La chronique de Myret Zaki dans Bilan.
"Est-on antiaméricain si l’on critique la politique étrangère des Etats-Unis, leurs lois extraterritoriales, leur espionnage de millions d’individus de par le monde, les attaques de Washington contre la place financière suisse, la politique monétaire de la Fed, ou les dérives croissantes de Wall Street?
N’en déplaise à l’idiotie intellectuelle ambiante, la réponse est non. Pas plus qu’on n'est «antisuédois» si l’on critique l’achat d’avions de combat Gripen par la Confédération, ou qu’on n'est «antichinois» si l’on s’élève contre les salaires horaires des ouvriers chinois.
[...] L’hostilité est palpable. Faut-il s’en étonner? Les banques helvétiques seront contraintes de violer le droit suisse pour ne pas risquer un boycott de leurs activités en dollars. En réalité, les banques suisses pourraient, si elles n’avaient plus directement accès à des dollars, passer discrètement par la Banque nationale suisse, qui les fournirait en dollars, et continuer ainsi de travailler dans la devise reine. Mais aucun établissement ne se risquerait à braver ainsi la justice étasunienne, que nos banques craignent bien davantage que la justice de leur propre pays.
Ceux qui s’élèvent en Suisse contre cette politique de force, qui a signé la fin du droit international public, récoltent aussi parfois des charges d’«antiaméricanisme primaire» de la part de concitoyens helvétiques, véritables «américaniches primaires» aux yeux desquels on ne critique pas le plus fort, car il a forcément toujours raison.
[...] Il y a aussi le volet de la politique étrangère américaine, qui divise l’opinion occidentale et fait réémerger ce grotesque qualificatif dans les débats. Lorsque éclata la guerre en Syrie, certains d’entre nous, qui avaient en mémoire l’implication de la CIA dans le coup d’Etat contre Allende au Chili en 1973, les mensonges d’Etat ayant permis l’invasion de l’Irak en 2003 et l’invasion de la Libye en 2011, ont émis l’hypothèse que la CIA intervenait très probablement pour armer et soutenir les rebelles en Syrie. Sans surprise, les mêmes chiens de garde ont alors hurlé à l’«antiaméricanisme», voire au «complotisme». Jusqu’à ce que les médias américains confirment que la CIA forme et finance depuis des mois, dans le secret, des «rebelles» dans le but de renverser le régime syrien.
L’accusation d’«antiaméricanisme», qui veut tuer toute contestation, trahit le déclin de la liberté d’expression en Occident. Nul n’a su mieux répondre à cette posture ridicule que le penseur américain Noam Chomsky: «Le concept d’antiaméricanisme est intéressant, dit le professeur émérite de linguistique au MIT. Son équivalent n’est utilisé que dans les Etats totalitaires et les dictatures militaires. Ainsi, dans l’Union soviétique, les dissidents étaient condamnés pour antisoviétisme. (…) A supposer qu’une personne en Italie qui critique la politique italienne soit condamnée comme «anti-italienne», l’événement serait considéré comme trop ridicule, même pour que l’on puisse en rire.»"
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Excellent !
Snowden , est-il anti americain ? Non, il est Americian..ou etait…l’etat en question lui a enleve son passeport…
Qui decide de qui est quoi ?
Un “Americian” est une appellation qui vient du nom propre de l Europeen Amerigo Vespucci. Avant, las bas, il n y avait pas d “Americains” d ailleurs…
De Gaulle a dit de BB, “en plus elle est intelligente”! De Myret Zaki je dis: “en plus, elle est ravissante”! Ne pleine relecture du premier volume de l’Archipel du Goulag je puis confirmer que l’allusion à l’URSS est fondée.
On pourrait étendre la critique de Chomsky à “l’homophobie”….C’est du même tonneau et bien soviétique…