L’analyse du laboratoire des médias français POLEMIA.
Partie I
Le mouvement de contestation du mariage homo a perdu la première manche de la bataille médiatique. Toutefois, des millions de Français, peu politisés et modérés par nature, ont probablement pris soudainement conscience de la violence des enjeux idéologiques de la France contemporaine et réalisé, du même coup, que le Système médiatique s’était constitué en machine de guerre contre leur engagement. L’ordre dominant les considère comme des ennemis dont le modèle identitaire a vocation à disparaître.
Quelles leçons tirer de ces affrontements des derniers mois qui ont eu l’immense mérite de mobiliser des foules immenses et de déniaiser nombre de nos compatriotes ?
Le texte de Didier Beauregard se propose d’analyser dans une première partie le bilan du conflit médiatique qui s’est joué à grande échelle, avant de dégager, dans un deuxième temps, sur la base de ce cas d’école qu’est devenue la Manif pour tous, les éléments d’une stratégie de communication qui permettraient, enfin, d’investir la citadelle médiatique. La défaite ponctuelle et relative de ce vaste mouvement de contestation doit devenir le creuset des victoires à venir.
La montagne de la Manif pour tous a-t-elle accouché d’une souris politique ? La question mérite d’être posée tant les résultats apparents sont minces face à l’ampleur de la mobilisation déployée.
Sans présager de l’avenir à plus long terme (2 ou 3 ans), d’un mouvement qui a dessiné l’émergence d’une nouvelle sociologie de la contestation dans notre pays, un élément ressort avec force des péripéties des derniers mois : le rôle de la propagande et des médias dans le cadre global d’un affrontement politique.
Une arme de manipulation massive
Le Système médiatique reste la seule arme, le seul bouclier, d’un pouvoir dominant incapable d’assumer une confrontation démocratique avec des forces significatives de la société civile qui contestent ses principes idéologiques. Coupé du peuple, replié sur lui-même, il vit dans la crainte de l’opinion, avec la peur que tout mouvement de rue devienne un mouvement de révolte général.
L’arme de manipulation massive que forme le Système médiatique officiel enferme les masses dans une vision tronquée de leur environnement qui vise à annihiler leurs réactions de rejet.
L’affrontement autour du mariage homosexuel a tourné à l’avantage du gouvernement parce que celui-ci contrôlait les médias et que les leaders du mouvement de la Manif pour tous n’ont pu imposer leur système de représentation, faute d’une puissance de feu médiatique suffisante.
Ce rapport de forces est une donnée objective qui ne dépendait pas de la capacité d’action des contestataires. Comme dans le cadre d’un conflit armé, le poids des armes a parlé. Il était difficile de manœuvrer face à la mobilisation hostile de la grande majorité de la presse écrite et la totalité des médias audiovisuels grand public.
Les médias ont pieusement relayé les éléments de langage de la propagande gouvernementale, quand ils n’en étaient pas eux-mêmes à l’origine, tant les convergences de vue sont grandes entre le microcosme médiatique et le pouvoir socialiste. Chacun peut multiplier à l’envi les exemples de mauvaise foi, d’omission ou de contre-vérité étalés par les médias durant ces derniers mois, à commencer, bien sûr, par les controverses sur le nombre des manifestants.
Ce déséquilibre total des rapports de forces nous conduit à dégager certaines réflexions afin de mieux cerner les enjeux du pouvoir médiatique.
[...] Plus précisément même, la controverse des opinions sert à fixer et engluer l’adversaire, tandis que l’enjeu central de la bataille médiatique se joue dans la stratégie de pilonnage de son image afin de l’identifier à un modèle négatif qui dévalorise sa cause, au-delà de la pertinence des idées.
[...] La confrontation médiatique tend naturellement à la simplification. Et toute position défensive est d’emblée perçue comme une faiblesse. Elle ne laisse donc d’autre choix que l’offensive.
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