Dixit Peter Gottwald, ambassadeur de la république fédérale d'Allemagne près la Confédération, qui prend sa retraite après 35 ans.
"La Suisse est marquée par une conscience nationale claire. Elle dispose d'une recette pour le succès et s'en sert à merveille - dans certaines régions même mieux que ses voisins, mais je suis particulièrement heureux de pouvoir contribuer à faire que les relations avec l'Allemagne, en dépit de certains problèmes, restent fructueux et mutuellement bénéfiques."
Au Tages Anzeiger qui s'interroge sur cette fameuse recette, l'ambassadeur fait cette réponse:
"L'important est un sentiment d'appartenance nationale commune. Etre suisse, c'est un peu spécial, et la plupart des Suisses ressentent aussi cela. C'est ce sentiment de venir d'un pays qui a un système d'Etat ordonné où certains principes fondamentaux sont respectés, où la courtoisie est vécue et où l'on tire ensemble à la même corde. Historiquement, la Suisse a vécu beaucoup plus longtemps beaucoup mieux - il n'y a, par exemple, aucune ville ravagée par la guerre. C'est, pour ma génération, une expérience qui suscite la réflexion, quand je marche dans la vieille ville intacte depuis des siècles à Berne, par exemple."
Tages Anzeiger:
"Quelle est la recette du succès politique ?"
Peter Gottwald:
"Je pense que c'est la démocratie directe avec ses instruments et la coopération collégiale de tous les partis, tant au niveau fédéral que dans les cantons et les communes. C'est un système très différent de celui de l'Allemagne, il suscite un grand intérêt de notre part. Je crois que le consensus suisse a à voir avec cette démocratie de proximité, où l'on se doit d'écouter la base sur le budget et les taux d'imposition. C'est une expérience de l'immédiateté, telle que nous l'avons jamais connue en Allemagne dans les grandes tribulations d'après-guerre. Le renforcement de ces instruments serait une bonne chose pour l'Allemagne."
Une conscience de ce qui fait la liberté et le succès des Suisses, qui n'empêche cependant pas l'ambassadeur de penser que cette liberté et ce succès seraient bien à l'abri au sein de l'Union européenne si la Suisse y adhérait un jour... à voir.
Et vous, qu'en pensez vous ?