L’idéologie du genre : à bride abattue.

Uli Windisch
Rédacteur en chef

On remarque à nouveau à quel point des problèmes secondaires de nos sociétés –en tout cas pour une très large partie de la population- prennent une place subitement centrale lorsque la gauche est au pouvoir, comme en France à propos de la volonté du gouvernement socialiste de faire passer à tout prix le mariage homosexuel, quitte à diviser gravement la population et à créer des conflits majeurs, alors que ce n’est certainement pas pour cela que les électeurs ont donné la majorité aux socialistes.
Quant à la Suède, elle a franchi un nouveau pas « genré » : les conducteurs de trains de banlieue restent des conducteurs, mais certains portent la jupe.

Après pipi assis pour tous, etc., voilà qu’en Allemagne, à l’Université de Leipzig, tous les hommes doivent devenir des femmes, en l‘occurrence les professeurs hommes seront appelés professeures, soit Professorin. Donc Professorin pour tous ! C’est quand même plus simple que de chaque fois dire Professor, Professorin, au singulier, et ensuite encore au pluriel. Cela semble correspondre à une nouvelle mode que l’on n’imaginait pas cheminer aussi vite. Elle est bien sûr liée à cette forme de militantisme pour une prétendue égalité, pour une non-discrimination au nom du sexe. Puisque les plus petits, déjà au niveau de la crèche, sont habillés tantôt en petit homme ou petite femme et que certains parents ne veulent même plus révéler le sexe de leur enfant, comme dans certains premiers lieux en Suède, il était tout de même urgent que les éminences grises de l’Université, et pourquoi pas en Allemagne cette fois,  franchissent aussi un pas pour montrer leur progressisme et leur volonté de dépasser ces pures constructions sociales que sont les termes homme et femme. Faire table rase d’un passé machiste, autoritaire, inégalitaire et dominateur devenait certainement une urgence  des plus pressantes dans un milieu évoluant pourtant d’habitude plutôt lentement.

C’est la rectrice (Rektorin ?), Beate Schücking, de l’Université de Leipzig, une Madame donc - il s’agit bien d’une femme au sens biologique du terme, donc d’une Professorin non homme, qui a présenté cette nouvelle mesure linguistique – apparemment pas que linguistique mais en la présentant comme telle cela devait faciliter le transit non vers l’au-delà d’un avenir radieux mais déjà vers le genre neutre- adoptée par l’assemblée de l’Université, et « même par les professeurs de mathématique », est-il précisé.

Mais cela n’a pas été sans protestations tant internes à l’Université que dans la société, notamment par une discussion massive sur Facebook, en grande majorité hostile, voire très hostile, et demandant même la démission de la… Professorin, Rektorin…De même, un doyen de l’Université initiatrice, de droit notamment, a fait savoir qu’il refuserait d’appliquer cette mesure…

A propos, est-ce vraiment ce qu’attend la population d’une institution comme l’Université ?

Est-ce bien son rôle et quel peut être l’impact sur son image ? Choisira-t-on bientôt son Université en fonction de son orientation politique (genrée ) plutôt que selon la qualité scientifique ? Si les protestations ont été vives, d’autres Université allemandes ont déjà fait savoir qu’elles emboîteraient le pas à Leipzig, notamment l’Université libre de Berlin, connue pour son orientation à gauche.

On remarque à nouveau à quel point des problèmes secondaires de nos sociétés –en tout cas pour une très large partie de la population- prennent une place subitement centrale lorsque la gauche est au pouvoir, comme en France à propos de la volonté du gouvernement socialiste de faire passer à tout prix le mariage homosexuel, quitte à diviser gravement la population et à créer des conflits majeurs, alors que ce n’est certainement pas pour cela que les électeurs ont donné la majorité aux socialistes.

Quant à la Suède, elle a franchi un nouveau pas « genré » : les conducteurs de trains de banlieue restent des conducteurs, mais certains portent la jupe. Faute de pouvoir travailler en short-tenue considérée comme indécente par leur employeur- ils ont opté pour l’uniforme plutôt réservé aux conductrices. A ce jour, 13 mâles ont demandé une jupe de travail à l’opérateur Arriva. L’entreprise s’est exécutée : un refus aurait été  assimilé à une discrimination fondée sur le sexe ( Courrier international 10.06.2013).

Enfin en France socialiste, la ministre de la justice « genrée » Taubira poursuit sur sa lancée ; le « mariage pour tous » n’était qu’une mesure parmi tant d’autres au programme socialiste et que les Français vont certainement découvrir. Vont-ils les plébisciter comme des mesures urgentes ?

Ainsi,  « le 23 avril, la Direction des affaires criminelles et des grâces, importante direction du ministère de la Justice, invite les magistrats du parquet à « une réunion » le 3 juin 2013 à l’Ecole nationale de la magistrature, à Paris. L’intitulé déconcerte ces juristes. Il s’agit de réfléchir aux « violences et discriminations commises en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. Identité de genre, quel étrange objet juridique… » ( Le Point, 13 juin 2013). Les magistrats traînant les pieds, le ton de l’invitation se fait plus pressant…

Au fait que l’identité de genre n’est pas un objet juridique, s’ajoute le fort mécontentement des magistrats débordés et n’arrivant déjà pas à suivre les affaires courantes graves.

Les magistrats ont droit à des exposés de multiples « spécialistes » : présidente de SOS homophobie, sociologue, juriste, chercheur, avocate…  « Cette dernière a abordé le problème du transxesualisme dans ce milieu conservateur. Il importe de s’interroger sur le sexe auquel on appartient… » (Le Point, op cit). Le journal ajoute que les 107 magistrats convoqués d’urgence étaient très attentifs. De l’ironie ?

Dorénavant il faudra sans doute que les électeurs qui ont l’intention de voter socialiste lisent bien les programmes et les priorités de ce néo-socialisme davantage préoccupé par les questions de mœurs, notamment des bobos, que par les problèmes quotidiens dont souffrent les catégories les plus défavorisées de la population. C’est sans doute aussi une des raisons pour lesquelles ces dernières sont de plus en plus tentées de regarder ailleurs, politiquement parlant s’entend, et même vers le pire ennemi tant détesté et diabolisé. Devinez lequel ?

Revenons en Suisse. Comment se fait-il que nos médias et toute la série des autres acteurs si prompts à prôner des « avancées historiques » n’aient pas encore protesté contre ce nouveau  « repli identitaire »,  en étant bien obligés de constater un nouveau retard impardonnable, cette fois en matière d’avancées « genrées » ?

 

 

 

 

 

2 commentaires

  1. Posté par Menager le

    Je ne connais pas cette idéologie. Je sais juste qu’une ex-ministre socialiste a mis en garde récemment, Georgina Dufoix, en disant : Attention, il y a aussi maintenant le genrisme qui arrive, cette théorie du genre qui efface les sexes.
    Entre les délocalisations qui s’accélèrent, l’immigration au même rythme, la dégradation de tous les systèmes en Occident et les immigrés qui refusent de s’intégrer, s’ajoutent les prétentions toujours parlant de sexe (éducation sexuelle scabreuse à l’école, scabreuse à la façon dont elle est enseignée et en raison du fait que mal faite elle s’adresse néanmoins à de jeunes esprits en les formatant mal, prétentions des homos à n’en plus finir, maintenant genrisme), tout ceci ressemble fort à de l’enfumage pour cacher les problèmes existentiels ou les nier de ceux qui doivent trimer toujours plus dur et qui sont tenus sous la pression d’une menace permanente, entrant dans une sorte de nouveau servage. C’est en fait ce que je crains le plus derrière toutes ces attaques de l’Occident tel que nous le connaissons et qui a produit sur des siècles toutes les richesses que nous connaissons et nous a donné la Liberté de penser. Tous ces sortes d’attaques qui s’abattent sur l’Occident, surtout sur l’Europe, ne prouvent-ils pas, de même que les tiques sur les organismes affaiblis, que l’Europe est un grand corps mourant ou en décomposition ?

  2. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Ces gens sont inconséquents! Ils oublient les vélos unisexe! Mais, n’en doutez pas, ils y viendront!

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