Les juges de la famille tranchent les divorces sur la base d’une vision traditionaliste de la répartition des tâches: au père la responsabilité financière, à la mère la responsabilité affective et éducative. En retard d’une époque, les magistrats ? Les jugements de gardes d’enfants et de droits de visite sont l’un des talons d’Achille de l’égalité des sexes. Ils sont peut-être, pour la condition paternelle et masculine, ce que sont les inégalités salariales et à l’embauche du côté féminin.
Il fallait y penser: monter sur une grue de chantier dans une grande ville, déployer une banderole et menacer de se jeter dans le vide si on n'est pas entendu. Mi-février dernier, un père nantais privé de voir son fils de deux ans faisait les gros titres en pratiquant cette variante militante du chat perché, quatre jours durant. Il a été brièvement imité par un deuxième père, récidiviste, lequel s'était lancé dans une grève de la faim quatre mois plus tôt, pour les mêmes raisons. Dans les rôles-titres: Serge Charnay et Nicolas Moreno.
On note d'emblée le mélange intéressant et sans doute un peu détonnant, d'une action de terrain typique des associations militantes progressistes et d'une cause, celle des pères, qui fleure le conservatisme social. Il n'en fallait pas plus pour que l'observateur attentif décide de creuser le sujet, d'autant que la Suisse vient de voter une refonte du code civil touchant à la question du droit de garde des enfants après une rupture conjugale.
Revenons à Nantes un instant et à la situation en France. L'action des deux pères indignés n'a pas manqué sa cible, grâce au relais médiatique. L'opinion publique fut émue. La Ministre de la famille s'est même déplacée, promettant au principal postulant une entrevue avec la justice. Avec une autre ministre, elle a ensuite rencontré les associations de défense des pères, dont la plus influente, SOP papa, compte 16'000 membres. Ces associations qui militent sur le long terme ont rapidement pris leur distance avec les apprentis grutiers, tout en bénéficiant d'un généreux coup de pub alors que les médias passaient du fait divers à l'analyse de fond et donc, leur tendaient le micro pour recueillir leurs griefs. Une situation de win-win malgré les divergences d'approche.
Quand les tripes parlent
Au passage, le père perché a eu la monnaie de sa pièce, alors que la presse déterrait dans un deuxième temps son passé et que la figure du « père courage » volait en éclat. De fait, Serge Charnay est un repris de justice (pour avoir kidnappé son fils à deux reprises) doublé d'un activiste, qui a bien planifié et exécuté son happening. En somme, un homme victime de ses propres excès au moins autant que du système judiciaire, foi de média tricolore.
Un déséquilibré, donc ? Ou une version extrême du père qui se sent spolié et dont les tripes parlent ? Nous voilà ici sur un terrain plus familier, commun. Une minorité de ces pères fera le coup de poing et se substituera aux autorités face à la discrimination réelle ou perçue, répondant à la violence institutionnelle par la violence primaire: ce problème de souffrance paternelle a été entendu et reconnu par la Ministre Dominique Bertinotti, laquelle cite avec un ton grave, comme on annoncerait un gros dépassement de budget ou des pertes militaires, le chiffre de 80% des gardes d'enfants après un divorce attribués aux mères.
Pour compléter ce chiffre, le restant des gardes d’enfants est attribué à 17% en coparentalité (avec résidence en alternance) et seulement à 8% au père. L'attribution à la mère est en outre automatique lorsque les enfants sont en bas âge. Une réalité doit cependant être prise en compte: le consentement mutuel des époux divorcés, qui règle le plus souvent le cas (2). Autrement dit, le juge n'impose pas une solution discriminante pour autant que les pères eux-mêmes renoncent à demander la résidence principale ou alternée. Car pratiquement, il faut pouvoir garder son 5 pièces ou en trouver un nouveau, avec un budget qui peut être grevé par une pension à payer et aménager son emploi du temps à une époque où la carrière exclut de plus en plus la vie de famille. Seuls 20% des pères demandent d'eux-mêmes la résidence principale (3).
Tarif de base: un week-end sur deux, plus moitié des vacances
Il reste que la situation la plus courante, résumée par Nicolas Moreno (un de nos deux grévistes-grutiers) est la suivante, je cite: « Je vois mon gosse un week-end sur deux, plus la moitié des vacances, c'est le tarif de base ». Faisons le compte : soixante jours par an quand tout va bien, pas de quoi permettre d'être un père pour son gamin, tout au plus un grand frangin. A cela s'ajoutent les situations fréquentes décrites par les associations concernées:
- toutes les décisions sur l'avenir de l'enfant prises par le parent gardien et sans consultation de l’autre parent.
- la mère part vivre à l'autre bout de l'Hexagone, charge au père de s'arranger. Il y a en effet une règle absurde qui impose au parent non gardien de chercher l'enfant au domicile du parent gardien et de l'y ramener à l'issue de la garde.
- lorsque le droit de garde est bafoué, c'est au parent non gardien, déjà fragilisé psychologiquement et sans doute financièrement, d'entamer une démarche légale.
Tout aussi révélateur, 18% des enfants de divorcés français ne voient jamais leur père, ce qui fait presque un sur cinq. La faute au climat de vengeance qui prévaut dans bon nombre de couples divorcés, lesquels se font la guerre par enfants interposés. On perçoit ainsi mieux la grogne des pères.
Pour finir ce tableau français, les célèbres JAF ou juges des affaires familiales sont souvent des femmes, qui ont brigué cette responsabilité par affinité avec le domaine et qui jouent dès lors une partition marquée par l’affinité avec leurs «clientes». De tradition, suite à un divorce et en matière d'enfants, les femmes occidentales tiennent le couteau par le manche.
Les observateurs n'ont pas manqué de pointer le paradoxe suivant: les juges se prononcent sur la base d'une vision traditionaliste – pour ne pas dire «machiste» – de la répartition des tâches: au père la responsabilité financière, à la mère la responsabilité pratique, affective et éducative. Les magistrats seraient alors en retard sur l'évolution des mœurs. Ou ils seraient en retard d'une époque. Les jugements de gardes d'enfants et de droits de visite sont l'un des talons d'Achille de l'égalité des sexes. Ils sont peut-être, pour la condition paternelle et masculine, ce que les inégalités salariales et à l'embauche le sont du côté féminin.
Les Suisses pas si mal lotis
Reste que le cas français est particulier, comme l'a reconnu la Ministre Bertinotti herself, que je prends goût à citer: les divorces et leurs suites y sont vécus de manière particulièrement conflictuelle. Question culturelle. Et poids des idéologies, sans doute. L'ajout est mien.
Au Canada, pour changer de terrain, les pratiques sont d'un progressisme de bon aloi: le juge donne la résidence principale des enfants au parent faisant le moins obstacle à l'autre parent.
En Suisse, on dénote un semblable progressisme: le code civil vient d'être refondu pour généraliser la garde partagée, sans véritable opposition au Conseil des Etats (4). Notre propre Ministre de la famille, Simonetta Sommaruga, a avancé comme argument principal: éviter qu'un divorce ne prive l'enfant de son père ou de sa mère. Le juge devra trancher uniquement les cas exceptionnels et les situations bloquées.
Première remarque: la garde partagée n'est pas une panacée mais, suivant comment elle est appliquée concrètement, source de nouveaux défis pratiques et économiques. Car elle implique de doubler les lieux de vie adaptés au quotidien de l'enfant, de même les agendas parentaux et de vivre proche l’un de l’autre. L'enfant, lui, ne peut pas changer de cadre vie (et scolaire) une semaine sur deux. Quant aux pères, prendront-ils le train, c’est-à-dire d’accepter une part égale dans la gestion des vaccins, des frais de cantine ou d'inscription au club de foot et de contacter les autres parents pour un anniversaire ? Ces tâches parentales et les tâches domestiques restent majoritairement féminines dans notre société.
Pour ces raisons et d’autres plus idéologiques, le projet de loi pour favoriser la garde alternée en France ne fait pas l’unanimité. Les Français semblent tenir davantage au modèle «parent principal – parent secondaire», tout en augmentant de quelques points les attributions en coparentalité et le « tarif standard » dont parlait Nicolas Moreno, qui est un « tarif minimum».
Deuxième remarque : la taille de la Suisse et sa géographie linguistique facilitent la garde partagée. En clair, un parent qui refait sa vie ne peut pas fuir très loin, avec les extrémités que sont Genève, Porrentruy ou Sierre. En France, par contre, « l'autre bout du pays » a un tout autre sens. Et c'est sans compter les territoires d'Outre-Mer!
Dangereuse banalisation
Troisième remarque, qui tient plus de la parenthèse: il faut tordre le cou à un mythe. Un mariage sur deux se finirait en divorce. C’est presque devenu un adage. Or il est inexact, car il faudrait attendre, disons, 2073 pour avoir un ratio définitif sur le nombre de couples qui sont passés en 2013 devant le pétabosson et qui ont divorcé par la suite ; dans soixante ans, en effet – noces de diamant, oui, Antoinette, c'est juste – les mariés et autres divorcés auront alors terminé leur carrière matrimoniale et la statistique pourra être comptabilisée. Même le ratio mariage/divorce sur une seule année ne donne pas une proportion d’un sur deux: l'année dernière en Suisse, l’OFS a comptabilisé 42'500 mariages qui ont été célébrés pour 17'500 divorces prononcés (le canton de Neuchâtel étant le champion en matière de divortialité). Ce qui reste, c'est la tendance négative: le nombre de divorces en Suisse a plus que triplé depuis la révolution sexuelle.
Nous avons parlé de tripes et ce sujet manquerait sa cible s'il faisait l'impasse sur l'aspect psycho-relationnel qui, de fait, prime largement sur les aspects sociétal et juridique. Le droit de garde tient au mieux de l’accompagnement de crise et de traumatisme. Il trahit toujours l'échec d'un projet de couple, lequel a comme première victime l'enfant qui en a été le fruit. La banalisation politique ou juridique du divorce tend à occulter la gravité de la blessure d'abandon, vécue particulièrement par les femmes et les enfants qui feront, à l'âge adulte, le gros du chiffre d'affaires des cabinets de psychothérapeute. La femme blessée, abandonnée a tendance à ne plus voir de l'homme que son porte-monnaie, jusqu'à lui refuser la réalité de sentiments paternels et de capacité à s'occuper des enfants. Dans sa propre conscience, l'enfant appartient à sa mère car elle a fait corps avec lui. Les lois ne courberont jamais l'instinct maternel. La demande de pension alimentaire peut dès lors être investie, à raison ou à tort, comme une mesure de rétorsion. Voici un survol rapides des pots cassés et l’image n’est pas usurpée: les pots sont vraiment cassés.
A choisir, la plupart des femmes abandonnées préféraient à n'en pas douter « qu'il revienne et assume ». C'est là que leur émancipation fait face à un échec – ou à une limite naturelle, c'est selon. Par ailleurs, du côté masculin, la blessure de la paternité peut être source et facteur aggravant de la violence conjugale, phénomène endémique dont nous parlerons – pour la bonne mesure – dans un prochain sujet. Et osons poser la question, toujours pour la bonne mesure: dénombre-t-on plus de pères capables, volontaires et privés de leurs droits par d'implacables magistrats ou plus de pères démissionnaires ? En finalité, la banalisation du divorce alimente un immense contentieux entre les sexes. La prise en compte de ce contentieux devrait être une base de toute politique sociale et familiale dans ce pays.
Saluer l’avancée
Les pratiques en matière d'attribution et de garde d'enfants évoluent, émaillées d'incidents spectaculaires comme à Nantes. La présence ministérielle au pied de la grue et la récente votation helvétique, dans un style beaucoup plus discret mais non moins efficace, témoignent de cette évolution. On peut considérer les événements de Nantes comme des ajustements pénibles sur le chemin de l’égalité, quoique nous ne croyons pas à l'interchangeabilité des rôles et des sexes, laquelle est une vue de l'esprit. Ce qui mérite d’être soutenu, en particulier dans le contexte français, c'est une meilleure prise en compte des souhaits des pères, au moins des méritants… Celle-ci évitera les violences juridiques et institutionnelles, lesquelles motivent des réactions revanchardes, violentes, des dépressions paternelles et des suicides. Le problème est du ressort de la magistrature, autant que de l'opinion publique. Il faudra saluer cet acquis, peu importe ici qu'il soit motivé par l'égalitarisme ou les « droits des pères » – pour une fois que ces deux objectifs se rejoignent, il faut déboucher le champagne.
Cela étant, on perçoit immédiatement le dilemme, dans ce débat, entre féminisme et égalitarisme et le cas de conscience pour le bord politique qui a fait de la lutte contre les inégalités son moteur – si ce n'est que ce sujet du droit de garde transcende les catégories traditionnelles. Une partie des mères et des féministes veulent le beurre (l'égalité) et l'argent du beurre (garder quand même tout ce qui touche aux enfants sous leur seule responsabilité). Paradoxe ? Position tenable ? La décision suisse et les efforts français vers davantage de garde alternée semblent avoir tranché. Mais attention: c'est au nom du bien-être des enfants que le lien avec le père est défendu, comme par notre Ministre Sommaruga. Le droit de l'enfant est devenu un leitmotiv dans le milieu éducatif et juridique suisse. Il a donc primé.
Voyage en hominie
Les enfants sont bien un thème politique. Et les hommes – les mecs, s'entend? La condition masculine ne sera sans doute jamais (plus jamais ?) un thème philosophique et/ou politique. Certes, il existe bien un mouvement, dit « hoministe », né en réaction au féminisme dans les années 70. Ce mouvement investit surtout le domaine convivial et culturel, suscitant à la fois la curiosité médiatique et une bonne dose de suspicion. Il est intéressant de noter que la francophonie (Québec en tête) est leader dans ce domaine. Mais ce mouvement n'a de loin pas les relais politiques de sa contrepartie. Peut-être ne faut-il même pas le souhaiter, tant le signal serait troublant: il sacrerait le triomphe de la lutte sociale et de son cortège de problématiques, en plus, dans un climat aggravé de méfiance et de tensions réciproques entre sexes.
En matière d'adoption et de filiation, la vraie nouveauté et l'autre dossier chaud est celui provoqué par les revendications homosexuelles, même s'il recouvre une réalité statistiquement beaucoup moins importante et devrait logiquement ne pas focaliser autant d'efforts de part et d'autre – je sais, Antoinette, je suis un idéaliste. De fait, le Conseil des États suisse vient de lever les dernières résistances parlementaires à l'adoption de l'enfant du partenaire (sous le régime du pacs). Une réforme du droit de l'adoption est maintenant sur le bureau du Conseil fédéral avec, en perspective, un retour prochain devant les Chambres puis le peuple. À bien lire: la direction sociétale qui est prise est l'égalité totale des individus, hétérosexuels ou autres, mariés ou autres, en matière d'adoption. L'intérêt de l'enfant, qui prime dans les cas de divorce du père et de la mère, est redéfini quand les revendications homosexuelles entrent en scène. Et il passe au second plan.
Car l'enfant n'a ni lobby ni potentiel électoral. Qui va parler pour lui? Des adultes. Qui ont une fâcheuse tendance, à l’instar de beaucoup de femmes après le drame d’une rupture, à confondre leur propre intérêt avec celui de leur enfant. Cela est particulièrement vrai à l'époque où l'enfant devient un droit personnel.
Joël Reymond
(1) Cela fait un total de 105%, je sais. Selon les statistiques françaises de l'INED, les gardes d’enfants attribuées à la mère se montent à 75% et non à 80% comme l’a déclaré la Ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée de la famille. Si on s’en tient à l’INED, le compte est bon.
(2) Source : enquête du ministère de la Justice, publiée dans Infostat Justice de janvier 2009.
(3) Source Gérard Réverend, membre d'une association de pères, citée par les médias français.
(4) Score stalinien de 41 voix « pour » et une abstention.
“Papa, pourquoi la neige, elle se cache du soleil ?”
Promenade au parc, tenant la main de mon fils, je regarde le fossé. La neige, oui, n’est plus que du côté à l’ombre. Mais, mais… c’est qu’il est poète mon petit !
N’en pouvant plus, depuis fin 2010, de ce samedi après-midi tous les quinze jours et surmontant ma timidité, je suis entré dans le commissariat. J’avais tout emporté et montrais l’ordonnance estampillée du beau papier du tribunal qui disait noir sur blanc que, dès qu’il aurait SA chambre, le père aurait une extension de la garde de son fils.
J’expliquais à ces messieurs en bleu, comme les a nommé le gars depuis sa grue, que c’était très simple. On monte dans leur voiture, on va voir SA chambre (qui l’attend depuis le 28 février 2011!!!). Ce n’est pas loin et on vérifie tout, son lit, ses jouets… Puis, on va interroger les voisins pour s’assurer qu’il est un bon père malgré le si peu de temps. Ensuite, opinion faite, c’est bien un délit d’impaternité ! Urgence, toutes sirènes hurlantes, on fonce au tribunal, on monte voir la énième dame-juge et tout autour, on lui explique « l’Homme, le père, la paternité : c’est sacré madame ! ». Ladite dame réalise soudain, tremble, met vite le tampon, signe, s’excuse, et…
… Et deux semaines plus tard, mon petit lutin s’endort pour la toute première fois dans SA chambre ! Ouf ! C’était juste : son lit, les années passant devenait trop petit.
Quel merveilleux conte, n’est-ce-pas ? La paternité enfin retrouvée !
Alors, que croyez-vous ? Que ça ait marché, que l’homme ait de la solidarité ?
Hélas, le libre arbitre des policiers, ce n’est qu’à la télé et la réalité en bleu frileux de rétorquer : “On obéit à la « LOI », on n’a pas à prendre parti, on doit rester neutre…” Un peu de compassion, une pincée d’agacement et un semblant d’infime hésitation.
Ces rares samedi après-midi, je remarque qu’avec mon fils sur mes épaules, les gens nous remarquent. Surtout les mamans, elles sentent que c’est fusionnel ; elles se disent avec envie : « Quel papa ! »
Si elles savaient que nous rattrapons-là quinze jours d’absence, quinze jours de doubles souffrances.
Et oui, mon Pimpin, ton papa à trop souffrir, il est devenu, comme toi : poète.
si de kidnapper ses gosses est synonime de desequilibre c est juste honteux d un journaliste quand on se retrouve dans cette logique de detresse quand on a un moment avec ses enfants on le sublime et on abuse a son tour ce qui parrait juste humain aucun journaliste ne veut mettre en avant les kes derives de la justice parceque une fois de plus avons a faire qu a des carrieristes .des reportages comme celui ci dumoins certaies phrases meritent la poubelle direct et un renvoi immediat au pole emploi.merci d avoir cite les pays qui sont pas des republiques bananieres comme notre chere france
J’ai passé par là ! La genèse en fut longue ! Accablé de mépris je voyais la séparation comme inéluctable et indispensable. La nécessité de soulager les enfants du climat délétère ! Mais mon épouse ne travaillant pas, les chiffres s’opposaient dans leur cruelle réalité. Pourtant elle a osé ! J’ai été convoqué par le juge, une femme magnifique (je vous prie de croire que m’a aidé !), et été invité à quitter le domicile conjugal au plus vite ! Noël était proche. Calomnié, je n’ai pas bronché. Contre toute espérance j’ai trouvé un logement, en France voisine. J’y ai invité femme et enfants. Elle a accepté. Mais quand je suis venu les chercher j’ai trouvé porte close. Pas un mot. Je n’ai pas vu les enfants pendant plus de quatre ans. Ce fut, paradoxalement, un soulagement ! Qu’aurai-je pu leur offrir ? J’avais tout laissé ! Avant le divorce celle qui fut, ose-je l’espérer, épouse, gérait tout l’argent. Je revois ces listings pathétiques où je notais mes dépenses. Bière, cigarettes, alimentations, transports. Le mouvement de la condition paternelle ne me fut d’aucun secours. Qu’en espérer ? Les années ont passé. Elle m’a proposé le divorce. J’ai dit oui et agi sans tarder. Malgré les lourdes pensions je vivais bien. Le chômage est venu, précédé de diminutions de salaire. Je n’ai ni rué ni bronché. Payé pour que nos enfants n’aient pas à subir de privations. Jusqu’au jour où, prime de licenciement presque épuisée, je demande révision du jugement. Le juge me dispensa de tout ! C’est alors que j’ai mesuré le bénéfice de l’humilité ! Mon homonyme Joël mentionne l’option canadienne ! Elle me plaît. Elle est proche du jugement de Salomon ! Dont le caractère impitoyable, et tranché, révèle. Peut-être pas la mère, mais celle qui aime ! Ce qui m’incite à inviter à une relecture de l’histoire du sacrifice d’Isaac ! Ceci écrit j’ai appris de celle qui m’a jeté, des faits de son enfance ! Chaque fois que j’y pense je suis secoué de sanglots ! Je vois cette enfant de dix ans moquée, bafouée et méprisée… pour rire ! Laïos, Jocaste étaient du pipi de chat en comparaison ! Ces derniers mots sont à lire en relation avec ce que j’ai écrit à propos de « la colère rentrée », en Valais.