Droit d’asile : des évêques un peu niais… Article de Gabrielle Cluzel, Boulevard Voltaire, Le 10 juin 2013 :
Dimanche dernier, 80 % des Suisses, tous cantons confondus, ont plébiscité par référendum la révision de la loi sur le droit d’asile, révision entrée en vigueur depuis septembre dernier. Qui était à l’origine de ce référendum ?
Quelle est la situation ? La Suisse accueille proportionnellement 4 à 5 fois plus de réfugiés politiques que la France, l’Allemagne ou l’Italie, provenant, principalement d’Érythrée, du Nigeria, de Tunisie, de Serbie et d’Afghanistan. En 2012, le nombre de requérants était en hausse de 27 %.
Si vous faites partie de ceux qui pensent qu’il reste encore trop d’évêques français mollassons, pas très « pushy » comme on dit dans le recrutement, qu’il faut aller parfois tirer par les pieds, consolez-vous, ils pourraient être pires, ils pourraient être suisses.
Dimanche dernier, 80 % des Suisses, tous cantons confondus, ont plébiscité par référendum la révision de la loi sur le droit d’asile, révision entrée en vigueur depuis septembre dernier. Qui était à l’origine de ce référendum ? Un comité d’opposants à cette révision récente, appelé « Stop exclusion » et dont les membres étaient issus de la gauche, des Verts, mais aussi… « des églises » – ces dernières, dans une conférence de presse commune des évêques suisses et de la fédération des églises protestantes de Suisse, ayant rejeté les durcissements prévus par la loi.
Quelle est la situation ? La Suisse accueille proportionnellement 4 à 5 fois plus de réfugiés politiques que la France, l’Allemagne ou l’Italie, provenant, principalement d’Érythrée, du Nigeria, de Tunisie, de Serbie et d’Afghanistan. En 2012, le nombre de requérants était en hausse de 27 %.
Que stipule, dans les grandes lignes, la loi revisitée ? L’accélération de l’étude de chaque cas (les demandeurs peuvent actuellement rester jusqu’à quatre ans en Suisse en attendant que la procédure suive son cours), l’abrogation de la possibilité de faire une demande dans une ambassade suisse à l’étranger (la Suisse était le seul pays à offrir cette possibilité), la suppression de la « désertion » dans les motifs de recevabilité, la limitation du regroupement familial au conjoint et aux enfants, et enfin l’installation de centres spéciaux pour ceux que l’on appelle les« récalcitrants », menaçant l’ordre public (les infractions commises en 2012 par des requérants ont augmenté de 38 %, trafic de drogue en tête).
Alors je le demande respectueusement aux évêques suisses : l’Église ne demande rien d’autre, n’est-ce pas, à un gouvernement que de traiter son pays comme un bon père de famille traite ses enfants ? Si un père de famille doit savoir accueillir les plus démunis dans un esprit de charité, quelle sorte d’esprit de charité exigerait de lui de laisser sa maison ouverte à tous vents ? Quelle sorte d’orphelinat « charitable » laisserait une famille adopter plus d’enfants qu’elle n’en peut soigner ? Quelle sorte de bonne âme « charitable » laisserait un enfant venu de l’autre bout du monde poireauter quatre ans sur le pas de la porte sans statuer sur son sort ? Si le Christ, comme il l’a dit, est la Vérité, si la vérité telle que nous l’enseigne l’Église est bien l’adéquation de l’intelligence et de la réalité, comment accepter, « en vérité », de continuer à appeler asile politique ce qui est, en réalité, un asile économique ? Comment faire croire, « en vérité », que toute une population érythréenne dans la misère, s’engouffrant dans l’asile politique au motif facile de « désertion » et entraînant derrière elle non seulement sa famille proche mais aussi toute sa parentèle, pourrait être réellement miscible sans heurts et dans la paix, dans un pays de cocagne qui ne saurait tenir toutes ses promesses ?
Les canuts, dans une chanson devenue célèbre, reprochaient aux grands de l’Église de « chanter Veni Creator » dédaigneusement drapés dans « leurs chasubles d’or » tandis qu’eux autres « n’avaient pas de chemise ». Sans doute les évêques de Suisse chantent-ils assez peu Veni Creator, surtout pas dans des chasubles d’or, mais leur vision angélique du règlement de la pauvreté dans le monde, par trop dédaigneuse des réalités, risque bien un jour de leur être reprochée avec la même force.
L’Eglise est universaliste et humaniste tout comme la gauche, nous n’avons rien à attendre d’eux.
Aussi, si cette révision était vraiment un “durcissement” le parlement ne l’aurait pas acceptée et elle aurait encore moins été soutenue par Sommaruga (qui a quand même réussi à se faire passer pour une gagnante). Et si les révisions précédentes auraient vraiment été des “durcissements” alors nous n’aurions pas eu besoin de cette révision …
Parmi les opposants figurait aussi la Ligue Vaudoise ;).