qui est désormais son hôte de toute activité qui pourrait nuire à « nos partenaires américains ».

Il y a quelques mois, Vladimir Poutine, au nom de la culture et de l’amitié, adressait un magistral pied de nez à la fiscalité française en déroulant un tapis (rouge) sous les pieds de Gérard Depardieu. Aujourd’hui, c’est un vigoureux soufflet qu’il administre, au nom des droits de l’homme et du citoyen, à Barack Obama...

Auteur: Dominique Jamet, journaliste, écrivain, a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'ouvrages.

JametDominique

Source : site Bdvolataire 13.7.2013

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.