Tu as le droit de faire tout ce que tu veux dès lors que tu peux te racheter avec de l’argent.
L'école obligatoire genevoise est à tel point dégradée, elle est si peu capable de faire respecter les règles élémentaires, qu'elle a mis sur pied, à l'école primaire de la Gradelle, un système qui évite à l'élève les reproches et les blâmes, qui évite de mettre en œuvre l'autorité de l'institution lors de comportements coupables. Il s'agit en fait, selon la Tribune de Genève, d'un système de factures : les élèves reçoivent de l'argent fictif qu'ils dépensent pour payer leur indiscipline.
La directrice de l'école de Chêne-Bougeries, qui a approuvé les stupidités canadiennes en la matière, (il faut bien justifier la présence inutile des directeurs du primaire à Genève) prétend que les élèves aiment ça. Ben voyons ! Evacuer par facture les problèmes que de jeunes élèves créent en classe, c'est se défausser sur un système allogène de ce qui ressortit proprement au système éducatif, du style « on peut faire n'importe quoi du moment que l'on paie pour se racheter ». Et, qui plus est, cela ne coûte rien puisqu'on leur procure gratuitement cet argent fictif. Cette éducation est catastrophique, elle montre l'incompétence de ceux qui la soutiennent, parce qu'elle évacue toute responsabilisation individuelle : je paie avec ce qui ne m'a rien coûté. C'est démissionner. Mais faut-il s'étonner de ce délire ? Des décennies de capitulation, des décennies d'élève au centre, des décennies de théories pédagogos et de laxisme institutionnalisé, de dénigrement de toute autorité, ont conduit bien des établissements dans l'impasse. Dans ce contexte aberrant, tout ce qui peut redonner un semblant de tenue à l'école apparaît à plus d'un comme souhaitable. Dans l'urgence, tout est bon. Tout ? Evidemment pas. Ce qui fait grandir l'élève c'est ce qu'il apprend pas à pas dans des limites, des interdits. Dans ce contexte, il a des devoirs envers les autres lorsqu'il agit : répondre de ce qu'on fait, c'est cela même la responsabilité. Or un des buts de notre école est justement de former à la responsabilité et à l'autonomie.
Au fond, le message pour l'élève est très exactement le suivant :
- Tu as le droit de faire tout ce que tu veux dès lors que tu peux te racheter avec de l'argent.
- Or ce que tu dois payer pour te racheter ne te coûte rien puisqu'on te donne cet argent.
- Donc, on t'apprend l'impunité.
On peut, tout naturellement, se demander si tel élève ayant éclusé tout son avoir et afin d'éviter la convocation de ses parents peut emprunter des sommes à un camarade moins turbulent, et à quel taux cet emprunt pourra se conclure.
L'école genevoise, fort curieusement, est un employeur qui paie tous les mois des maîtres pour effectuer un travail qu'elle s'ingénie par ailleurs à les empêcher de faire. Ce doit être assez unique dans les annales d'un canton !
Jean Romain
En marge de ce sujet j’aimerais vous signaler un fait que vous avez sans doute remarquer. sans pourtsnt y prendre garde. Un glissement de sens noyé dans des flots d’informations. Voici donc! Depuis quelque temps un novlangue, dont on ne sais pas l’origine, nous inflige des “destructions” d’emplois. Ce que je subodorais alors est advenu! Le président normal a affirmé qu’il faut détruire les rebelles (du Mali). Voyez-vous, glacés d’effroi, ce que ces mots impliquent?
Ouais… j’imagine les élites se pavanant dans les raouts. Se congratulant entre elles. Trouvant soutien chez leurs pairs de Bruxelles et d’ailleurs. Et maintenant, ça! Qui remue le couteau dans de plaies anciennes. Je revois le directeur d’un cycle, et entends sa voix bonasse: “l’important c’est qu’il soit heureux”! C’était il y a plus de vingt ans. Hier en somme. Mes dernières années d’activités furent consacrée au métier de livreur. Ce qui m’a donné l’occasion de pénétrer dans beaucoup d’écoles. Et d’écoles privées. Et parfois dans des classes. J’ai éprouvé alors un sentiment de nostalgie. Un climat régnais dans ces écoles privées. De respect, de joie et de douceur. Presque des cathédrales! Vient-il à l’esprit de quiconque de fumer dans une église, ou d’y élever la voix? Et ce sans panneaux d’interdictions! Il y avait encore autre chose, de plus grand. Je ne percevais rien de moins que l’amour! Enseigner est un acte d’amour! Que ne suis-je Charles-Ferdinand Ramuz pour traduire ma vision! Que ne puis-je aussi montrer les photos des écoliers de Bangkok, qui traduisent mon regard. Non pas sur, mais vers eux. L’amour, qui s’étoffe de la distance. Qui ne se dilue pas en vaine paroles. Me vient à l’esprit le Cantique des cantiques. Un poème érotique? Que non! J’en retiens que les deux “amants” ne se rencontrent jamais! Mais, pour conclure, si les insensés se réclament d’amour pour justifier leur pédagogie, j’aimerai les entendre plaider.
Entièrement d’accord avec vous. Ce Système peut devenir intéressant à partir du moment où on fait venir les élèves en dehors des heures scolaires normales pour “gagner cet argent”. M’enfin bon, on appelle ça bêtement une colle quoi…