Combattre le fléau du divorce est une priorité

Caïn Marchenoir
Nom de plume, chroniqueur
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S’il y a bien un fléau sociétal dont les politiques ne parlent pas, c’est bien du divorce. Et pourtant, Dieu sait si le divorce fait des ravages. Aujourd’hui, c’est près d’un mariage sur deux qui finit sur le toit. Avec toutes les conséquences dramatiques que l’on sait à savoir des drames psychologiques profond, des déchirements douloureux, des situations de précarisation financière terribles, des enfants qui subissent de plein fouet les péripéties de leurs parents.

Mais les conséquences d’un divorce ne s’arrêtent pas aux frontières de la famille : c’est tout l’entourage, qu’il soit amical ou professionnel, de ses protagonistes qui en ressentent les conséquences. Sans parler des actes que peuvent poser les principaux intéressés : violence, consommation de drogues et j’en passe. En bref, c’est toute la société qui subit les affres du divorce. Pourtant, malgré cela, personne ne semble vouloir faire quelque chose au niveau politique pour juguler ce fléau. Alors certes, on me dira qu’il s’agit là de relations affectives et que la politique n’y peut pas grand-chose. Pourtant, si on observe bien les derniers développements en la matière, on constate une volonté d’expliquer aux parents comment ils doivent élever leurs enfants et chez nos voisins français une volonté de reconnaître telle ou telle union comme légitime. Juste deux exemples parmi d’autres qui montrent qu’à certaines occasions le politique s’immisce largement dans le cadre de ce genre de relations interpersonnelles.

Mais dans le fond, peut-on vraiment attendre autre chose du monde dans lequel nous vivons ? L’ultra-individualisme régnant a profondément altéré le sens de ce qu’est une relation amoureuse : aujourd’hui, on croit qu’aimer quelqu’un c’est ressentir quelques émotions en sa compagnie. Et dès lors que ces émotions ne sont plus au rendez-vous, on passe à autre chose.

Aimer, c’est quoi ?

Pourtant, il me semble qu’aimer ce n’est pas ça. Aimer me parait plutôt être un engagement. Et qui dit « engagement » dit, outre le droit de ressentir de belles choses, les devoirs qui vont avec. Aimer ce n’est pas prendre ce que l’autre peut m’apporter, aimer c’est avant tout décider de donner tout ce qu’on peut à celui ou celle avec qui on veut partager un bout de chemin. Il n’y a pas un autre domaine que dans celui de l’amour où on a le culot de parler de s’engager avec dans l’idée de ne retirer que du profit.

En fait, à bien y réfléchir, le mode de relations aujourd’hui promue ressemble plus à une manière de fuir tout ce qui est du domaine de l’amour plutôt que d’y plonger vraiment. Si donc la conception qu’on a des relations amoureuses est faussée à la base, comment voulez-vous que ces mêmes relations soient fructueuses ?

Si je résume ce qui a été dit jusqu’ici, je dirais qu’aujourd’hui, nombre de gens veulent les droits qui vont avec le concept de relation amoureuse mais sans vouloir remonter ses manches et faire face aux responsabilités. On veut des frissons, des joies, mais on ne veut surtout pas la dévotion à autrui, ni même essayer de réparer ce qu’on peut casser. En un certain sens, on peut dire que le monde adulte s’infantilise.

Et pourtant, aimer c’est avant tout faire son maximum pour autrui, lui offrir ce qu’il ne peut pas avoir par lui-même. Une relation amoureuse est nécessairement une relation de complémentarité et non la vulgaire addition de deux personnes cherchant à maximiser leur profit.

Il n’est dès lors pas besoin d’être devin pour remarquer que cette infantilisation des relations amoureuses devient profondément destructrice lorsqu’elle atteint le stade du mariage. Celui-ci devrait pourtant être le sommet de la relation amoureuse puisqu’il engage théoriquement les époux à la vie à la mort entre eux et qu’il les engage également devant l’état. Je ne parlerai pas ici du mariage religieux qui est encore autre chose.

Et l’état dans tout ça ?

Outre le fait que nombre de personnes ont perdu le nord en matière de relation amoureuse, il semble qu’un nombre encore plus important de gens ne comprennent pas que le mariage civil devrait impliquer également un certain nombre de responsabilité devant l’Etat. Il faut être cohérent : l’Etat n’a pas pour rôle de faire plaisir aux gens : un de ses rôles les plus fondamentaux est d’assurer le bien-être et la pérennité de la communauté et non pas des individus qui la composent.

Si donc l’Etat reconnaît les unions maritales (allant jusqu’à fournir quelques avantages pécuniers à certains endroits) c’est qu’il doit nécessairement en retirer quelque chose en contrepartie. Sans quoi le service qu’il fournit est complètement vain.

Or, des mariages solides comportent de nombreux avantages qui rayonnent sur toute la société : des gens plus épanouis, mieux dans leurs baskets et qui rayonnent sur leur entourage, des chances augmentées d’avoir des enfants qui assurent un certain renouvellement de la population et qui peuvent profiter d’un cadre stable pour évoluer et ainsi se lancer dans la vie de manière optimale. Certes l’état n’impose pas la génération d’enfants, mais il l’incite clairement. Bref, si le mariage fonctionne, c’est la société dans son ensemble qui en profite.

Or donc, le constat actuel relève de la cruelle désillusion : l’infantilisation massive de la population ne permet pas ce fonctionnement harmonieux. Et c’est même le cas inverse qui pointe largement le bout de son nez depuis quelques années. Autrement dit, on va droit à la catastrophe et l’heure est à une urgente responsabilisation.

Qu’on se comprenne bien, je ne veux en aucune manière pointer du doigt les gens qui divorcent. Après tout, il peut y avoir de nombreux autres facteurs qui entrent en compte dans cette douloureuse décision. De plus, on ne peut pas montrer du doigt quelqu’un à qui on n’a pas vraiment appris à gérer les relations amoureuses et dont l’environnement passe le plus clair de son temps à lui montrer des exemples radicalement opposés à cet idéal d’amour sain.

En revanche, on peut pointer du doigt les responsables politiques pour leur inaction en la matière. Parce que du travail, il y en a, tout est à reconstruire. Avant de penser à instruire les enfants en matière de sexualité, ne serait-il pas plus judicieux de leur apprendre ce qu’est l’amour, le vrai ? Les adultes n’échappent d’ailleurs pas à la nécessité de cet apprentissage.

Et dans la promotion de ces comportements sains, quel meilleur instructeur que les diverses églises ? Qu’on les aime ou non, qu’on soit croyant ou athée, le christianisme c’est 2000 ans d’expérience des relations humaines, un savoir inégalé en la matière et additionné de l’ensemble des recherches que la psychologie a pu fournir à ce sujet. Je ne parle pas ici de promouvoir la chasteté (bien qu’il s’agit là de quelque chose qui pourrait être également discuté) mais simplement d’expliquer ce que c’est qu’aimer.

Les pouvoirs publics devraient faire le maximum pour la promotion de ces comportements sains. A l’inverse, ils pourraient également commencer à sanctionner ce qui relève d’une incitation à tout faire de travers. Je pense notamment à un certain nombre d’émissions télévisées qui donnent une image absolument déformée de ce qu’est l’amour. Il en va de l’intérêt de l’état et surtout de la communauté dont il a la charge.

Ceci étant dit, je me permettrais de conclure au sujet du mariage homosexuel. Il n’y a aucune raison de penser que les unions entre personnes de même sexe soient plus solides que les unions hétérosexuelles. Il semble d’ailleurs que les statistiques nous confirment le contraire. Puisque le mariage est en crise, vouloir l’étendre à d’autres formes d’union, c’est augmenter à terme le nombre de personnes vivant une situation de détresse. Est-ce vraiment cela que faire acte de bonté pour nos congénères ? Je ne le crois pas. Chaque chose en son temps. L’urgence est à la promotion de l’amour, du vrai.

Caïn Marchenoir

2 commentaires

  1. Posté par lacomete76 le

    Je souhaite simplement préciser que l’amour au sens de ‘l’humain amoureux’, engage inévitablement à une idéalisation du partenaire, que les conceptions morales d’union religieuse et légale d’union civile n’abordent pas, puisque statiques par essence. En effet, si leur forme varient au cours de l’évolution de la société, elles semblent inchangées sur le fond. Alors quand ‘l’état de grace’ du couple s’interrompt, il parait que l’amour dure 3 ans dans le cerveau des protagonistes; lesquels sont noyés d’endorphines, on envisage la séparation. Réaction normale, puisqu’aucun enseignement n’est dispensé à ce sujet à l’école et que l’exemple de sa famille n’apparaît pas forcément être le plus sain des exemples. Je n’aborde pas les situations extrêmes, ou violence et souffrance sont devenues le quotidien du couple, parce que là, il n’y a pas de débat…On se quitte si on est intelligent. Je pense à tous ses autres cas plus communs et discrets, où emporté par sa bonne volonté et le désir sincère de penser à l’avenir en couple, on s’engage les yeux fermés et l’on se retrouve éveillés à la déconvenue. Il est exact que le divorce est un fléau, puisque fondé sur la famille, notre société alors se délite. Peut-être est il nécessaire de repenser juridiquement le contrat d’union civile qu’on appelle le mariage, puisque sa conception religieuse est sacrée reste intouchable. Pour finir, lorsqu’on ne peut changer un état de fait, on se alors doit de l’encadrer par la loi, ne serait ce que pour en réduire les dérives.

  2. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Waouw! Caïn! Merci pour ces lignes bien fondées. Je m’apprêtais à parler d’amour en écho de l’article concernant l’apprentissage du schwytzerdutch. J’y reviens dans un instant. Le temps de me remettre, de célébrer ma joie.

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