La République Apaisée ou Le Choc de l’Impuissance!

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire
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Curieuse rencontre. Dans sa récente intervention, François Hollande a parlé à contre-temps de République apaisée, mais aussi de sa volonté de produire un choc, celui de la simplification. Dans les deux cas, l’expression est malvenue. Comment parler de pacification de la vie publique alors que tout se ligue pour exaspérer les citoyens ? Pourquoi parler de choc dans un processus déjà engagé par les gouvernements précédents, dont les résultats seront au mieux décalés, peu perceptibles aux yeux du grand public, et assez marginaux économiquement parlant ?

La République apaisée ? Pour cela, il faudrait être sûr d’être en République. Or, la chose publique, le Bien Commun, l’intérêt général ne sont évidemment plus à l’ordre du jour lorsqu’on prétend remettre en cause la famille dans sa structure et la politique familiale dans son financement, au mépris d’un grand nombre de Français, dont la révolte monte avec la désinvolture, puis la violence avec lesquelles on les traite. Pour satisfaire une infime minorité, on creuse une fracture profonde dans la population. Pour diminuer les déficits, sans courage, on s’attaque à la politique familiale dont il est établi qu’elle est un de nos rares succès. Et on le fait, une fois encore, en établissant des seuils et en stigmatisant les Français qui ont de meilleurs revenus. Mais, combien de fois faudra-t-il répéter que la politique de la famille n’est pas une politique de redistribution sociale ? Ceux qui ont des revenus plus importants ne doivent pas être pénalisés par rapport aux autres contribuables de même niveau en raison de leur nombre d’enfants, bien au contraire. Il s’agit d’une politique nataliste qui devrait d’ailleurs bénéficier d’une préférence nationale, comme le réclamaient les têtes pensantes du RPR, avant d’aller penser ailleurs.

C’est une curieuse façon d’apaiser que de multiplier les conflits idéologiques et de le faire avec un langage doucereux dont on se demande s’il relève de l’inconscience ou de la provocation. Il y a d’abord eu la remise en cause systématique des mesures prises par le précédent gouvernement, puis au Sénat, comme à l’Assemblée des votes provocateurs accentuant les clivages : la reconnaissance de la date du 19 Mars pour désespérer les Pieds-Noirs et les Harkis, ou la loi faisant de l’expérimentation sur l’embryon, non plus une exception soumise à dérogation, mais la règle générale, pour être sûr de choquer les Chrétiens. Ceux-ci ont appris, le jour de Pâques, que, sans doute pour améliorer le déficit de la Sécurité Sociale, la pilule contraceptive serait gratuite pour les mineures et l’avortement remboursé à 100%. Le Président veut obtenir une mobilisation contre le chômage et il passe son temps à développer une politique qui ne peut pas rassembler, mais qui heurte, au contraire, de nombreux citoyens. Ces derniers en sont à penser que LE Président n’est pas Leur Président. Le peu de temps passé à expédier la « Manif pour Tous », lors de sa prestation sur la Télévision Publique, a ressemblé à une goutte de vinaigre sur une plaie déjà bien ouverte. Il n’est plus un Ministre qui puisse aller en Province sans être accueilli par des quolibets et des slogans hostiles de foules en colère. Ce n’est que justice dans la mesure ou plusieurs d’entre eux n’ont pas hésité à employer des formules sectaires et méprisantes à l’encontre de leurs opposants.

Reste le grotesque « choc de simplification ». Parce qu’il n’ose pas le choc de compétitivité, parce qu’il a peur du mot « austérité », Normal 1er a voulu employer le mot qu’il avait raté, le « choc », histoire de montrer qu’il avait, lui aussi, non pas de l’énergie, mais de l’éloquence du menton. Pour être gentil, on va lui reconnaître un talent pour l’oxymore, parce que la simplification, c’est long et compliqué. Elle est nécessaire mais ne produira aucun choc. Au mieux ce sera un pétard mouillé. Mais, surtout, cette politique va être mise en œuvre par ordonnances, en court-circuitant un Parlement où la gauche est, pourtant, majoritaire. Pour quelle raison ? Pour donner de l’importance et de la vigueur à ce qui est dénué de l’une comme de l’autre. Cette annonce est celle d’un coucou qui s’empare du nid d’autrui. C’est mon ancien collègue et ami, Etienne Blanc qui a été chargé en 2003 d’un travail parlementaire sur cette question. Président du Conseil d’Orientation de la Simplification Administrative, il a été le rapporteur des quatre lois qui, en 2003, 2004, 2007 et 2012, se sont attaqué au maquis des 8000 lois et 400000 règlements qui encadrent et souvent entravent la créativité des Français. Molière nous a laissé un volatile de l’espèce « coucou » : Tartufe. Or l’annonce de cette simplification respecte cette filiation. Non seulement il n’y a rien de nouveau, mais encore, à peine le Sénat avait-il basculé à gauche qu’il rejetait la dernière loi de simplification. On voit aujourd’hui que c’était uniquement pour retarder l’action de la majorité précédente, pour des raisons politiciennes au détriment du Bien Commun. La centaine d’articles de celle-ci faisait pourtant suite, début 2012, aux Assises de la Simplification, tenues en avril 2011. En Décembre 2011, dans le cadre de la préparation de cette loi, il a été établi que 77% des mesures votées auparavant avaient été mises en œuvre.

On peut légitimement douter des compétences de l’exécutif actuel. On peut douter de son pouvoir et de sa volonté de l’exercer lorsqu’on entend le Président avouer qu’il va aller soumettre son « papier » à la signature de la Commission de Bruxelles. On ne doute plus aujourd’hui de son aptitude au mensonge et de son absence d’Ethique. On se souvient de la blague de Santini : « Avant, il touchait le fond. Maintenant, il creuse ». Le problème avec le Président actuel, c’est qu’il ne creuse pas que les déficits, mais le fossé qui va définitivement le séparer de la majorité du Peuple Français. Viendra alors le moment du vrai choc lorsque les Français ne supporteront plus d’être dirigés par un exécutif impuissant et trompeur.

Christian Vanneste

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