Viviane Reding a cru bon, sans doute en guise de bons vœux pour 2013, de venir faire la leçon à la Suisse en lui enjoignant « de se bouger » ! Peut-être une nouvelle fonction de la Commissaire. Elle aussi essayé avec la France, mais là la réaction a été vive et immédiate…
Viviane Reding est donc Commissaire européenne à la Justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté. Rien que cela ! Et, depuis le 10 février 2012, vice-présidente de cette même Commission européenne. Rappelons que les commissaires européens ne sont pas élus mais désignés, nommés par leur pays respectif.
Donc Viviane Reding a cru bon, sans doute en guise de bons vœux pour 2013, de venir faire la leçon à la Suisse en lui enjoignant « de se bouger » ! Peut-être une nouvelle fonction de la Commissaire. Ajoutant que la voie bilatérale n’était « plus possible ». Une telle ingérence, inacceptable, n’a cependant entraîné aucune protestation de nos autorités, contrairement à la France, à qui elle a aussi voulu faire la leçon. Mais là elle est mal tombée. Le président d’alors, N. Sarkosy, a immédiatement et vivement réagi. Il s’agissait de la politique d’expulsion des Roms adoptée par la France (il y avait alors 500 campements illégaux de Roms en France).
Suite à ces expulsions, Dame Reding s’était crue autorisée à déclarer (à la RTBF,la radio-télévision francophone belge) : « nous avons de sinistre mémoire les déportations pendant la Deuxième Guerre mondiale, alors recommencer cela. Ce serait la fin de l’Europe. Je dis non et en tant que gardienne des traités, je m’y oppose!».
Photo: N.Sarkozy protestant contre les propos de V. Reding.
En Suisse, même face à une telle accusation, personne n’aurait sans doute réagi. L'ancien président Sarkosy, en revanche, a carrément choisi un Sommet européen, celui du 16 septembre 2010, pour protester contre l’inacceptable, officiellement et fermement ; Dame Reding à dû s’excuser.
Avec la Suisse, par contre, elle doit savoir qu’elle ne prend aucun risque et qu’elle peut tout se permettre. Elle n’en a rien à faire du fait que de tels propos ne peuvent qu’hérisser la population suisse et l’amener à être encore plus critique envers cette UE-là. Elle savait sans doute qu’elle pouvait se défouler, et puisqu’elle en ressent visiblement le besoin, autant en profiter, malgré le minimum de dignité qu’exige en principe une telle fonction.
Cette attaque est surprenante pour une autre raison encore ; elle connaît très bien la Suisse. Elle vient régulièrement en Suisse depuis son enfance avec ses parents, à Crans-Montana plus précisément.
Sa famille n’a certainement jamais eu de compte dans une banque suisse, et s’il y en avait un il était évidemment déclaré. Aujourd’hui, il va de soi qu’il n’y en a plus. Mais si, par pur hasard, il y en avait encore un, elle accepterait sûrement la levée exceptionnelle du secret bancaire pour prouver sa parfaite moralité. Ne soyons pas mesquins en prolongeant cette métaphore filée.
Brièvement encore à propos de sa formule très diplomatique : « se bouger ». Peut-être est-ce un réflexe qui pourrait aussi provenir en partie du fait qu’elle a dû, elle-même, sans doute beaucoup se bouger dans une affaire, évidemment montée en épingle par quelques esprits mal intentionnés et jaloux de son immense pouvoir, même non légitimé par une élection : une banale affaire de privilège, qui ne peut qu’être inventée. Pourtant, bizarrement, elle a été relevée même par Wikipedia, qui nous rappelle qu’ « elle fut bousculée lors d'une polémique à Luxembourg concernant un passe-droit dont aurait bénéficié son aide ménagère philippine pour obtenir un titre de séjour ». Prudence : il y a bouger et bouger et il est toujours hasardeux de faire des rapprochements insuffisamment fondés.
Double morale de toute cette histoire : la Suisse se laisse encore et toujours malmener et mettre sous pression sans réagir et ceux qui nous attaquent n’ont aucune reconnaissance pour ce qu’ils nous doivent. Il est vrai qu’il ne faut jamais s’attendre à une reconnaissance de la part de ceux qui nous doivent quelque chose ; c’est presque une loi humaine.
Encore une recommandation à nos autorités : elles seraient certainement mieux respectées si elles montraient clairement, comme d’autres le font automatiquement et de manière très déterminée, qu’on ne se défoule pas impunément sur notre pays, encore moins lorsque l’on a personnellement déjà été rappelée à l’ordre.
Mais les politiciens non élus sont sans doute au-dessus de ces basses nécessités de nos démocraties parlementaires dans lesquelles ils doivent être élus et réélus et donc tenir compte de leur électorat. Du coup ils ne peuvent pas dire et se permettre n’importe quoi. Ce qui n’est peut-être pas si mal, et une raison de plus de continuer à vouloir une autre Europe que l’UE actuelle, une Europe moins arrogante, plus respectueuse des spécificités nationales et surtout réellement démocratique.
On dit toujours que la Suisse anti-européenne. Cela est totalement faux. Nous avons même de grands penseurs qui ont insisté sur la nécessité de créer une Europe politique après la dernière guerre. Mais une Europe construite avec les populations et non contre elles. Si on tenait un peu plus compte de ces projets l’UE actuelle n’aurait certainement pas une image aussi négative. Ne parlons même pas de sa monnaie ; les spéculations sur sa disparition vont bon train.
Dame Reding, du haut de son fantasme de toute-puissance, a-t-elle simplement conscience que les populations de nombreux pays sont profondément européens, mais pas forcément comme elle le voudrait ? Et qu’une UE contre les Européens n’est pas la solution.
A propos de la formule « se bouger ». Qui doit vraiment se bouger ?
A bon entendeur, salut!
Monsieur Windisch,
Si je peux partager certains propos de votre billet, d’autres en revanche m’interpellent.
Le ton et les termes de Mme Reding étaient en effet bien peu diplomatiques et ceux-ci m’ont choqué.
Toutefois prendre pour exemple N. Sarkozy pour tenter de démontrer qu’il eût fallu agir comme lui pour protester contre les propos de Mme Reding me dérange. En effet N. Sarkozy n’est vraiment pas une référence dont nous devrions nous inspirer, venant d’un homme qui a démontré à de multiples occasions tout le mépris et le peu de respect qu’il avait de la Suisse, notamment lors de la réunion du G20 à Cannes.
Autre sujet d’interpellation de ma part, lorsque vous écrivez :
” … ceux qui nous attaquent n’ont aucune reconnaissance pour ce qu’ils nous doivent. ”
Mais que nous doivent-ils ? De qui s’agit-il ici ? De l’UE, de ses membres, de ses fonctionnaires ? Qui sont donc ces “ils” ?
Et pourquoi parler ici de “reconnaissance” ? L’UE et la Suisse sont des partenaires et vous savez bien “qu’en affaires on n’a point d’amis, que des correspondants”. Je ne me souviens plus qui est l’auteur de cette phrase, mais c’est cela. Chacun défend ses intérêts, on ne se fait pas cadeau, mais en revanche on doit se respecter.
D’accord avec vous pour affirmer que la Suisse n’est pas anti-européenne, même si elle est critique à l’égard des institutions de l’UE. Il me plait aussi que vous fassiez implicitement référence à Denis de Rougemont en invoquant “de grands penseurs qui ont insisté sur la nécessité de créer une Europe politique après la dernière guerre.”
Cordialement !
…Le manque de réaction de nos politiques confirme qu’ils méprisent les citoyens Suisses… qu’ils méprisent la Suisse et ses valeurs… qu’ils méprisent notre souveraineté et notre histoire. Il est temps de réagir: les politiques, au plus haut niveau, sont la cinquième colonne… ils ont déjà abdiqué sans combattre. Nous ne voulons pas d’intégration à l’UE et la Reding nous pousse à être intransigeants et nous en acceptons les conséquences. Soyons des Suisses courageux.
Mieux vaut le Réduit national et le plan Wahlen que de rentrer dans cette dictature.
Une réaction ? De la part de notre softie aus affaires étrangères ? Oubliez.
Certes, de tels propos à l’égard de notre pays ne peuvent que susciter l’indignation, mais plutôt qu’un simple billet d’humeur, j’espérais découvrir quelque chose de plus fouillé dans votre article. Par exemple, excepté les affects patriotiques qui poussent à une vive réaction, quelles seraient les raisons stratégiques qui doivent soutenir ladite réaction? en d’autres termes, plus prosaïques, quels sont les avantages et les inconvénients d’une réaction politique officielle (=condamnation), comme d’une non réaction; ou encore quelles seraient la plus-value d’une réaction par rapport à une absence de réaction, hormis le sentiment bien compréhensible que la satisfaction de voir une personne qui a abusé de sa position être remise à sa place? Et puis, par souci de justesse, la photo fort bien choisie en tête de page a-t-elle bien été prise lors du discours cité à de nombreuses reprises dans votre texte?
salutations
Pour paraphraser un autre dictateur “socialiste” (Joseph Staline, le père des peuples chéri de maints paleo-marxistes contemporains): “L’UE, combien de divisions ?” (dans tous les sens du terme)
Viviane Reding n’est pas une exception. La Suisse est en train de devenir le punching-ball de l’Europe et pas seulement. Pourquoi aucun homme politique suisse ne prend pas position? Malheureusement la est la question et non du côté de ceux qui se permettent de nous humilier. Que faire?
Les propos de Reding sont sont absolument inacceptables et les autorités suisses devraient réfuter ces propos avec vigueur … au nom du peuple suisse qu’elles sont sensées représenter.
On en a marre des dictateurs (sans mandat du peuple qu’il représentent) et donneurs de leçons européen. La Suisse existait bien avant l’EU et son système politique a fait ses preuves bien plus longtemps que l’EU. Une EU qui ne se gène pas de rompre sa propre “constitution” quand bon lui semble, pour “sauver l’EURO”.