Le propre des situations de crise, c’est de les prendre au sérieux dès leurs premières manifestations.. En rire, se moquer, psychologiser ou ethnologiser est à haut risque.
Il y a comme une atmosphère de foehn qui pousse à la levée de la matze dans la vallée….
On admet en général que le Valais est gravement prétérité à la suite des résultats des votations sur l’Initiative dite Weber et sur celle relative à l’ménagement du territoire. Il l’est, en effet, très fortement et plus sérieusement que d’autres régions et cantons ; d’où des votes contraires à la majorité des autres cantons suisses.
Les réactions ont été de nature diverse mais il semble que l’on ne veut pas comprendre la gravité de la situation. Cette dernière pourrait même devenir un exemple de crise politique comme la Suisse n’en a plus connu depuis longtemps. Prenons-en acte et cessons d’associer le Valais à toutes sortes de caractéristiques plus ou moins humoristiques, caractérielles, ethnologiques, et autres.
On reproche au Valais d’exagérer, de sur-réagir, de devenir menaçant. Même certains Valaisans, semblent craindre pour l’image de leur canton, et en appelle eux aussi à la modération.
Or il est certain que le peuple va gronder et nous n’avons sans doute eu qu’un avant-goût jusqu’ici. Il en va de la responsabilité de la Suisse et des Suisses d’éviter d’envenimer les choses, de tout faire et au plus vite, pour empêcher un cumul de grondements sourds dont personne ne peut prévoir l’issue.
C’est le propre de la Suisse que de savoir régler des problèmes qui ailleurs débouchent souvent sur des conflits majeurs, voire des guerres civiles ( sur ce point nous rappelons régulièrement l’exemple de la création du canton du Jura, qui, contrairement à d’autres mouvements identitaires ou régionalistes, n’a pas débouché sur le terrorisme).
Certes nous n’en sommes pas là mais il faut maintenant faire appel aux caractéristiques les plus fondamentales du système politico-culturel suisse qui permettent de résoudre bien des problèmes là ou d’autres pays ont échoué.
Certes il y a la loi de la majorité mais ce n’est pas le seul principe politique qui guide la politique suisse et il n’a pas toujours permis de surmonter tous les problèmes. Le système politique suisse constitue une totalité, un phénomène social et politique total, dont toutes les composantes sont interdépendantes.
Dans les situations de crise il faut mobiliser toutes ces composantes, à la fois la démocratie directe, le fédéralisme, la subsidiarité, le pragmatisme, le sens de la négociation et du compromis et bien sûr le Un pour Tous mais aussi et surtout, dans le cas présent, le Tous pour UN ! C’est à cette condition que l’on maintiendra ce fameux équilibre homéostatique de l’Unité dans la Diversité et non en imposant de force l’Unité à toutes les diversités comme dans un Etat républicain et centralisé, qui par sa nature même crée davantage de conflits qu’il n’en résout.
Ne tombons pas non plus dans l’intransigeance belge où les différentes communautés linguistiques, régionales et culturelles perfectionnent constamment leurs façons de se détester au point de vouloir se séparer.
Ensuite, n’oublions pas la force des symboles politiques et en Valais on y est avec la proposition de renoncer à fêter les 200 ans de l’adhésion du canton à la Suisse, et d’utiliser ces 12 millions prévus pour cette occasion pour autre chose. Les utiliser alors pour quoi ? pour défendre le fédéralisme ! Nous dit une Association forte de 5000 membres.
Les symboles peuvent être terriblement efficaces et celui-là sera à coup sûr vite compris et adopté par une très large partie de la population. Certains en rient ; d’autres reviennent avec l’injonction de ne pas exagérer et de ne pas froisser les Suisses. Il y a un moment où les gens sont insensibles à ce genre d’arguments des autorités, surtout lorsque des intérêts vitaux sont en cause et que des mesures imposées par l’extérieur vont jusqu’à faire perdre leur emploi à des milliers des personnes. Ce n’est pas tout à fait cela que signifie le Tous pour Un.
Le propre des situations de crise, c’est de les prendre au sérieux dès leurs premières manifestations.. En rire, se moquer, psychologiser ou ethnologiser est à haut risque.
Il y a comme une atmosphère de foehn qui pousse à la levée de la matze dans la vallée….
A bon entendeur, salut !
J’ai aussi visité une petite ville lointaine. Les mœurs de cette bourgade étaient très étranges. Ce pays plat possédait des terres très fertiles. Les agriculteurs y plantaient divers légumes, céréales, etcétéra. Un jour, le chef de la ville décida de débloquer d’énormes zones à bâtir. On vota des lois fiscales avantageuses pour les entreprises. Des multinationales vinrent s’installer sur ces terres autrefois agricoles. Des gens s’y établirent, créant une spirale sans fin. Les agriculteurs perdirent une grande part de leurs terres. La pression immobilière se fit sentir. La ville devint une vaste zone de constructions anarchistes. Les zones autrefois surdimensionnées se remplirent d’un tas de bâtiments. Une initiative pour le paysage voulut protéger les terres agricoles encore existantes via un moratoire de 20 ans. Mais ce fut sans compter sur le chef de cette ville qui n’en voulut pas. Il gesticula, prit peur. Etant majoritaire, il décida d’offrir à Pro Natura les terres de petits villages alentour pour pouvoir continuer à construire encore plus. Il décida de laisser les dernières terres agricoles sur l’autel du développement. Pour ce faire, il concocta un contre-projet indirect qui contenterait les écologistes. Les derniers paysans de ce Plateau furent très heureux, en effet, la valeur de leurs terres dézonées pourrait facilement centupler virtuellement – et qu’importe la sécurité alimentaire. Un petit 20% de taxe serait bien peu face au potentiel retiré par les propriétaires anonymes, les caisses de pension. Le nom de ce pays? Non, ce n’est pas Calimero-Land mais Égoïsme-Land. Monsieur Akayoshii, caché derrière un pseudonyme, en est d’ailleurs un illustre représentant !
J’ai un jour visité un pays très lointain. Les moeurs de ce pays étaient étranges. Contre un vote en faveur du chef du village, ce dernier donnait au requérant l’autorisation de construire sur son terrain. Ce dernier avait une valeur décuplée. Alors le requérant s’adressait au banquier du village qui, sur la base de cette valeur octroyait des prêts. Il s’agissait, bien sûr, d’une valeur virtuelle. Un jour, un autre chef d’une autre tribu décida de mettre fin à ce système ou, tout au moins, partiellement. On entendit alors les possesseurs de ces valeurs virtuelles gémir et hurler à tel point que leurs clameurs provoquèrent quelques avalanches. Le nom de ce pays? Vous l’avez reconnu: C’est Calimero-Land.
Quand le Valais était en conflit avec la confédération sur la politique viticole imposée par Berne en 1961 et mettait les Valaisans en colère:
http://doc.rero.ch/record/26444/files/1961-06-02.pdf
http://doc.rero.ch/record/26444/files/1961-06-05.pdf
Bravo! La colère rentrée n’induit une association d’idées, laquelle débouche sur Œdipe! Le fameux mythe! La colère rentrée à un objet. La colère d’Oedipe s’exprime au travers d’une futile contrariété. Elle est sans objet! Œdipe ignore que ses parents l’ont voué à la mort! Indignés, tels que nous le sommes volontiers aujourd’hui, nous dirons sa violençe “gratuite”! Œdipe ne connais pas l’origine de sa colère. Œdipe ignore qu’il épouse sa mère! On s’insurgera devant l’obéissance aveugle d’Abraham! Mais le geste est clair et direct. Au point que le fils demande où est l’agneau du sacrifice! Ces deux mythes, placés côte à côte, sont porteurs d’enseignement! J’ose espérer que ces lignes limitées suffiront à induire une réflexion.
BRAVO ! ! C’est tellement bien dit !
Pour ma part, j’aimerais que, soit un autre canton, soit la confédération fasse l’effort d’au moins proposer une mesure pour compenser les récentes attaques faites au Valais, histoire de faire retomber un peu la pression… Juste proposer, en discuter serait déjà un pas en avant.