Marianne a une gueule de dictature hypocrite et durable

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

Est-ce que j’ai une gueule de dictature ? demande Marianne avec la voix d’Arletty dans Hôtel du Nord. La réponse est clairement oui. Le bonnet phrygien est bien là. C’est celui des tricoteuses de la Révolution. Il est juché sur la tête de ministres qui se croient investis par un court succès électoral déjà vieux d’un an et démenti par toutes les élections partielles de la mission de changer la société et de contraindre les Français à renverser leur conception de la nature humaine.

On sent surtout chez eux la satisfaction malsaine de prendre une revanche sur tous ceux qu’ils détestent et sur tout ce qu’ils exècrent. Pendant que les ministres chargés des questions sociales et économiques font preuve jour après jour de leur incompétence, ceux en charge de l’ordre républicain règlent leurs comptes idéologiques. Sans surprise, celui qui est à la tête de l’éducation se rattache aux seconds. La volonté de formater l’orientation mentale des enfants dès le plus jeune âge, de les « arracher » aux déterminismes familiaux, pour reprendre le mot du Ministre, est toujours l’indice d’une dérive totalitaire. Mais celle-ci est transparente dans le traitement des affaires qui font se croiser justice et politique. La complicité active d’une partie non négligeable des médias n’est d’ailleurs pas rassurante. La dictature idéologique est toujours plus dangereuse et durable que la dictature militaire. « On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus » disait Talleyrand. Dès lors que l’enseignement et l’information diffusent la pensée unique, imposent un langage commun, désignent l’ennemi public et stigmatisent la résistance, on quitte les rivages de la démocratie, pour une croisière plus sournoise et plus longue.

Nicolas est en prison pour avoir refusé d’être traité comme un délinquant. Clément Méric est élevé par « Libération » au rang d’icône de sa génération. Le gouvernement menace de dissoudre deux groupuscules d’extrême-droite auxquels serait lié celui qui a porté les coups mortels sur le jeune gauchiste. Or, il apparaît de plus en plus clairement que la victime était un provocateur. Masqué et agressif, il cherchait l’affrontement avec les manifestants paisibles de la « Manif Pour Tous ». Le jour fatal, il aurait défié des Skinheads à l’entrée d’un lieu de vente privée de vêtements prisés par les extrémistes des deux bords, les aurait attendus à la sortie avec ses acolytes et aurait cherché à frapper Esteban par derrière, entraînant la réaction de celui-ci. Si on met entre parenthèses le fait qu’il est toujours dangereux de s’attaquer à un grand costaud quand on ne l’est pas, et l’éventuelle utilisation d’un poing américain, que rien ne prouve pour l’instant, on doit observer l’équilibre des situations et le déséquilibre des réactions. Des extrémistes des deux bords, immatures au point d’attacher de l’importance aux symboles vestimentaires, aimant de part et d’autre la castagne, s’affrontent après une provocation du groupe gauchiste. Un accident se produit du fait de la force de l’un des membres du groupe attaqué. En revanche, les réactions politiques, médiatiques et judiciaires sont totalement partiales. On dénonce l’extrême-droite de manière unilatérale. On parle d’assassinat, de lynchage. On annonce la dissolution des groupes de droite, mais pas de celui de gauche, potentiellement aussi dangereux et, en l’occurrence, à l’origine de la rixe. On élève la malheureuse victime au rang de héros de sa génération, ce qui est bien triste pour celle-ci. L’auteur des coups mortels est en prison alors que selon toute vraisemblance, il n’a fait que se défendre. Son incarcération est à comparer avec l’impunité dont jouissent les loubards du Trocadéro, les pilleurs de RER, et les voyous des banlieues sensibles. Il y est rejoint par Nicolas, simple opposant non-violent à la loi Taubira, et qui, à juste titre n’a pas accepté d’être traité comme un délinquant. La discrimination est flagrante et la liberté piétinée. Les arrière-pensées sont évidentes : il s’agit de ressusciter la momie du fascisme, celui des années 30, ce fantôme contre lequel prétend se battre le groupuscule auquel appartenait Clément Méric. Bien sûr, de proche en proche l’amalgame englobe l’extrême droite, les nationalistes, les traditionalistes religieux, les gentils chahuteurs du Printemps Français et pourquoi pas les Veilleurs, debout ou assis. Il s’agit de faire coup triple : d’abord stigmatiser les opposants à la loi Taubira, ensuite faire peser sur eux le soupçon d’être liés au Front National, qu’on cherche encore, avec de plus en plus de mal, à diaboliser, et enfin diviser la « droite » entre les bons avec Fillon, et les méchants avec Copé.

Dans ce processus, personne ne s’interroge sur le point de savoir qui est vraiment violent, vraiment intolérant, vraiment « fasciste » en un mot si l’on accepte ce terme anachronique. Les « antifas » le sont à l’évidence. La répression policière disproportionnée des manifestations contre le mariage unisexe ne l’est pas moins. Le passage en force d’une loi agressant la conscience d’un très grand nombre de Français, comme en témoigne aujourd’hui la résistance de Maires courageux, est une démarche totalitaire. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un dictature militarisée. Non il s’agit de celle dont Tocqueville redoutait l’avènement : brisant la famille, faisant de l’Etat la source illusoire et inefficace de toute action économique ou sociale, décidant enfin de ce que nous avons le droit de penser ou de dire, et réprimant davantage la liberté d’expression que les délits financiers ou comportementaux qui encombrent le monde politique, de Marrakech à Hénin-Beaumont et de NewYork jusqu’au 19 ème arrondissement de Paris, avec la complicité d’une presse qui fait aisément comprendre comment celle-ci est, un jour, devenue « collabo ».

Christian Vanneste

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