Toutes ces années d'efforts et de pression pour rien, les prévisions se vérifient, l'Union politique va le céder à l'Union monétaire, basée sur l'hinterland des dernières nations à tenir encore le choc de la monnaie unique. Un axe franco-allemand, sans doute flanqué de l'Italie, peut-être de l'Espagne, mais vraisemblablement sans l'Angleterre, ajouté d'une citoyenneté de seconde zone, les pays de l'est et ceux de l' "Union méditerranéenne", sorte de réserve de bas salaires pour continuer la compétitivité de la grande forteresse d'argent.

Mario Monti vient en effet de donner le signal qui a fait basculer tant d'empires, celui de la fin de la contrainte: « L'UE n'a pas besoin d'Européens qui n'en veulent pas ». Gageons que, quelques socialistes et radicaux suisses mis à part, beaucoup ne se le feront pas dire deux fois et profiteront de l'aubaine pour retrouver leur liberté en passant le pas de la démocratie, comme tant d'autres, en leur temps, les barbelés de la Hongrie. Le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé hier la tenue prochaine d'un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne.

Ce n'est pas sans une certaine amertume que Mario Monti a alors demandé à ce que les « référendums soient organisés sur des questions claires comme le maintien ou non dans l'UE, et non sur des traités », persuadé qu'il est de l'attachement des européens pour une idée fausse et qui les a plongés dans une crise sans précédent.

Cette ingénuité idéologique n'est pas sans rappeler le dépit d'un autre grand sincère, Fidel Castro, qui, en 1980, après avoir, par boutade, retiré les gardes armés devant l'ambassade du Pérou et vu, forcément, des milliers de Cubains affluer en masse, déclara que « s'ils ne veulent pas s'adapter à l'esprit de la révolution, nous ne voulons pas d'eux, nous n'avons pas besoin d'eux » (ici et ici dès 14:20). La frontière s'ouvrit pour quelques-uns, puis la nasse se referma.