“Lorsque le contenu de certains travaux n’avaient pas l’heur de convenir aux décideurs de la Commission, on n’en faisait pas état”
Dans son dernier article, Pierre Streit, avec raison, s'en prend violemment aux contenus et aux conclusions de certains rapports de la Commission Bergier, respectivement à la Commission Indépendante d'Experts. Etait-elle si indépendante que cela? Voire. En tout cas pas en ce qui concerne l'appartenance politique.
A mi-décembre 1996, la Suisse était l'objet de virulentes attaques en provenance d'Outre-Atlantique, quant aux achats d'or par la BNS entre 1939 et 1945, ainsi qu'à l'attitude de la Suisse envers les fugitifs civils juifs tentant de trouver asile et protection en Suisse.
Le CF avait eu l'intention de nommer le Prof. Urs Altermatt, historien fribourgeois PDC, comme Président de la future commission, mais y avait renoncé à la suite du Niet de Mme la Conseillère Fédérale Ruth Dreifuss, du PS.
C'est ainsi que l'on eut recours au Prof Jean-François Bergier, médiéviste et enseignant d'histoire à l'Ecole Polytechnique Fédérale à Zurich. C'était un personnage intègre, mais novice en histoire contemporaine, assorti d'un pacifisme inapte à tenir tête aux meneurs de jeu de la CIE, qu'ils en fussent membres ou collaborateurs.
Puis, ignorant qui pourrait bien faire partie de cette commission, Le CF s'était adressé à un personnage bien connu, le Dr Christoph Graf, le directeur des Archives Fédérales, notoirement de gauche.Furent suggérés puis élus des personnages tels que Jakob Tanner, Jacques Picard (dont l'appartenance juive est peut-être problématique du fait que sa mère ne l'était pas, cette appartenance se transmettant ex vagina), mais que le CF avait considéré comme représentant de la diaspora juive en Suisse, Saül Friedländer, tous trois de gauche, ainsi que le Prof Georg Kreis aux vues floues. Ce sont ces personnages qui choisirent ensuite leurs proches collaborateurs majoritairement gauchisants. Il en résulta "un machin" où défilèrent une cinquantaine de personnes dont une dizaine d'étrangers.
Et lorsque le contenu de certains travaux n'avaient pas l'heur de convenir aux décideurs de la Commission, on n'en faisait pas état. Deux exemples majeurs sont à relever: Le rapport intermédiaire sur l'or élaboré par Michel Fior, un élève du Prof Marguerat, fut rejeté.
Le second exemple consiste dans les deux rapports successifs sur la politique de la Suisse face aux fugitifs civils se présentant à sa frontière dès juillet 1942, lorsque les rafles, effectuées par les gendarmeries des pays occupées débutèrent. Un premier rapport, intermédiaire celui-là , exigé par le CF en décembre 1996, sortit de presse en janvier 2001. Il contenait de grossières erreurs, notamment de fausses accusations envers le cpl Demierre, un des organes de l'Arrondissement territorial de Genève, appartenant également au SR du col Roger Masson. Des protestations motivées furent adressées par un groupe de citoyens juifs néerlandais tant au DFAE qu'à la Commission Bergier. Les deux frères Wolff, M. Hecht entre autres avaient été engagés par le SR suisse à l'intervention de Demierre. Hébergés à son domicile, ils effectuaient des missions secrètes en territoire occupé dont profitaient le SR suisse, de même que la MI5 britannique et l'OSS des Etats-Unis.
Alors même que je me trouvais hospitalisé, le DFAE et la CIE m'ont demandé de prendre contact avec M. Willem Wolff à Amsterdam. Le surlendemain il me rend visite à l'hôpital. Je transmets ensuite une demande motivée d'une vingtaine de modifications à apporter à ce rapport. Cette demande, datée du 17.04.2001, adressée à la Commission, avec bordereau des justificatifs joints, est également envoyée en copie au Prof Georg Kreis ainsi qu'à Mmes. Bettina Zeugin et Michèle Fleury.
J’ai déjà signalé dans mon dernier article du 5 février 2013 « La Suisse et les crimes nazis: Réflexions sur un massacre intellectuel » la réponse en date du 16 mai 2001 de Jean-François Bergier, Président de la Commission, m'adresse la lettre suivante:
« Pardonnez-moi de venir si tard vous remercier des documents concernant le cpl Demierre que vous avez adressés récemment à la Commission. Nous en ferons bon usage dans la version remaniée du rapport sur les réfugiés qui sortira en automne (mais en allemand seulement).
Recevez, cher Monsieur, l'expression de mes sentiments bien cordiaux.
sig: votre JeanFrançois Bergier
Ces trois documents sont reproduits aux pages 35-37 en fac-similé dans mon ouvrage "La frontière jurassienne au quotidien, 1939-1945", paru aux Ed. Slatkine en 2010.
En conséquence, seul le lectorat germanophone a eu connaissance des erreurs crasses contenues dans le rapport intermédiaire sur les réfugiés, alors que les pires critiques envers la Suisse des années 1939-1945 émanent des lectorats francophone et anglophone.
Henry Spira
Et vous, qu'en pensez vous ?