L’article de Liliane Held-Khawam, fondatrice de Pro Mind Consulting dans Le Temps du jour.
"Stabilité. Voilà un mot magique qui a longtemps qualifié la Suisse, ses institutions, son économie et sa politique financière et monétaire. De nombreux spécialistes y ont vu une des raisons du miracle économique helvétique.
L’arrivée d’Eveline Widmer-Schlumpf à la tête du Département des finances (DFF) est en train de changer la donne.
Depuis 2010, la conseillère fédérale multiplie les chantiers dans tous les sens sans qu’une stratégie globale ou partielle ne soit communiquée. Les dossiers sont lourds et contraignants pour le pays. Tout semble urgent. La seule certitude est que, le jour où elle quittera son poste, la restructuration du pays aura été profonde, cinglante, chaotique et induite par la volonté d’une seule personne.
Il y aura un avant et un après-Eveline Widmer-Schlumpf. En attendant, ses actions choquent de plus en plus, aussi bien sur le fond que sur la forme. Eveline Widmer-Schlumpf n’en a cure. Sa résilience résiste à tout.
[...] On la voit multiplier concessions et chèques en blanc sans contrepartie aucune.
Face au peuple et à ses élus, Eveline Widmer-Schlumpf pratique le « there is no alternative » cher à Mme Thatcher.
[...] Il semble par exemple qu’une petite équipe de patrons de banque, avocats et autres fiduciaires (1) pas forcément suisses aient instauré un système encourageant des Américains à frauder le fisc. Ces personnes seraient connues des autorités américaines et suisses. Elles risqueraient gros aux Etats-Unis. Les infractions seraient graves et répétées.
En quoi leurs déboires privés concernent-ils le citoyen suisse? Pourquoi Eveline Widmer-Schlumpf en fait-elle une affaire d’Etat? Pourquoi ces personnes ne sont-elles pas livrées à la justice américaine? Cet amalgame entre le privé et le public est un drame pour la Suisse et pour ses citoyens, que l’on charge – moralement et financièrement – de manière indue d’actes répréhensibles.
Eveline Widmer-Schlumpf voudrait faire admettre, mais sans informer (!), un accord avec les Etats-Unis.
[...] Envisager de priver des citoyens de leurs droits est un dérapage grave. Si cette technique de forcing antidémocratique doit réussir, il faudra se préparer à une descente aux enfers. Les crises gagneront en ampleur et en quantité (la France s’y met). La démocratie sera en lambeaux.
Combien de temps la Suisse peut-elle encore supporter Eveline Widmer-Schlumpf à la tête du DFF?"
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(1). «Affaire UBS: Série noire», par Yves Steiner, Lombard Street.
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