On voit bien reparaître cette dérive révolutionnaire suivant laquelle la nationalité idéologique l’emporte sur la nationalité patriotique: les immigrés ont des droits, les émigrés les perdent. Pourquoi ? Parce qu’ils n’approuvent pas une politique idiote dont ils sont les victimes. Ceux de 1789 sauvaient traîtreusement leur tête au lieu de l’offrir par patriotisme. Ceux d’aujourd’hui refusent de se faire tondre.
Le latin a décidément du bon. Il rappelle avec simplicité et clarté les évidences utiles. Ainsi, si l’adjectif français « droit », qui indique la rectitude et la franchise est plus positif que « gauche » qui désigne une personne « mal adroite » comme le sont nos gouvernants actuels, le mot « sinister », gauche en latin, est encore plus explicite. Il identifie ce qui est mauvais et a donné en français des synonymes de « catastrophe » et de « tristement inquiétant ».
Rien oublié rien appris
La marche suicidaire à gauche de la Révolution jusqu’à la boucherie de la Terreur a d’ailleurs été appelée le « sinistrisme », tendance lourde de notre histoire qui a vu à plusieurs reprises une gauche sectaire et vindicative diviser les Français, exclure une partie d’entre eux et conduire dans une ambiance de plus en plus sinistre, de sinistre en sinistre, la France à la catastrophe.
Notre gauche n’a pas changé: le démon de 93 la hante encore face à une « droite » qui n’a pas changé non plus, affairiste et apeurée, divisée et sans cervelle, attendant de la perdre tout à fait quand on lui aura coupé la tête. Après dix ans dont cinq de sur place et cinq d’aller-retour, la droite qui souhaiterait tellement changer de nom, qui est si heureuse d’emprunter les idées et les hommes de gauche, la droite qui a la trouille de monter au front, sauf s’il est républicain, c’est-à-dire de gauche, la droite qui a peur de son ombre, qui n’ose pas les réformes et aime tant les lois équilibrées, garantes de l’immobilité, la droite, qui affectionne les ors du pouvoir et déteste le courage de vraiment l’exercer, la droite se chamaille en famille et se tait sur la place publique. Elle est si sûre de retrouver la majorité en ne faisant rien et en laissant faire la gauche comme d’habitude. Les Palais de la République seront toujours aussi confortables dans une France appauvrie et diminuée. L’expérience le prouve.
Perseverare diabolicum
La gauche persévère. En première ligne figure son idéologie, absurde et destructrice, mais néanmoins proclamée sans complexe. Le jour même où des députés socialistes s’impatientent de ne pas voter le droit de vote des étrangers, un député du PS réclame la déchéance de la nationalité française pour les exilés fiscaux. On mesurera le degré de stupidité de ces mesures. D’une part, on va accorder la citoyenneté à des résidents qui n’auront pas fait l’effort de la demander. D’autre part, on menace de retirer la nationalité à des Français qui se seront réfugiés à l’étranger. Il faut se souvenir que la gauche s’était opposée au retrait de la nationalité d’un assassin de policier, et que cette disposition ne peut de toute façon être prise qu’à l’encontre du possesseur d’une autre nationalité.
Mais cette proposition ne s’arrête pas à ce détail. Le rapport implicite qui est établi entre l’impôt et la citoyenneté, celui-là même qui légitimait le suffrage censitaire est plutôt cocasse à gauche. Surtout, on voit bien reparaître cette dérive révolutionnaire suivant laquelle la nationalité idéologique l’emporte sur la nationalité patriotique: les immigrés ont des droits, les émigrés les perdent. Pourquoi ? Parce qu’ils n’approuvent pas une politique idiote dont ils sont les victimes. Ceux de 1789 sauvaient traîtreusement leur tête au lieu de l’offrir par patriotisme. Ceux d’aujourd’hui refusent de se faire tondre.
Partir un jour
Peut-on sérieusement reprocher aux riches, c’est-à-dire à ceux qui y ont le plus intérêt, et la plus grande facilité, de franchir la frontière ? Il faudrait plutôt dénoncer l’absence de patriotisme de ceux qui s’engraissent dans les prairies du pouvoir en menant une politique contraire aux intérêts de la Nation. Quelle valeur donner aux leçons de politiciens de gauche, mais aussi de droite, hélas, qui sont parvenus à une dépense publique de 56% du PIB, et à un endettement de 90%, qui les contraignent à un niveau de prélèvements asphyxiant, le second en Europe, et moins intelligent que le premier, fondé sur la TVA sociale ? Comment comprendre que dans le pays du luxe, celui dont c’est l’industrie la plus performante, on fasse fuir les riches plutôt que de les inviter à venir y résider sans impôt confiscatoire mais avec une TVA importante ? Comment, lorsqu’on est chef d’entreprise, accepter de payer la facture d’une grossière incompétence ?
La Justice sociale ne peut pas être fondée sur la distribution de parts plus égales et plus grosses prises sur un gâteau qui se réduit. Elle dépend d’abord de l’augmentation de celui-ci, et si les meilleures augmentent plus que les autres, l’essentiel est qu’elles augmentent toutes, et que les plus petites assurent une existence digne à ceux qui les reçoivent, si possible par leur travail, passé ou présent, et non par la générosité, avec l’argent des autres, de l’assistance socialiste. Le gouvernement vient encore d’annoncer une dépense nouvelle de 2,5 Milliards d’Euros pour lutter contre la pauvreté, et le Premier Ministre se vantait, de les financer sur les 10 Milliards d’économie. Je sais bien que l’opposition est très distraite, en ce moment, mais cette diminution des économies, comme la « cagnotte » de Jospin, ça fait, bel et bien, une dépense en plus. Le prétendu « Pacte de Compétitivité » n’est évidemment pas à la mesure de notre situation. Les prélèvements vont peser lourdement sur les classes moyennes, pas assez pauvres pour bénéficier des largesses socialistes, et pas assez riches pour échapper au matraquage fiscal. A chaque instant, qu’il se déplace, qu’il habite, qu’il se chauffe ou qu’il consomme, le Français qui travaille paiera pour celui qui est aidé, avec la multiplication des seuils et des fraudes, qui est la conséquence inéluctable d’un tel système.
Pour susciter le patriotisme, il faut un projet collectif qui fasse naître un espoir que chacun puisse s’approprier. Lorsque cet espoir ne repose que sur l’endettement à bon compte de la France, sur des mesures économiques insuffisantes, sur des propositions nocives qui divisent les Français, aucun Français ne pourra le ressentir, même pas le pauvre, qui ne verra guère sa situation s’améliorer.
Christian Vanneste
La référence à la sinistre me rappelle un passage de l’Evangile. Une histoire de Jésus. Dont il n’est nul besoin d’attestation historiques pour apprécier la validité. C’est l’histoire du Maître de la vigne qui paie en premier les derniers. En sorte que les premiers voient qu’il paie le même salaire aux derniers venus qu’aux premiers! Les syndicalistes s’engouffrent dans ce créneau porteur! Salaud de riche, tu paies le même salaire a ceux qui ont bossé deux heures qu’à ceux qui ont trimé dix heures! Ce à quoi le Maître répond:
N’avez-vous pas accepté les conditions? Et, ne suis-je pas libre de faire ce que je veux de mes richesses? Eh oui! C’est aussi cela, l’évangile! Pour conclure je cite un auteur épatant. Robert Anson Heinlein. Qui dit, dans “en terre étrangère”, qu’on est jamais en sécurité de ce côté ci de la tombe! Alors, puisqu’il faut mourir, autant mourir joyeux.
Merci Monsieur! Vos propos m’incitent a un travail! Je me propose de saisir “abondance” pour voir ses occurrences dans la Bible! Et j’aime autant vous dire tout de suite que mon regard n’est pas religieux! Au contraire! Je partage la vision d’un sage juif. Selon lequel le plus grand drame d’Israël est quand on a fait de la Thora une religion! On en a d’ailleurs fait autant avec l’Evangile! A cette différence près, et à charge, qu’un usurpateur y a droit de cité!
J’ai découvert récemment la définition de l’ineptocratie ; elle me semble très proche de ce que décrit M. Vanneste. Voir en particulier : http://sangliergris.unblog.fr/2012/12/13/lineptocratie/.
Jean Martin