La réalité dépasse à nouveau la fiction :
Le Conseiller d’état genevois, M. Pierre Maudet, s’est enfin décidé à prendre le taureau par les cornes et a entrepris une vaste offensive, notamment médiatique, afin de définitivement endiguer l’endémie de cambriolages ravageant villas, bureaux, commerces et appartements du Canton de Genève.
Et il n’a pas lésiné sur les moyens : En effet, de coûteuses affiches, savamment placardées, encouragent les citoyens et/ ou habitants dudit Canton à fermer leurs portes, fenêtres et à avertir leur voisins en cas d’absence.
A l’évidence, des mesures aussi radicales sauront dissuader le plus endurci des Géorgiens ou autre cambrioleur de profession !
Ne riez pas, comme le disait Coluche, ‘C’est avec votre pognon… !’
Dans un état qui ne tolère plus aucune violence légitime, il faudra bien que l’on se contente de sages conseils, tant il est évident que les termes de ‘répression, sanction, ordre’ et surtout de ‘légitime défense’ ne peuvent être invoqués qu’à voix basse, car blasphématoires et contraires aux nouvelles valeurs morales de la République.
C’est ainsi que la pratique assidue du déni systématique nous a ouvert toutes grandes les portes de la situation que nous vivons aujourd’hui, notamment en matière de sécurité et de salubrité.
Notre société, par nature matérialiste, injuste et inégalitaire, ne peut produire qu’une criminalité ‘expliquée’ par ce ‘péché premier’ et il convient de d’abord s’intéresser au sort de l’auteur du délit, afin de s’assurer qu’il bénéficie bien de la meilleure défense possible, avant de s’intéresser au sort de la ou des victimes.
Et dire qu’il y a des esprits chagrins qui osent proclamer que ‘la peur doit changer de camp’ !
Quoi ? Faire régner la terreur ? L’état avancé de notre bonne conscience collective s’y refuse, catégoriquement !
S’intéresser d’abord aux victimes ? C’est méconnaître les causes profondes du crime.
C’est le Verbe contre la Kalach’, et cela doit suffire !
Rideau !
Car comment écrire le deuxième acte de l’Histoire avec pareille logique ?
Afin de n’être plus pessimiste que nécessaire en ce début d’année, il apparaît néanmoins comme ‘possible’, sans vouloir forcer la métaphore, qu’en appliquant ces principes, le ‘méchant’ finira par l’emporter sur le ‘gentil’.
Est-ce à dire que nos forces de Police et nos Citoyens doivent enfin pouvoir opposer, de manière décomplexée, une force légitime à une force illégitime ?
Je n’ose le murmurer, encore moins le conseiller.
Est-ce à dire que nos forces de Police et nos Citoyens se doivent d’être réellement dissuasifs afin que la peur ‘change de camp’ ?
Je n’ose l’espérer.
Est-ce à dire que nos Tribunaux répressifs se doivent de l’être véritablement et prendre en compte d’avantage la situation des victimes ?
Je n’ose le proclamer, mais tout cela pourrait bien ressembler à un début de sagesse.
Il y a cependant un autre domaine où le déni du réel étatique est pratiqué avec beaucoup de rigueur ; c’est celui de la gestion du risque.
C’est terminé, notre société n’en veut plus.
Et c’est tant pis pour nos libertés.
Car en chassant sur le terrain des risques, l’Etat braconne sur celui de nos libertés.
A n’en pas douter, tout nouveau crime commis à l’aide d’une arme entraînera inévitablement un premier réflexe d’interdiction.
Or l’auteur reste bien évidemment l’Homme et non pas l’arme.
Supprimer les armes en espérant agir sur le crime restera un leurre.
N’est-il pas vrai, à l’absurde, qu’en suivant le funeste principe de précaution, il faudrait interdire le port du pénis car susceptible de viol?
A quand une vitesse limitée à 15 km/h en milieu urbain ?
Nous le savons tous, en matière de crime, l’imagination de l’Homme est féconde et la suppression de quelques moyens de le commettre ne changera rien à l’affaire.
Dans un tout autre domaine, il aura suffit d’un malheureux accident d’ascenseur pour gaîner toutes les installations du Canton (coût ?).
Un personne tombe d’un immeuble et une nouvelle législation (coûteuse) viendra à nouveau tenter de supprimer l’idée insupportable qu’un risque puisse persister, de quelque nature que ce soit.
Un chien défigure un enfant, et c’est bien évidemment un drame, et une quinzaine de races se retrouvent interdites.
Agir sur le risque, savoir le mode d’élevage, l’éducation du couple maître/ chien n’est pas suffisant. Le but est la suppression de tout risque potentiel, considéré comme maléfique et indigne de l’idée de ce à quoi notre société ‘avancée’ doit ressembler.
Ainsi se profile une nouvelle idéologie de salut terrestre : Une société avec des libertés de plus en plus réduites, mais sans risque et sans violence légitime. Et nos élus se portent fort de pouvoir réaliser ce paradis sur terre.
Ils nous l’ont promis.
Ronald Zacharias
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